La grande bande grise liserée de pointillés blancs s'élance avec endurance jusqu'à effleurer la ligne d'horizon. Rien ne l'arrête, pas même le ciel qui réussit seulement à stopper son élan. Le bitume cisaille, taille et découpe la toile verte fécondée par la nature, elle partage le paysage en deux camps durablement séparés. Deux territoires amis que la nature investit d'une armée aux parures rouges et à l'allure insolente. Régulièrement installés le long du fleuve à l'aura pétrolifère, les globules rouges des bords de route incarnent fièrement le dernier panache de la nature qui saigne. De chaque côté de la plaie creusée par les hommes, le bataillon des coquelicots salue les patauds de tout genre. Une bourrasque de vent emporte un pétale rouge. Il s'envole et murmure en lui-même avant de retomber : "Vue d'en haut on dirait que la terre a cicatrisé."
Accompagnement musical tiré du Jukebox : "On ne changera pas le monde maman"
Série de l'été "Vocabulaire du vagabond" - A suivre...