Jean BRUCHÉSI :Au pays de Bernadette

Par Unpeudetao

Où la Vierge apparut, un jour, à Bernadette,
Je suis venu mettre mes doigts, mon front, mon cœur ;
Et là, j’ai dit les mots très doux, ceux qu’on répète
À l’âge où l’on n’a pas rencontré la Douleur.

Puis, j’ai collé ma lèvre au roc de Massabielle,
Avec les noms de ceux que j’ai toujours aimés.
J’ai demandé pitié pour celui qui chancelle,
Et j’ai laissé pour moi trois cierges allumés.

Le premier, c’est ma foi, droite comme une lance
Qui porte tout au bout mon fanion claquant..
Un cierge encor, plus lumineux : c’est l’espérance ;
L’autre : la charité qui brûle au cœur ardent !

Pour que rien ne se perde au secret de mon âme,
J’ai dit : « Vierge de Lourde, étends sur eux tes mains ;
« Empêche que le vent ne souffle sur leur flamme.
« Car je ne pourrais plus marcher par les chemins. »

Enfin, j’ai salué la blanche basilique
Où le couchant jetait des teintes de vermeil ;
Et, devant moi, j’ai vu, dans sa splendeur magique,
Le gave qui roulait des éclats de soleil !

Jean BRUCHÉSI (1901-1979), poète québécois.

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