Who are you Running Back ? 10th anniversary

Publié le 13 juillet 2012 par Hartzine

Gerd Janson, le DJ à la tête de nounours, est le professionnel du disque derrière le label Running Back. L’Allemand également journaliste musical est du genre à se répandre sur les internets (et au-delà) à propos d’à peu près tout ce qui constitue le génome du bon goût outre-Rhin (dernier exemple en date ici). Les 10 ans de son label étaient l’occasion de lui envoyer quelques questions et de lui demander quelques mp3. Si tous les mots sont arrivés dans le bon ordre, il a fallu qu’on se débrouille pour reconstituer son chart de club… Au final, il doit manquer un morceau. Pour toute requête, une seule adresse.

Gerd Janson l’interview

Comment tu appréhendes les 10 ans de ton label ? Ça représente un cap réel pour lui ? Est-ce que tu te projettes déjà sur les 10 ans à venir ?
Are you already thinking about the next ten years of your label? Do you have anything planned yet?

Ça me plairait bien de pouvoir vous dire que j’ai déjà pensé à tout, mais malheureusement je suis bien trop nonchalant et désorganisé en fin de compte pour pouvoir me projeter dans l’avenir. Je ne sais même pas où j’irai passer mes prochaines vacances, alors comment pourrais-je te parler des 10 prochaines années ? Après coup, je me dis que le label n’existera probablement plus d’ici-là.

I would love to tell you that I have everything mapped out, but unfortunately, the grand scheme of things in my life is that I’m too phlegmatic and disorganized to plan things. I don’t even know where I spend my next holiday, so how should I tell you about the next ten years? Giving it a second thought: I’m sure it will be extinct by then.

Au quotidien, tu gères ton affaire seul ? Y-a-t-il d’autres personnes qui sont liées à l’activité du label ? Tu peux nous les présenter ?
On a daily basis, do you run your label on your own or with other people? Can you tell us who they are?

Huey, Dewey et Louie, mes trois potes imaginaires, me sont d’une grande aide au quotidien pour veiller au bon fonctionnement du label. En plus de leur soutien, Charalampos Lazos et Gina Moench m’aident pour tout ce qui est artwork, et Dubplates & Mastering’s Lupo s’occupent de gonfler le son.

My three imaginary friends Huey, Dewey and Louie are a great help to me in the daily business of running a label. In addition to that support, it’s Charalampos Lazos or Gina Moench who make the art work and Dubplates & Mastering’s Lupo who is in control of pumping up the jams.

Comment définirais-tu l’esthétique sonore du label à des novices ?
How would you define the sound aesthetics of your label to a non initiated person?

Il s’agit en fait de dance, de house et de disco. Pour tout dire, tout ce que j’aime écouter, y compris pendant des fêtes, et même jouer en public. Il n’y a pas vraiment d’esthétique voulue particulière ou même de philosophie derrière, mis à part que l’on souhaite juste tout faire mieux que les autres. Ah !

It’s basically all dance, house or disco music. Basically things that I like to either rave or listen to and sometimes I even dare to play it out. There is neither a defined or desired aesthetic nor philosophy behind it, except for everything to be super good and better than others. Ha!

Je suis venu à ton label par des artistes comme Lil’Tony ou Disco Nihilist. J’ai découvert par la suite que tu avais sorti des gros noms comme Mark E, Radioslave… Comment organises-tu le calendrier des sorties ? Cette rotation entre des trucs plus confidentiels et des noms de la scène, c’est quelque chose de naturel ?
I got to know your label through artists such as Lil’Tony or Disco Nihilist, I later found out that you had also signed bigger names like Mark E or Radioslave. How do you organize the schedule of your releases? Does this rotation between more or less famous DJ/artists come naturally?

