Le 19/06 à 20h 50 sur la chaîne DIRECT 8 : « ILS SONT REVENUS DE L’AU-DELA.

Par Ananda

Etrange documentaire que celui-ci.

Il nous présente des gens comme vous et moi, Jean, Cathy, Nicole, Virgile. Citoyens français  tout à fait ordinaires, ces derniers ont pour autre point commun d’être tous, un jour, « tombé dans un coma très profond ». Qui à la faveur d’un grave accident de la route (« une voiture m’a prise de plein fouet à droite »), qui d’un accident vasculaire cérébral (« Tu es train de faire un AVC… »), « ils ont basculé de l’autre côté » et ce qu’ils ont à nous relater est proprement hallucinant. Tous prétendent, lors de ces gravissimes évènements, avoir expérimenté ce qu’ils appellent « un sentiment de quitter son corps » !

Mais le plus inimaginable est qu’ils sont loin d’être les seuls. « Des milliers » de gens de par le monde se sont signalés comme ayant vécu cette expérience peu banale.

« Délire collectif ? ». « Quelle est, à cet égard, la position des médecins et des scientifiques ? ». Voilà ce que se propose d’élucider cette émission.

Nous écoutons tout d’abord attentivement Nicole DRON. Il y a quarante ans déjà, à l’âge de vingt six ans, les séquelles d’un accouchement trop difficile l’ont amenée à se retrouver au bloc opératoire. Juste après que son cœur se soit arrêté de battre, elle s’est, selon ses dires, « trouvée au plafond », dotée de la possibilité extraordinaire de voir « de tous les côtés à la fois » et réalisant tout à coup qu’elle pouvait « vivre au-delà de [son] corps ».

Ce qu’elle a vécu porte un nom : cela s’appelle une NDE (NEAR DEATH EXPERIENCE, en français « EXPERIENCE DE MORT IMMINENTE »).

Désignées sous le terme d’ « EXPERIENCEURS », les personnes concernées par ce phénomène « seraient de plus en plus nombreuses ».

Mais comment définir la mort ?

Eh bien, pour le Dr Jean-Jacques CHARBONNIER, qui exerce à TOULOUSE (France), nous apprenons que ce n’est –aux yeux des médecins même – pas aussi évident qu’on serait tenté de le croire : « la mort, nous confie-t-il, c’est très difficile d’en donner une définition ». Autrefois, en effet, la mort était synonyme d’arrêt du cœur. Or, ce n’est plus du tout le cas aujourd’hui où l’on « réanime des cœurs » ayant cessé de battre avec facilité grâce à des machines dispensatrices de chocs électriques. De ce fait, la définition de l’état de mort clinique a changé, assimilant désormais celui-ci à  «  l’arrêt cérébral », à l’ « électroencéphalogramme plat ».

A l’ère où « on peut ramener certains patients de la mort à la vie », le nombre d’expériences dites NDE est en nette progression et il y a gros à parier que ce phénomène ira croissant. De nos jours, on en signale désormais rien moins que « trois récits par semaine ». Pour ceux qui aiment les statistiques, le nombre reconnu d’expériences est, à l’heure actuelle en Europe de « vingt millions », tandis qu’aux Etats-Unis, il s’élève à « douze millions ».

La connaissance du phénomène des expériences aux confins de la vie, nous la devons (même si ce genre de récit a toujours existé) aux « remarquables recherches » menées voici quarante ans par le psychiatre américain Raymond MOODY qui, le premier, les étudia. Cet authentique « pionnier » a eu l’occasion d’écouter des « récits en provenance du monde entier » et, pour lui, il est hors de doute qu’ils sont « crédibles » et qu’ils constituent la preuve que des gens en état de mort clinique continuent à vivre. Tous les gens qu’il a questionnés, eux aussi, font état d’une « sensation de quitter le corps », à laquelle ils adjoignent un « défilé de la vie » et la traversée d’un « tunnel ».

