Titre : Les petits soldats, T1 : Le pigeon voyageur
Scénariste : Jean-Paul Krassinsky
Dessinateur : Julien Delval
Parution : Août 2011
« Le pigeon voyageur » est le premier tome d’un diptyque intitulé « Les petits soldats ». Sa parution chez « Vents d’Ouest » date du mois d’août de l’an dernier. Cet ouvrage d’une petite cinquantaine de pages a un prix proche de quatorze euros. Sa couverture est assez intrigante. On y découvre un homme qu’on suppose noble de par la couche de fond de teint qu’il s’est étalé sur le visage. Associé à son style vestimentaire, on se trouve plongé quelques siècles en arrière. Au second plan, on voit défiler une armée sous un ciel où se mêlent des couleurs sombres et d’autres sanguinaires. La dimension graphique de ce dessin est de grande qualité. Elle est l’œuvre de Julien Deval dont je découvre ici le travail. Le scénario est quant à lui écrit par Jean-Paul Krassinsky, inconnu pour moi jusqu’à maintenant.
« 1872. La Czisletovie bascule dans la plus sanglante guerre que le vieil empire ait connu. Frantz, jeune poète désargenté refuse de prendre les armes, préférant se consacrer à son art, quitte à devenir un déserteur. Hélas, c’est précisément ce moment que choisit l’un des ministres de la très prestigieuse kulturkommandatur pour lui passer une commande officielle… » Voilà le résumé offert par la quatrième de couverture de l’ouvrage. Voilà qui a attisé ma curiosité…
Cet album nous plonge dans un univers fictif. On le découvre par la nature des pays rencontrés ou cités. Néanmoins, on évolue dans une époque fidèle à notre Histoire et dans laquelle les personnages et leurs codes sont proches de ceux qu’on connaissait à cette période dans la vieille Europe. L’intrigue se déroulerait en Autriche que cela ne changerait pas grand-chose. Néanmoins, cette liberté géographique permet aux auteurs de d’acquérir une liberté quant à la nature des événements importants qui accompagnent l’aventure de nos héros. Concernant le public auquel s’adresse cet album, il est relativement large. Les pages ne possèdent aucune scène violente ou choquante. Le ton est modéré sur ses aspects-là. Son attrait ne réside pas dans la débauche d’une quelconque nature.
Les première pages nous présentent les personnages principaux qui s’avèrent être un triangle amoureux des plus classiques. La femme désirée est la jolie Héloïse. Elle est servante dans une auberge et possède deux beaux soupirants qui lui content fleurette du soir au matin. L’un d’eux est Friedrich, jeune homme courageux à la situation stable. L’autre est Frantz. Il est rêveur et poète. Il vit d’amour et d’eau fraîche faute d’avoir les poches pleines de sous. La belle ne sait pas lequel choisir tant ils se complètent finalement à merveille. Mais la guerre sépare tout ce beau monde. Friedrich, comme tous les hommes du pays, est envoyé sur le front. Frantz, cherchant à échapper à cela, se voit confier une mission suite à une rencontre curieuse. Celle-ci va l’amener à se rendre sur le front. L’avenir de l’Empire semble en dépendre…
Très rapidement, la narration se construit avant tout autour du personnage de Frantz. L’auteur semble prendre parti pour lui dans son combat amical contre Friedrich pour conquérir la belle. Rapidement, on a une empathie certaine pour ce doux rêveur, maladroit. Son manque de courage ne nous gêne pas tant il semble habité par sa poésie et son amour. On prend donc un plaisir certain à le suivre dans ses aventures. La narration se décompose en plusieurs chapitres qui décomposent chaque étape de la trame. Cela offre un rythme régulier. D’ailleurs notre attrait pour l’histoire nait dès la première page et ne cesse de s’intensifier jusqu’à la fin de l’album. Le scénario est vraiment bien construit. Que ce soit les événements, les personnages ou les lieux, tout nous incite à découvre chaque nouvelle page avec appétit.
Côté dessins, le travail de Delval m’a profondément charmé. Chaque planche qu’il nous fait l’honneur d’apprécier est un petit chef d’œuvre. Les personnages et les décors sont travaillés dans les moindres détails. Les couleurs sont splendides et donnent à chaque case une atmosphère travaillée. De plus, son trait manie avec merveille le mouvement des personnages. Le côté maladroit de Frantz par exemple est très bien traduit. La qualité de son travail m’incite à me montrer curieux dues prochains travaux de ce dessinateur.
En conclusion, « Le pigeon voyageur » est une belle découverte. On s’implique très vite dans la lecture et on se passionne pour les aventures de ce jeune poète sans le sou. Son côté antihéros génère une empathie certaine à son égard. J’attends avec impatience la parution du dénouement de cette histoire dans un ouvrage qui s’intitulera « D’amour et d’eau fraiche ». Mais cela est une autre histoire…
par Eric the Tiger
Note : 15/20