Si la grande majorité des tournages se déroulent sans anicroche notoire, il y en a certains qui n’ont vraiment pas de chance. Certains ont même cumulé tant de difficultés qu’on les eut crus affligés d’un mauvais sort, avec parfois des exemples tristement célèbres.
Des malchances qui coûtent cher
Kevin costner dans Waterworld
Commençons avec l’un des naufrages les plus retentissants de l’histoire du cinéma : « Waterworld ». Un budget pharamineux de 175 millions de dollars pour ce film aquatique avec Kevin Costner qui a été l’un des plus gros flops du box office et qui a sonné le début de la fin pour l’emblématique acteur de « Danse Avec Les Loups ». Six mois de tournage au lieu de trois, des tempêtes qui ont ravagé une partie des décors, un réalisateur affublé du mal de mer, qui en plus n’était d’accord sur rien avec son comédien, et à l’arrivée, un film plutôt grandiloquent et navrant, loin de ce que les studios avaient laissé espérer.
Autre grande perte financière, « La porte du paradis » de Michaël Cimino a conduit United Artists à la ruine. Après l’immense succès de « Voyage au bout de l’enfer », le réalisateur se voit débloquer un crédit illimité pour son prochain opus. Cimino va céder à la folie des grandeurs, tournant des kilomètres de pellicule pour finir avec 220 heures de rushes. Il en délivre un montage de 3h39 qui laissera les spectateurs froids et ne rapportera que 3,49 millions de dollars pour plus de 40 millions dépensés.
Des films… dangereux
Dans un autre registre, certains films ont une réputation de malédiction pour les acteurs et techniciens. C’est le cas de la saga Poltergeist, qui a fait l’objet d’une véritable légende. Lors du tournage du premier, le jeune Oliver Robins a failli mourir étouffé lors de la scène du clown. L’équipe technique, entendant ses appels à l’aide, pensait que le garçon était en train de jouer ! Juste après la sortie du film, c’est l’actrice Dominique Dunne qui perd la vie, assassinée par son fiancé. Le deuxième volet voit s’allonger la liste des victimes : Julian Beck, interprète du révérend Kane, meurt d’un cancer à la fin du tournage. S’ajoute à cela un détail des plus macabres : les corps utilisés dans les scènes de la caverne s’avèrent être de véritables cadavres, envoyés par on ne sait qui sur le plateau… Enfin, le troisième opus voit la fin tragique de la jeune Heather O’Rourke, jouant le rôle de Carol Anne. Elle tombe gravement malade lors du tournage et décède d’un arrêt cardio-pulmonaire à seulement 13 ans.
Dominique Dunne
Carol-Anne
L'exorciste le film
William Friedkin et son équipe n’auront guère eu plus de chance avec leur « Exorciste », qui vit décéder pas moins de neuf collaborateurs lors du tournage, dont Jack McGowran, qui meurt d’une grippe en janvier 1973, et le fils de l’acteur Jason Miller, tué par une moto. Le film vit aussi un incendie retarder son tournage de plus de six semaines.
Notons enfin, dans les décès inexpliqués, celui spectaculaire, si l’on peut dire, de Brandon Lee sur le tournage de « The Crow ». Lors d’une scène où il est censé survivre à une impressionnante fusillade, l’acteur s’effondre, mortellement blessé : l’une des armes était chargée à balles réelles… Le mystère ne fut jamais vraiment levé, erreur technique, maladresse, malveillance, certains ont même avancé qu’il s’agissait de l’ultime rebondissement d’une vendetta secrète dont était victime la famille Lee. Toujours est-il que le décès de son acteur obligea le réalisateur Alex Proyas à terminer son film en utilisant des techniques de post production.
Terry La Poisse
Mais plus que des films maudits, il y a des réalisateurs maudits… C’est le cas du génial Terry Gilliam, qui a enchaîné les galères sur ses tournages.
film brazil
Pour son chef d’œuvre Brazil, ses disputes incessantes avec la production, qui l’obligea à remonter son film à plusieurs reprises, ont bien failli compromettre la sortie du film. Il faut dire que Gilliam, qui refusait de lâcher prise sur le développement artistique du projet, a eu une façon bien à lui de montrer son désaccord : il s’est notamment « loué » une pleine page dans « Variety » sur laquelle il fit simplement écrire en grand : « Cher Sid Sheinberg (patron d’Universal), quand allez-vous sortir mon film Brazil ? »
Dans le dernier film en date du fantasque anglais, la mort brutale du regretté Heath Ledger le prive de son comédien principal, heureusement remplacé au pied levé par Jude Law, Colin Farrell et Johnny Depp. Quand on sait que le film était la dernière chance du réalisateur pour se renflouer après la catastrophe de « L’homme qui tua Don Quichotte », on imagine qu’il a dû avoir quelques sueurs froides. Parlons-en, d’ailleurs, de ce Don Quichotte. Voilà une adaptation sur laquelle les plus grands se sont cassés les dents, comme Gilliam, bien sûr, et nous avons pu en être témoins avec le documentaire « Lost in la Mancha », retraçant les déboires de l’équipe tout au long du tournage. Citons la double hernie discale contractée par Jean Rochefort après une scène à cheval trop longue qui le contraint à abandonner le plateau, au grand dam des deux hommes : le premier parce qu’il rêvait de jouer ce rôle, le second parce qu’il ne pouvait voir personne d’autre comme son Don Quichotte. Mais il y eut aussi une tempête subite dans un endroit réputé désertique, qui ruina beaucoup de matériel, et fit verdir les steppes que Gilliam voulait sèches et désolées, un terrain d’aviation militaire faisant décoller des F16 de façon incessante, empêchant la prise du son, etc, etc…
Heath Ledger
Mais que Terry se rassure, le plus grand y a aussi échoué, je veux bien sûr parler d’Orson Welles, qui consacra les dernières années de sa vie à monter ce projet, et subissant lui aussi des contraintes imprévues en cascades, qui conduiront à ce que le film soit monté sur ses indications posthumes. C’est à se demander ce qu’à dû vivre Cervantès lorsqu’il écrivit son chef d’œuvre : eut-il lui aussi tant de difficultés ?