Publié en septembre 1974, l’ouvrage qu’a consacré le Dr Moody à ces cas,  La vie après la vie, a suscité, sur le coup, un « engouement populaire planétaire » de par son caractère bien évidemment insolite et « passionnant » mais aussi parce que « beaucoup de gens » ont pu s’y reconnaitre. Ce livre, ainsi, a « libéré la parole » des expérienceurs, que l’on prenait jusqu’ici pour des cas de maladie mentale et qui, par conséquent, n’osaient pas vraiment s’exprimer et se sentaient « très seuls ».

L’état NDE que décrit le Dr Moody dans son ouvrage passe invariablement par plusieurs étapes, dont l’une des plus flagrantes, comme nous l’avons déjà vu, est la « DECORPORATION ». Un des témoins français sollicités par l’émission, Michelle, la décrit comme suit : « je voyais tout à 360 degrés ». Virgile, pour sa part, bien que se trouvant au moment des faits dans un état de coma profond, raconte  « j’observais la personne qui était par terre [à savoir lui-même, son propre corps] et les pompiers, et la police » tout en apparentant la situation étrange qu’il vivait alors à une « lévitation ».

« On entend tout », renchérit encore, estomaquée, une autre personne.

« Oui…je les entendais parler…J’avais envie de leur répondre ».

Ces incroyables témoignages, on s’en doute, divisent les scientifiques : il y a ceux qui sont enclins à se pencher sur le phénomène et puis, bien sûr, les sceptiques.

En 1991, Pamela REYNOLDS a été victime d’un « anévrisme artériel », à la suite duquel, au cours d’une opération, elle fut plongée dans « un état passager de mort clinique ». Or, elle se souvient parfaitement que pendant toute la plage temporelle correspondant à cet état, elle était encore consciente. A preuve… elle est capable de décrire avec un luxe de détails la conversation qui s’est déroulée entre le cardiologue et le chirurgien qui officiaient sur sa personne, de même qu’elle fournit à ceux qui l’interrogent une description scrupuleusement exacte des « outils chirurgicaux » qu’elle a eu l’occasion de « voir ». Troublant, non ?

La conscience continuerait-elle à exister, à percevoir avec « autre chose que le cerveau » ?

Un tel mystère n’est pas sans intriguer certains scientifiques qui, désormais, « cherchent à comprendre, à expliquer » ce qui, a priori, parait être de l’ordre de l’impossible, de l’inconcevable.

Le docteur SABOM, par exemple, s’intéresse de près à la question, au point même s’en faire un « sujet de recherche » on ne peut plus « sérieux ». Pourquoi et comment les personnes qui ont été reconnues comme « expérienceurs » réussissent-elles à percevoir et à mémoriser ce qu’elles perçoivent en de pareils moments ?

Prenons d’abord le cas du phénomène de décorporation. Le Dr BLANKE, de GENEVE, a démontré qu’elle était, chez les gens normaux, vivants, tout à fait possible en la provoquant à plusieurs reprises chez « des sujets en bonne santé » par simple application d’un « petit courant électrique pendant deux secondes » ; les sensations que ses « cobayes » ont décrites ressemblent à s’y méprendre aux troublants récits des expérienceurs de NDE : « le Moi était en élévation au plafond, regardant vers le bas », ce qui pourrait, selon le scientifique, s’interpréter comme un « trouble de l’intégration des informations corporelles ». Mais son interprétation s’arrête là, car il n’en sait pas plus…

En 2001 et en HOLLANDE, un autre savant respecté, Pym VAN LOMEL, publie dans la très sérieuse revue scientifique anglaise The Lancet, mondialement connue, un article dans lequel il affirme que « la conscience n’est pas locale », et qu’il existerait, partant, « une conscience hypertrophiée » et indépendante du coeur et du cerveau, donc à même de leur survivre. Cette conscience serait indépendante du corps justement parce que « non localisée ». Le cerveau, pour sa part, ne serait qu’un « récepteur » de cette conscience. N’est-ce pas fou ?

