C'est un ensemble de textes brefs organisés en chapitres, narrant des histoires à peine esquissées, présentant des personnages à peine décrits. En général, on n'a pas ou peu d'informations sur leur passé, sur leur devenir, juste leur présent, saisi dans son déroulement.
Pas de grand coup de projecteur donc, simplement la douce lumière de la poésie, au travers de laquelle le lecteur doit percevoir ou deviner les contours du récit. Le texte mis en exergue au début du livre avertit d'ailleurs le lecteur : il ne faut pas s'attendre à des histoires développées, des trames comme on en trouve habituellement.
"Bien sûr, j'aurais, moi aussi, aimé écrire une histoire sereine avec un début et une fin. Mais tu sais bien qu'il n'en est pas ainsi. Les vies s'entremêlent, les gens s'apprivoisent puis se quittent, les destins se perdent."
Le choix de l'auteur, c'est de montrer des situations, souvent malheureuses, vécues universellement, et inviter à les combattre, à les surmonter : "Ta force surgira de tes faiblesses éparses et, de ton humanité commune, tu combattras les tares érigées en édifices royaux sur les dunes du silence."
Quelques exemples : une femme qui entretient une liaison avec un homme marié et qui ne supporte plus cette situation, mais le jour où ils se retrouvent une dernière fois pour rompre, ce jour-là, l'épouse légitime les surprend ; une jeune fille qui n'est pas prête à assumer une grossesse et qui décide d'avorter, fût-ce dans les pires conditions ; des artistes qui peinent à exercer leur talentà cause de la censure ; des mendiants qui se disputent un territoire ; un jeune qui voit sa bien-aimée partir, rongée par la maladie et qui veut l'aimer une dernièrefois...
En terre africaine comme en Occident, ou ailleurs dans le monde, les souffrances ébranlent autant, et l'on doit se raccrocher à l'espoir...
Véronique Tadjo, A Vol d'oiseau, L'Harmattan, 1992, 96 pages.