Titre original : The Running Man
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Paul Michael Glaser
Distribution : Arnold Schwarzenegger, Maria Conchita Alonso, Yaphet Kotto, Jim Brown, Edward Bunker, Kurt Fuller, Richard Dawson, Ken Lerner, Rodger Bumpass, Jesse Ventura, Dweezil Zappa, Anthony Pena, Donna Hardy…
Genre : Action/Science-Fiction/Thriller/Adaptation
Date de sortie : 16 mars 1988
Le Pitch :
Los Angeles, 2019. Le jeu télévisé Running Man fait un carton en organisant des combats de gladiateurs entre de redoutables bourreaux et des prisonniers triés sur le volet. Ben Richards, un ancien employé du gouvernement condamné pour insubordination se retrouve dans l’arène…
La Critique :
Running Man est un pur produit du cinéma d’action des années 80. Et c’est une très bonne chose. Tout y est ! Les répliques cinglantes (« On fait l’avion ? » balance Schwarzie avant de jeter un type par dessus une rambarde), l’humour décomplexé, l’action, les méchants bien badass et le héros bien burné, c’est un véritable festival.
Fausse adaptation du roman de Richard Bachman (alias Stephen King), Running Man est surtout le remake inavoué du Prix du danger d’Yves Boisset. L’équipe du Prix du danger intenta d’ailleurs un procès à Running Man pour plagiat. Procès gagné, puis perdu en appel, puis gagné à nouveau en cassation… Pour revenir sur Stephen King, quiconque a lu le roman éponyme peut affirmer que le film n’emprunte guère que le nom du héros (et quelques autres) au bouquin. Le reste s’éloigne de la pertinente réflexion du roman pour s’aventurer dans le divertissement brutal. Et si l’adaptation du best-seller de King reste à faire, aucun fan de ce genre de cinéma bien bourrin n’ira se plaindre de ce détachement gonflé. Tout simplement car Running Man, le film, reste l’un des meilleurs exemples d’un savoir-faire purement américain, qui aujourd’hui, s’est un peu perdu.
Mais attention, ce n’est pas parce que le film de Paul Michael Glaser est avant tout un long-métrage d’action léger et rentre-dedans, qu’il se détourne complètement de la moelle subversive de son « modèle » de papier. Running Man dépeint toujours un monde futuriste cruel où la télévision est devenue la vitrine d’une justice corrompue et impitoyable. Une société malade qui se nourrit du sang des indigents en projetant sur des écrans géants, des mises à mort spectaculaires tout en encourageant la population à spéculer sur les enjeux d’une mascarade criminelle légale.
Le truc, c’est que Paul Michael Glaser ne se prend pas le melon. Il applique les recettes de l’époque pour livrer un produit calibré et entièrement centré sur sa star qui, en l’occurrence, est le Chêne Autrichien, Arnold Schwarzenegger. Dans le rôle de Ben Richards, un ancien employé du gouvernement arrêté pour avoir refusé un ordre qui lui intimait de massacrer des manifestants, Arnold court, jure, frappe, tire et balance des répliques qui encore aujourd’hui restent gravées dans les mémoires de ses fans les plus hardcore. Le personnage apeuré du roman de King, devient avec Schwarzie un gladiateur violent et taquin. Ben Richards, à l’instar du film donc, incarne l’archétype de l’action-man américain made in 80′s. Le genre de mec qui a disparu de la surface de la planète cinéma et que des films comme Expendables tentent d’imposer à nouveau à un public qui n’a connu que les Running Man, Tango & Cash et autre Commando via des rediffusions de la TNT. Gloire à Stallone donc ! Mais trêve d’égarement. Ici on parle de Running Man, le long-métrage réalisé par celui qui fut longtemps Starsky et qui livre ici son meilleur film. Un titre qui vaut ce qu’il vaut sachant que Paul Michael Glaser a aussi livré Kazaam, film familial entièrement bâti sur le « charisme » du basketteur Shaquille O’Neal.
En 88, un truc flotte dans l’air. Ce truc en question ne touche que ceux qui désirent offrir du lourd à des fans de cinéma d’action qui ne demandent pas la lune. Juste de l’honnêteté, de l’efficacité, de la violence et un peu d’humour pour offrir le recul nécessaire. Running Man, c’est tout ceci à la fois. Et c’est pour cela que le film est si réussi. Modeste et convenablement emballé, il résiste à l’usure du temps par la seule force de son interprète principal, qui trouve ici l’un de ses nombreux rôles emblématiques. Il permet aussi à Richard Dawson, un comédien qui incarne ici le présentateur/producteur de Running Man, Damon Killian de retrouver le costard de l’homme de télévision qu’il fut pendant longtemps. Et cet article tombe à point pour rendre hommage à Dawson, décédé en juin dernier. Dans Running Man, il est parfait. Le grand méchant du film c’est lui et son échange final -prophétique et malheureusement pertinent- avec Schwarzenegger de rester gravé dans la pierre des tables de loi du véritable cinéma d’action.
« Killian : Ce n’est que de la télévision, rien d’autre ! Rien à voir avec les gens eux-mêmes ! Ce qui importe, c’est l’indice d’écoute ! Ça fait 50 ans qu’on leur dit ce qu’ils doivent manger, ce qu’ils doivent boire, ce qu’ils doivent porter ! Ben, nom de Dieu, tu peux pas comprendre ça ? Les gens aiment la télévision, ils élèvent leurs enfants avec ! Écoute, tu sais bien qu’ils aiment les jeux télévisés, ils aiment le catch et la violence ! Alors, nous, qu’est-ce qu’on fait ? On leur donne seulement ce qu’ils réclament ! Nous sommes les premiers aujourd’hui, c’est surtout ça qui compte ! Crois-moi, Ben, j’fais ce métier depuis plus de 30 ans !
Ben : Moi, ça fait pas aussi longtemps que toi que j’suis dans le show business. Mais j’apprends vite, tu sais. Alors, je vais donner au public exactement ce qu’il veut. »
P.S. : À noter la présence au générique du catcheur Jesse Ventura, qui après Predator retrouve Schwarzie et de Dweezil Zappa, qui est le fils de Frank.
@ Gilles Rolland