Et si la conscience se délocalisait au moment de la mort ?

C’est ce que tentent de savoir deux médecins de NEW YORK, les docteurs FENWICK et PARNIA, qui, au cours de leurs tests et de leurs expériences, cachent des messages en hauteur dans des blocs opératoires et autres salles d’hôpitaux. En France, le Dr Jean-Pierre POSTEL, de SARLAT (Dordogne) poursuit un peu le même type de démarche. Ayant constaté que les états NDE se produisaient le plus fréquemment « en cas d’arrêt cardiaque », donc « aux urgences ou au bloc opératoire », il a eu l’idée de placer, en différents endroits stratégiques de ces lieux bien particuliers, des « cibles » constituées d’affichettes décorées d’ « éléments graphiques » sur leur revers. Pourquoi sur leur revers ? Parce que, explique-t-il, ces sujets [les expérienceurs] possèdent également l’extraordinaire faculté de « voir à travers les objets ». Hélas, pour l’instant ce protocole n’a débouché sur aucun résultat. Tout bien pesé, peut-être y-a-t-il, à ce fait décevant, quelque explication : « comment les gens peuvent-ils penser, sur le moment, à regarder les cibles ? » soulève, à juste titre, le médecin qui, dans la foulée, se demande si, en définitive, on ne serait pas là « dans un type d’expérience où il est peut-être difficile de trouver des preuves ».

Compte tenu de cela, peut-être est-il aussi bien de s’en tenir, du moins pour le moment, aux seuls récits de NDE dont a la chance de disposer, récits qui, par ailleurs, « varient selon la durée du coma ».

Ecoutons les expérienceurs…

Jean MORZEL (dont l’expérience remonte à 1949) : « je me suis retrouvé en haut de la pièce en train de regarder une opération. J’avais envie de monter, je montais ; de descendre, je descendais […] ; j’ai traversé le mur ».

Cathy CAVALLERO, dont l’expérience a eu lieu en l’an 2000 lors d’un coma consécutif à un AVC, confirme avec force la sensation que « l’esprit s’est détaché de l’enveloppe corporelle » : « [dans ce moment-là], on est partout ; on remplit l’espace ». Puis elle ajoute aussitôt : « on est complètement dispersé ».

D’autres témoignages du même ordre (et non moins inouïs) viennent à la rescousse, et résonnent à notre oreille : « j’étais dans la pensée des gens ; j’entendais les paroles des gens avant qu’ils les prononcent » ; « on sait tout, tout nous traverse » au point de disposer de « la connaissance totale, la science infuse », d’avoir la merveilleuse « sensation d’être allé à la source », d’avoir, en quelque sorte, fusionné avec l’Un, un peu comme dans l’expérience samadhique obtenue par et dans le yoga. Une expérience très forte, marquée par un sentiment de pleine existence ne pouvant prêter le flanc à la mise en doute : « et pourtant, ça existait ! » s’exclame, avec vigueur, l’un de nos témoins.

Mais, comme nous l’avons déjà vu, cela ne s’arrête pas là.

Après la décorporation se profile le « mystérieux TUNNEL » : « je suis rentrée dans un tunnel qui montait légèrement… ». Egalement sous l’effet d’un coma profond, Matthieu MEYER nous gratifie de la description d’ « un tunnel vraiment cylindrique aux parois couvertes de pavés polis et un peu humides » qui se signalaient par leur brillance et tout au bout duquel « il y avait une LUMIERE extrêmement BLANCHE, mais qui n’éblouissait pas ». Faisant aussi allusion à cette fameuse « lumière », d’autres insistent sur son caractère « attirant » et « très fort ». A les écouter, elle était « d’un blanc vraiment luminescent, pas du tout aveuglante, mais rassurante ». Il s’agissait d’un « halo lumineux » qui faisait presque figure de « guide ». Certains vont jusqu’à préciser : « j’ai été aspirée à toute vitesse et je suis rentrée dans cette lumière…et cette lumière m’aimait ! ».

