Je ne sais pas si vous avez eu l’occasion de lire les dizaines de journaux relatant la nouvelle et surprenante étude publiée récemment dans le journal scientifique BMC Medical Genetics concernant un éventuel rapport entre la taille des seins et le risque de développer un cancer du sein. Interpellée encore une fois par les titres racoleurs, j’ai lu attentivement les différents articles sur le sujet, qui restent très prudents … Explications :
L’étude
Elle a été conduite par une start up américaine, 23andMe, qui commercialise sur internet des tests ADN pour les particuliers (pour 299 $ quand même !). Sur leur site , ils référencent 118 maladies susceptibles d’être détectées grâce à leur analyse détaillé du génome via un simple échantillon de salive. Les clients peuvent également accepter de participer à des études conduites par les chercheurs de la firme.
Ca a donc été le cas de ces 16 175 femmes volontaires qui, en plus du test génétique, ont renseigné différents points via un questionnaire détaillé : âge, grossesses, allaitement … et bien sur .. taille du bonnet de leur soutien gorge.
Or, parmi les 7 marqueurs liés à la taille des seins, 3 sont également impliqués dans le développement d’un cancer du sein. Voilà le lien est fait ! Si vous avez une grosse poitrine, vous avez plus de risque d’avoir un cancer ! Le Dr Eriksson, directeur de l’étude, prudent, précise, sur le site BMC Medical « Ce n’est pas une énorme surprise si vous pensez au cancer comme un grossissement incontrôlé. Mais la relation entre la taille des seins et le cancer du sein est compliquée. (…) Ces résultats donnent tout de même un aperçu des facteurs génétiques qui encadrent normalement le développement de la poitrine et montrent que certains d’entre eux sont partagés avec le cancer du sein ».
Pourquoi prendre cette étude avec précaution ?
En effet, quelques questions restent en suspend .. Notamment, à partir de quelles tailles de bonnets, est-il légitime de s’inquiéter? Quels seraient les pourcentages de risque pour un 90C, un 95 D ou un 105 E vs un 85 A?
Le docteur Caron, onco-généticien à l’IGR, précise dans le Figaro : «Une élévation de seulement 1% aurait peu d’impact sur la santé publique. On ne pourrait pas en faire grand-chose en matière de dépistage».
Et le résultat probable serait une inquiétude accrue chez les femmes à forte poitrine et, en revanche, un soulagement pour les autres qui pourraient aller jusqu’à négliger de faire leurs mammographies !.
D’autre part, le volume des seins changent au cours de la vie en fonction des variations de poids ou des modifications hormonales, précise le médecin. Enfin, on le sait de façon certaine, bien d’autres facteurs rentrent en compte dans le développement d’une tumeur mammaire.
Bref une étude qui a, une fois de plus, crée un buzz, conduisant même les plus sceptiques, à se demander si cette jeune start up ne se sert pas de son étude pour légitimer ses ventes de tests ADN !
Donc prudence, prudence ! Ne vous inquiétez pas outre mesure si vous avez un décolleté pulpeux à faire pâlir les femmes qui, comme moi, sont moins avantagées par la nature. Et surtout n’oubliez pas d’aller faire votre mammo !
Catherine Cerisey