J’essaie de ne pas utiliser de termes comme ‘naturellement’ ou ‘instinct’, mais je dois dire que pas mal de tout ça est un peu arrivé par hasard. De manière générale, il s’agit plus de choisir un ordre approprié pour les sorties, plutôt que de se focaliser sur le packaging ou le nom de l’artiste en question. Ainsi, j’essaie de ne pas sortir trop d’albums techno les uns après les autres. C’est tout. Égalité, Fraternité et Liberté (en français dans le texte, ndt).

As much as I try to stay away from terms like “naturally” or “gut feelings”, I have to admit that a lot of it is accidental. As a loose rule, it’s more about what release follows which in a way of content rather than packaging, i.e. the artist name on the tin. So I try not to put out too many techno releases after each other. That’s all. Egalité, Fraternité et Liberté.

Tu pourrais me parler de cette sortie hyper étrange, Strada Professional Sound Effects. C’est typiquement le genre d’album qui ne parle qu’aux DJ/producteurs. T’avais en tête des albums/EP dédiés aux tools au moment de la sortie de cet album ? Cette idée de sortir des albums dédiés à un segment (tool, acapella, dub) de la dance music, c’est une piste de développement pour le label ? Tu te verrais y créer des sous-divisions ?
Could you tell us about this super strange release, Strada Professional Sound Effects. This is the kind of records that speaks to djs or producers only. Did you have in mind albums or eps dedicated to tools at the time you released this album? This idea of releasing albums dedicated to a segment (tool, acapella, dub) of dance music, is it a new direction for your label ? Do you think about creating subdivisions within your label?

La raison derrière tout ça est tout simplement – comme avec bon nombre de choses – un égoïsme pur. Il y a quelques années, j’ai entendu un morceau de Kristian de Âme qui superposait des rires d’enfants hypnotiques sur le morceau de base. Quand je lui en ai parlé, il m’a montré cet album, Strada Professional Sound Effects, sorti au Japon uniquement. Je leur ai écrit un e-mail en précisant que je souhaitais leur acheter une copie, mais ils m’ont répondu qu’il était en rupture de stock. Comme ils connaissaient mon label, ils m’ont tout de même proposé une réédition via Running Back. Pendant ce temps, Kristian avait perdu sa sacoche de vinyles qui contenait la copie de l’album, et il n’y avait vraiment plus aucune autre option que de le rééditer. Je ne dirais pas vraiment que cela parle seulement aux DJ et aux producteurs. Alors, bon, d’accord, tu ne vas sûrement jamais avoir trop envie d’écouter le son d’une sirène en discontinu pendant plusieurs minutes quand tu manges le soir, mais il y a quelques sons sympas, comme celui de la mer – ce qui peut-être assez cool lors du petit-déjeuner par exemple.

The reason why I released this was – as with a lot of things – pure selfishness. A few years ago, I hear Kristian from Âme playing mesmerising children laughter over some track. When I asked him for it, he showed me the Japan-only released Strada Professional Sound Effects record. When I wrote them an email, saying that I would like to buy a copy, they told me that they are sold out, but that they know my label and offered a re-issue via Running Back. Meanwhile, Kristian’s record bag with his copy got lost, so there was no other way than to put it out again. I don’t know if it’s only for producers and djs though. Okay, you might not want to listen to a siren going on and off for a few minutes while you are having your supper, but there are nice things like sound sof the sea to be found on there, which might be charming during breakfast.

Ce truc autour du retour des white labels, exploité par des labels comme L.I.E.S, accélère les rythmes de sorties et crée une histoire parallèle pour le label. En tant que journaliste, tu dois être familier des réceptions de white labels. Est-ce que tu en as édité toi-même ? Avec le règne de Google, ce type de sortie anonyme a encore une signification ?
This thing about the return of white label, operated by labels like L.I.E.S, accelerates the pace of releases and gives the label a parallel story. As a journalist, you must be familiar with white label.