Vous avez bien entendu : ce qu’on prononce là, c’est le mot « amour » : « l’amour que l’on ressent [dans de telles circonstances], c’est un état, pas un sentiment ». D’autres préfèrent mentionner, à ce propos, une « plénitude », une « sérénité » doublée d’une « liberté » qui vous fait expérimenter « le bonheur le plus absolu ». Et tout ça dans et par cette sorte de « lumière halogène » avec laquelle, selon certains, on entretient un « dialogue télépathique » !

Mais il y a encore un « après », car à la « lumière » succède parfois, d’après nombre de personnes, « un paysage super-beau, serein, calme », un endroit réellement « extraordinaire » : certains décrivent « quelque chose d’immense, de la taille de la terre entière », avec « des murs et une lumière cette fois mauve foncé, scintillante, tamisée ».

D’autres encore font allusion à « un très beau jardin magnifié » ou à « une magnifique étendue d’herbes sauvages », en tout cas à « un espace », à moins que ce ne soit plutôt « une membrane translucide, vivante, pulsatile », un « no man’s land temporel » où « les sons devenaient couleurs ».

Ces descriptions, nous fait-on remarquer, sont très poétiques et rappellent furieusement ce que représentent certaines toiles du peintre Jérôme BOSCH. Mais sans doute font-elles partie de notre inconscient collectif. Car ce qui apparait aussi comme passablement frappant en elles, c’est qu’elles « dépassent les clivages religieux et socio-culturels », de même, d’ailleurs, que les clivages liés à l’âge.

A SEATTLE (USA), le Dr MORSE s’est intéressé à des NDE qui avaient pour particularité d’avoir été vécues par des « enfants très jeunes ». En les faisant, cette fois, dessiner ce qu’ils racontaient avoir « vu », on a eu la surprise de s’apercevoir qu’on retrouvait dans leurs dessins exactement les mêmes descriptions que celles que leurs homologues adultes exprimaient par le biais du langage : un tunnel, une sensation de décorporation, par exemple. Une petite fille prétend en outre avoir pu revoir sa grand-mère décédée. Or, les enfants de cet âge sont « absolument sincères » et spontanés ; ils ne sont pas influencés comme on pourrait soupçonner les adultes de l’être.

Aucun enfant ne signale en ravanche être passé par une autre étape importante et fréquemment liée aux états NDE : celle de la « REVUE DE LA VIE ». Pour ce qui est de cette dernière, les personnes concernées, à tout coup des adultes, la décrivent souvent comme se manifestant « sous forme de bulles, d’images superposées ». Nous entendons l’une d’elles expliciter : « j’ai revécu ma vie à l’envers » et ce « tout en étant deux personnes » ; « je me regardais [ce faisant] comme si j’étais quelqu’un d’autre ».

Un autre phénomène n’est pas non plus rare en cas de NDE : les RENCONTRES AVEC DES DEFUNTS AIMES, liés à la personne concernée par « un lien émotionnel très fort ». Là encore, écoutons…

« J’ai distingué des silhouettes…Ces gens me connaissaient parfaitement ; je n’avais aucun mystère pour eux » ; « Ces silhouettes m’attendaient ; elles allaient m’accueillir » ; « un personnage est apparu. J’ai reconnu Claudie, une de mes tantes, qui s’était suicidée. Elle est entrée en contact avec moi ».

