Les salariés noteront que c'est après avoir annoncé son plan social que Philippe Varin le patron de PSA vient de réclamer une « baisse massive » des cotisations sociales. Laissant entendre par là que si le gouvernement n'accède pas à sa demande, les « charettes » pourraient continuer.
Donc, schématiquement, il suffirait de baisser les cotisations sociales de PSA pour que, par exemple, les ventes de la C3 (fabriquée à Aulnay sous Bois) s'envolent et qu'on soit obligé de recruter pour fournir les acheteurs ?
Un peu simpliste direz-vous. Et vous aurez raison !
Car, Philippe Varin confirme dans Le Parisien avoir retardé l'annonce des 8000 suppression de postes car : « Il n'était pas question d'en faire un enjeu électoral ». Nous ajouterons qu'il est assez probable qu'il comptait bien sur une victoire du candidat sortant et de sa majorité, pour obtenir l'application du programme concocté par, entre autre, le Medef et l'UIMM dans son pacte social, soutenu par le candidat Sarkozy.
Au fait, pour l'anecdote, Frédéric Saint Geours, le président de l'UIMM est également le directeur des marques du groupe PSA
Quelles en étaient les mesures principales
Accords compétitivité-emploi (Flexibilité horaire et salariale)
Remise en cause de la durée légale du travail, à négocier par branches ou entreprises
Transfert de certaines cotisations sociales sur l'impôt (TVA sociale)
Le meilleur restant à venir puisque comme vient de le révéler Laurence Parisot, nous aurions eu le droit à : La fin des obligations des employeurs en cas de plan de sauvegarde de l'emploi (rupture conventionnelle collective)
En résumé, pour être compétitif : Pas de remise en cause de la stratégie, de la politique de recherche ou d'innovation pratiquées par les directions des entreprises mais transformation progressive et irréversible des salariés en variable d'ajustement. Ce à quoi il faut ajouter, mise en concurrence permanente des salariés encore en poste, permettant de tirer les salaires vers le bas !
Ce que l'inénarrable chroniqueur, Jean-Francis Pécresse traduit dans les Echos par : « (...) Plus de compétitivité économique ou plus de droits sociaux ? Plus de flexibilité de l'emploi ou plus de rigidité dans le droit du travail ? Plus d'économies dans les dépenses publiques ou plus d'impôts au risque de freiner l'activité ? (...) »
Donc, soit les organisations patronales obtiennent de façon unilatérale la mise en place de la précarisation des salariés soit les licenciements vont s'enchaîner en septembre, comme l'a annoncé Laurence Parisot il y a quelques jours.
Laurence Parisot qui exige du Président de la République : « (...) le transfert d'une partie du financement de la protection sociale des entreprises aux citoyens, via une hausse de la TVA (...) plus de flexibilité du marché du travail, avec la mise en place de baisses temporaires de salaires en échange d'un maintien de l'emploi, ou encore une facilitation des suppressions de postes (...) »
Quelles garanties pour les salariés qui se verraient appliquer ces mesures ? Réponse aucune puisque selon madame Parisot : « Si on veut que ces entreprises soient à nouveau performantes et puissantes (…) au niveau mondial, dans cinq ou dix ans, il faut accepter des ajustements, il faut accepter des restructurations (...) »
En français ça porte un nom précis : Du chantage. Et c'est surtout un manque profond de respect pour tous les salariés qui font fonctionner au quotidien les entreprises françaises !
Le plus grave dans cette affaire, c'est que les fameux « ajustements » et « restructurations » prônées par le Medef, pour les rendre plus compétitives, ne garantissent en aucun cas la pérennisation d'emplois sur le territoire national.
La preuve en est que les 8000 suppressions de postes chez PSA n'ont pas convaincu les investisseurs puisque : « (...) Le titre du constructeur automobile français PSA Peugeot Citroën fait un plongeon spectaculaire ce vendredi matin à la Bourse de Paris, alors que la polémique enfle après le plan de suppressions de postes et en l’absence de perspectives encourageantes sur le groupe (...) »
Cela signifie t-il que PSA n'est pas allé assez loin et qu'il est maintenant nécessaire de rapidement précariser d'avantage les salariés et surtout de délocaliser encore un peu plus la production ?
Devant cette confusion, il est clair que le Président, son gouvernement et sa majorité doivent montrer que le politique a encore son mot à dire face aux groupes de pression aussi puissants soient-ils. Et surtout apporte des réponses claires et précises à des salariés qui pourraient bien dans le cas contraire être tentés par des actions spontanées et plus ou moins violentes à défaut d'avoir un avenir !
Crédit et copyright photo Le Point