Have you edited anything yourself? Considering the google era we’re living in , does this kind of release have a meaning?
Je ne sais pas trop si tu peux vraiment mettre dans la même catégorie des trucs comme L.I.E.S. qui offrent une sélection variée et intéressante et une approche très directe, avec la vague de labels qui se focalisent seulement sur les edits et les bootlegs. Pour citer grossièrement DJ Harvey qui l’avait déjà évoqué avec son style, oh, toujours si éloquent : faire un edit reste le prétexte le moins cher possible pour monter un album. Ceci dit, j’aime tout de même pas mal d’entre eux, pour différentes raisons. Ils restent bien pratiques pour les DJ : la version originale risque moins de s’user à force d’être jouée, et ils peuvent parfois y ajouter une nouvelle dimension. Bon nombre d’entre eux sont vraiment nuls malgré tout. Il y a une sorte de code moral à prévaloir dans l’immortalité, et il devrait y avoir une sorte de code de gangster pour ça. Par exemple, a-t-on vraiment besoin de faire un edit d’un album de Metro Area, et de le sortir ? Et puis, ça ne devrait pas pouvoir sortir digitalement sans autorisation officielle au préalable. Oui, j’ai un code d’honneur. Je n’ai jamais fait d’edit de cette façon et je trouve ça un peu nihiliste par ces temps. Tout et rien n’a de sens. La vie n’est que ce que l’on en fait. Et le monde ne serait pas meilleur sans edit. Les gens devraient plutôt apprendre à se tenir.

I don’t know if you can put things like L.I.E.S. that releases quite a wide range of interesting music with a straight and direct approach that is anything but edits in the same category as the high tide of edit and bootleg labels. Freely adapted from DJ Harvey who once put it in his oh so eloquent manner: an edit is still the cheapest excuse to make a record. Having said that, I like quite a lot of them for different reasons. They are handy for DJs, protect your original copy from yourself wearing it out and sometimes have a remixing interpretational value to them. A lot of them are also horrible. There is also a moral in the immortality and there should be something like a gangster’s code to it. Do you really need to edit a Metro Area record and put it out, for instance? Also it shouldn’t be sold digitally if it’s not licensed properly. Yes, I have my own code of ethics. I have never edited something myself in that way and I also think quite nihilistic these days. Everything and nothing has a meaning. Life’s what you make it. And the world wouldn’t be a better one without edits. People should just watch their manners a bit.

Pour rebondir sur ta casquette de journaliste, y a-t-il selon toi des écrits sur la musique qui pourraient trouver leur place au milieu des sorties Running Back ? Je pense qu’il faudrait vraiment qu’un DJ s’attelle à la rédaction d’un guide pour les cinéastes qui placent des scènes de club dans leurs films pour en finir avec les horreurs que l’on voit, ça te dirait pas ?
To get back to your journalist career, are there any writings about music that could find their place among the Running Back releases? I think we really need a dj who’d write a guide for filmmakers who put club bits in their movies, maybe it would help them get the current nonsense over with. Are you any interested?

Danny Wang a écrit un texte vraiment charmant à l’occasion de la sortie de Strada Sound Effects, et il s’agit là de la seule fois où ce genre de texte conceptuel a trouvé sa place sur Runnig Back. Il explique pourquoi tous les DJ devraient se le procurer absolument. Ha ha ! Philosophie et marketing vont bien ensemble. Je souffre d’un grand penchant pour l’ironie, alors c’est vraiment dur pour moi de ne pas tourner mes propres mots en dérision quand j’écris sur des concepts. C’est pour ça que je m’en suis gardé jusqu’à présent, mis à part un texte écrit sous un pseudonyme. Quant à pouvoir choisir la musique de film pour des scènes de club – souvent un peu ridicules – ça me plairait énormément. Jusqu’à présent, Blade et John Travolta restent en haut de la liste. Putain, la plupart des documentaires sur la dance tournent vraiment les clubs au ridicule, alors…