Les témoins se souviennent également d’un autre moment décisif : le moment du DEMI-TOUR, qui enclenche le retour vers l’univers de la vie charnelle, temporelle. L’un confie : « j’ai « entendu » une voix féminine qui m’a dit « on te veut pas», mais pas méchamment » ; un autre prétend avoir vu sa tombe, cependant qu’on lui demandait si son souhait était de « rester ou de revenir ». Un troisième d’avouer : « ça m’a déchiré le cœur de faire demi-tour » et un quatrième commente : « c’est vraiment une décision de revenir en arrière pour rejoindre ceux que j’abandonne ». Certaines gens vont même jusqu’à revenir de la mort furieux contre les médecins, qui « sont allé les chercher ». Pourtant, ils ont vécu leur retour dans leur corps de la manière la plus naturelle du monde : « j’ai réépousé ce corps comme une main épouse un gant », ou encore comme quelqu’un qui, simplement, passerait « une combinaison ». C’est alors que la sensation étrange et grandiose d’être « moi et tout » s’éloigne, puis s’estompe.

Mais le REVEIL est sans doute la phase la plus problématique, la plus ingrate de l’expérience : « qu’est-ce que je vais faire de cette expérience ? » et, d’abord, « qui va me croire ? » deviennent, pour l’intéressé, d’obsédantes questions.

Comme c’était à prévoir, les expérienceurs sont « confrontés à l’incompréhension de leurs proches ». A tel point même que cela s’est soldé, en certaines occasions (pas rares du tout) par de véritables « cauchemars » avec, à la clé, des internements en hôpital psychiatrique. Raison pour laquelle, d’ailleurs, avant le livre de Moody, « les gens se taisaient » purement et simplement. Comment ne pas comprendre leur réticence, leur terreur de se voir coller l’étiquette de malade mental, leur sensation dérangeante voire angoissante de « décalage » qui les isolait du reste du monde ?

Nos témoins le confirment amplement : « je n’ai pas pu parler tout de suite » ; « je me suis tue pendant un certain temps ». Et pour cause : ils se trouvaient aussi « sans mots pour décrire leur expérience » qui, par bien des aspects, présentait des similitudes avec le fait de « se réveiller d’un rêve, le matin ».

On peut aisément imaginer le bouleversement existentiel qu’une telle aventure peut déclencher, chez n’importe qui. Maintenant qu’on en sait plus, que les médecins prennent davantage en compte ce phénomène hors norme, ils n’hésitent pas à évoquer, dans ces cas, la notion de « risques post-traumatiques » potentiellement générateurs de « psychoses, de névroses, de marginalisation ». C’est ainsi que le Dr Postel s’est mis à recevoir régulièrement des expérienceurs, dans une optique, non de psychiatrisation, mais de reconnaissance pleine et entière de ce qu’ils ont vécu. « Mon but, c’est d’aider des gens en stress post-traumatique menacés par des pathologies », reconnait-il.

Car cette « démarche d’accueil et d’écoute » s’avère à présent indispensable. Pourquoi ? Parce que, répétons-le, ces expériences sont « déstabilisantes », bouleversantes et « pas faciles à raconter ». Désormais, outre des praticiens qui, tel le Dr Postel, se consacrent à cette délicate et « toute nouvelle » approche, on compte une ASSOCIATION américaine dédiée à cette cause, nommée YANZ, dont le siège français se trouve à ORAISON.

Véronique témoigne : « on se heurte au réveil à quelque chose de très, très lourd », un « quelque chose » qui lui a valu de se cantonner « trente ans » dans le « silence ». La raison qu’elle donne ? « Ça m’a glacée ; j’ai tout ravalé ». Et là nous touchons à ce qui est un authentique paradoxe : « ils gardent ça comme quelque chose de honteux, alors qu’ils le vivent comme magnifique ».

A GENEVE, des scientifiques suisses ont, en 1999, créé le CENTRE NOESIS, qui reçoit les anciens expérienceurs et les intègre à des « groupes de parole » où ils peuvent enfin s’exprimer tout en rencontrant leurs pareils. Ce centre se veut un lieu de partage « dans le respect de l’anonymat ». Car un constat s’impose : « le fait d’être écouté libère terriblement ».

