Florent Emilio Siri est le cinéaste de l’action. En trois films- Nid de guêpes, Otage et L'Ennemi intime- il a bâtit un univers viril et efficace, musclé mais pas si bête. Surprenant donc de la voir aux commandes de ce biopic sur Claude François, icône blonde des années 70, bourreau de travail et coureur de jupon. 2h30 plus tard, après une reconstitution entraînante et divertissante de la vie du chanteur, le constat est un peu mitigé: Cloclo est une œuvre trop sage, parfaitement calibrée pour un prime time TV, mais chiche en folies visuelles. Faut dire que Siri se retrouve un peu piégé entre l’envie d’égratigner le mythe (l’homme était toqué, perfectionniste, tyrannique, infidèle, démesurément ambitieux) et la nécessité de caresser le spectateur dans le sens du poil (édulcoration maximale de ce qui pourrait choquer). Le résultat, pour le coup, est bancal. Chanson populaire et proprette.
Pourtant, le film n’est pas mauvais. Il réussit même plutôt bien son étude du personnage, de l’enfance de l’idole des jeunes en Egypte, au conflit avec le père, en passant par ses nombreuses parenthèses sentimentales (dont une avec France Gall). Aussi, il ne transforme jamais la carrière du chanteur en un catalogue figé de tubes. Là où il atteint des sommets, c’est lorsque les belles images de Cloclo sur les pochettes des vinyles dévoilent d’amères réalités : une gloire qui monte à la tête, un égo surdimensionné, une paternité non assumée. Jérémie Rénier, dans le rôle-titre, est incroyable ; ni dans l’imitation stupide, ni dans le mimétisme primaire. Il trouve ici, à l’instar de Marion Cotillard avec Edith Piaf, le rôle charnière de sa carrière. Et, au milieu du classicisme un peu triste que déroule Siri, il étincelle.