The only kind of conceptual writing that every found its way to Running Back is the exquisite and charming piece that Danny Wang wrote for the Strada Sound Effects release. It explained why every DJ needs this record. Ha ha! Philosophy and marketing go very well together. I’m severely suffering from borderline irony, so it’s hard for me to not laugh at myself while writing conceptual things. Hence, I kept away from it so far, excluding one piece that I did under a pseudonym. As far as picking music for the usually ridiculous club scenes in movies, I would be all over it. So far “Blade” and John Travolta still hold the crown. Hell, most dance music documentaries make clubs look stupid… so…

Traduction : Simone Apocalypse

Mixtape commentée

J’aurais aimé vous préparer une liste avec des trucs que j’écoute vraiment chez moi, mais je n’ai pas accès à YouTube en ce moment. Alors, voici une sélection de musique de club. Pas forcément dans l’ordre suivant.
I would love to put together a list with stuff that I actually listen to at home, but I cannot get onto Youtube at the moment. So here is a club music tape. Not necessarily in that order.

Arsenal – One Day At A Time (Joakim Dub) – Play All

Joakim se dépasse vraiment ici avec la géniale version balearic dub de ce duo belge. Un des meilleurs trucs qu’il ait produit depuis longtemps. Le petit riff de marimba rappelle vraiment Tensnake.

Joakim outdoing himself with a brillant balearic dub for this Belgian duo. The best thing this smart man has done in ages. The marimba-like-break has Tensnake lurking around the corner.

Warm Sounds – Warm Sounds 003 – Warm Sounds

Sorti sur vinyle uniquement, ce morceau de hardcore house nous ramène à des jours sans clé USB insérée dans le lecteur disque. Naïf et sincère. De l’innocence pure et un potentiel fête énorme.

Vinyl only hardcore sample house that is longing for a time pre-usb-stick-slots in CD players. Naive and heartfelt. Pure innocence and party power.

ItaloJohnson – ItaloJohnson 05 – ItaloJohnson

Voir ci-dessus. Le génial mais brutal groupe de Berlin et son dernier morceau. De la musique faite pour danser. Pas besoin de réfléchir, laisse juste tes pieds bouger.

See above. Berlin’s ruffness super group with the next jam. Music to dance to. Who needs to think, when your feet just go.

Four Tet – Jupiters/Ocoras – Text Records

L’homme du moment, en ce qui concerne la musique de club expérimentale. Il vous permet de penser tout en faisant bouger vos pieds.

The man of the moment, when it comes to adventurous club music. He allows you to think, while your feet just go.

Roman Flügel – Cookie Dust – Live At Robert Johnson

Un autre homme du moment. Un son merveilleux, des morceaux comme des cristaux en sucre, et un style très reconnaissable. De la techno pour romantiques.

The other man of the moment. Marvellous sound design, tunes like sugar crystals and with a distinct sound signature. Techno for romanticists.

Nathan Fake – Iceni Strings – Border Community

De la trance pour romantiques. À situer quelque part entre Frankfurt Traxx et Depeche Mode avant leur phase rock. Fait sur mesure pour James Holden.

Trance for romanticists. Fake hits hard somewhere between Frankfurt Traxx and Depeche Mode before their rock coming out. Tailor made for James Holden.

Panther Modern – Piemento/Howl – Immerse Records

Du dubstep qui serait passé par la case deep dub disco house. Un album de power house venu de Bristol qui est passé un peu inaperçu. À se procurer avant qu’il ne soit trop tard.

Dubstep gone deep dub disco house. Bristolian power house record that seems to fly under the radar of most people. Get it while you can.

Stupid Human – Clean Up Your Act – Stupid Human

En parlant d’edits…The Stupid Human est en fait assez intelligent pour se faire comprendre. Clean up your act on the floor.

Speaking of edits. The Stupid Human is intelligent enough to get them right. Clean up your act on the floor.

März – The Help Song – Karaoke Kalk

Et un morceau à tendance humanitaire pour la route ! Tout le monde vous viendra en aide ! Une bande d’intellos allemands coincés à Ibiza sans même le savoir.

A humanitarian one for the last one! Everybody will help you! German intellectuals trapped in Ibiza without even knowing it.