Les NDE dont nous avons jusqu’à présent entendu le récit se caractérisaient par un sentiment de libération de nature quasi extatique. N’allez pas croire pour autant que les expériences de ce type soient toutes aussi positives. Car ce serait ignorer que (certes, le fait est beaucoup moins connu) « dans 4 à 5% » des cas recensés, ce genre d’aventure se conclue, au contraire, par de très mauvais souvenirs, des souvenirs qui  sont assez déplaisants pour faire carrément  déclarer aux individus qui en sont passé par là « j’ai vu l’enfer ! »

Quid de ces « NDE infernales » ?

Elles prennent la forme d’une « descente dans des ténèbres où il fait très chaud » et où l’on est confronté à des « présences démoniaques ». Mais elles peuvent aussi se traduire par des visions totalement « dénuées de sens » de « solitude dans le néant, dans le vide » assorties d’un « sentiment de terreur », ou par des apparitions de « figures géométriques ironiques » qui semblent vouloir suggérer à l’expérienceur que « rien n’a vraiment existé ».

Dans d’autres cas encore, on a affaire à ce qu’on appelle des « expériences inversées », à savoir « des expériences positives ressenties négativement », par exemple sous la forme d’ « une sensation angoissante de dissolution dans quelque chose de plus grand ».

Quoi qu’il en soit, il est certain que les NDE, pour ceux qui les ont expérimentées, débouchent sur un « changement de vie radical ». Les personnes concernées les interprètent en effet comme des « clés », qui ouvrent des portent, cassent les barrières.

« On revient, affirment-ils, on n’a pas du tout envie de vivre de la même manière ».

Une fois de plus, il faut se tourner vers les témoignages, leur donner la parole : suite à une NDE, on réalise enfin qu’ « il faut être soi-même », que « l’être » est autrement plus important que « l’avoir » ; on devient « plus humain » en acquérant, en développant « une empathie » que l’on ne possédait pas auparavant.

Et puis surtout – ô merveille ! – on a enfin l’occasion, le privilège de lâcher cet aveu que chaque être humain voudrait – en son for intérieur – être en mesure de faire : « j’ai plus peur de la finalité, de la fin de vie » ; « ça m’a appris à ne plus avoir peur de la mort ».

Être délivré de la hantise du trépas, quelle chance fabuleuse ! Pourquoi ne pas, tant qu’on y est, en faire profiter ses semblables ?

C’est ce que se sont –fort intelligemment – dit les médecins de l’HOPITAL DE LA TIMONE, à MARSEILLE qui, depuis quelques temps, ont entrepris de mettre en pratique leur idée d’utiliser des expérienceurs dans le cadre des SOINS PALLIATIFS, en cancérologie.

« Oui, soutiennent-ils, c’est possible, de mourir dans une certaine paix, et ce même si un patient le prend comme un mythe moderne ».

D’ores et déjà, donc, des expérienceurs viennent rencontrer, à La Timone, des cancéreux en fin de vie qu’ils réussissent à apaiser par leurs récits qui les convainquent que « notre vie ne s’arrête pas avec notre mort », et les médecins sont persuadés qu’ « on va sûrement utiliser ces récits à une plus grande échelle ». Chacun y trouve son compte : les expérienceurs, qui se sentent plus utiles, et donc plus valorisés et, bien entendu, les grands malades auxquels ils transmettent une sorte d’espoir salutaire.

Pour autant, « prouver qu’il y a quelque chose après la mort » ne sera peut-être jamais possible, au plan strictement scientifique. Si cela s’avérait faisable, ça remettrait de toute façon en cause « tous les paradigmes de la science » et constituerait, par conséquent, une véritable révolution, cela, les scientifiques tiennent tout de même bien à nous le rappeler.

Mais à cela répond l’écho des expérienceurs qui, désormais, s’en moquent :

« Je suis plus zen maintenant » ; « je ne cherche pas à convaincre qui que ce soit ».

N’est-ce pas, finalement, tout ce qui compte ?

P.Laranco