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Mohamed Salah BEN AMOR commente un poème de Patricia LARANCO.

Par Ananda

Pour espérer s’approcher le plus près possible des significations profondes de ce poème apparemment ésotérique, le mieux serait de commencer à le lire par sa dernière strophe où l’auteure fournit le clé conceptuelle qui nous permettrait d’accéder à son noyau sémantique . En effet, à partir de cette notion "on dirait que le monde fuit vidé de sa propre épaisseur en une fluide hémorragie que captent ses propres confins " nous nous trouvons directement en face de la thèse la plus partagée par les astrophysiciens sur l’apparition de l’univers et selon laquelle il s’est formé il y a près de quinze milliard d’années à la suite d’un grand boom dont l’ explosion gigantesque continue encore à des distances de plusieurs millions d’années de lumière de notre système solaire en donnant sans arrêt naissance à de nouvelles galaxies. Ce qui fait que l’univers n’est point inerte et fixe mais de nature élastique et qu’il ne s’arrête jamais de s’étirer. Mais de quels confins parle-t-elle étant donné que l’espace où se produit encore ce grand boom est illimité ? Convaincue de l’extensibilité de la matière dont est constitué l’univers , la locutrice , son imagination aidant , porte une vision différente sur le milieu environnant le plus proche de nous et le plus saisissable directement par nos sens , une vision qui lui fait percevoir que «  Le ciel est cristallin, fragile, un rien pourrait le fendiller » et qu’ « Un écho roule à l'horizon » cependant que « l'évanescence des clochers / ricoche aux quatre coins / du soir ». Et à cette loi physique n’échappe pas non plus la présence humaine qui adhère pleinement à la nature du milieu où elle est née et s’y adapte merveilleusement : " le chaos citadin se mue en une superposition d'états estompés et furtifs - Le métro danse sur un fil presque imperceptible tendu entre les nuages laineux ombrés d'apesanteur fumante " . Bien entendu, pour l’individu non muni d’un télescope géant à l’instar du fameux Hubble, il ne s’agit que de constatations subjectives imagées mais un géophysicien pourrait-il les réfuter tout en sachant qu’elles émanent de divagations poétiques ? À mon avis, la logique n’est pas le seul moyen efficace capable de résoudre les grandes questions posées par la géophysique et en premier l’idée de l’infinité de l’espace (qui est en soi illogique) et de ce qui existait avant l’apparition de l’espace c’est à dire avant le grand boom car la notion de chaos n’est-elle pas en elle même aussi contraire à la logique ? D’où la légitimité incontestable de l’approche contraire de ces mêmes questions par le biais de l’hémisphère droit du cerveau qui abrite l’imagination , l’intuition et la sensibilité , l’approche chère aux poètes et aux écrivains de science- fiction ? La science actuelle n’a-t-elle pas confirmé la justesse de plusieurs prédications de Jules Verne tels que le canon propulsant une capsule habitée dans l’espace , les navires sous-marins , les trains à grandes vitesse , les calculatrices et peut-être même l’Internet ? Chapeau bas poétesse ! Tes constatations imagées s’inscrivent dans la même lignée tracée par les hommes de sciences bien que tu aies emprunté la voie inverse, celle des compétences de ton hémisphère droit !

Mohamed Salah Ben Amor.

C'est le soir...

par Patricia Laranco

Le ciel est cristallin, fragile,

un rien pourrait le fendiller

mais quelque chose

s'est ouvert.

Un écho roule à l'horizon;

l'évanescence des clochers

ricoche aux quatre coins

du soir.

Le chaos citadin se mue

en une superposition

d'états estompés et furtifs.

Le métro danse sur un fil

presque imperceptible tendu

entre les nuages laineux

ombrés d'apesanteur fumante

On dirait que le monde fuit

vidé de sa propre épaisseur

en une fluide hémorragie

que captent ses propres confins


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