Evan Dorkin et Jill Thompson – Bêtes de somme

Par Yvantilleuil

Original, beau et… soporifique !

Quand la collection Contrebande de Delcourt annonce la publication de la saga « Beasts of Burden » d’Evan Dorkin et Jill Thompson, une série d’aventures animalières empreintes de fantastique, récompensée d’un Eisner Award en 2010 et ponctuée d’un cross-over avec Hellboy, j’ai immédiatement les babines qui salivent et la queue qui remue.

Dès les premières pages, loin du regard des humains, Evan Dorkin invite à suivre les pas d’une bande de chiens, accompagnés d’un chat roux et confrontés à des phénomènes paranormaux dans une banlieue qui paraît pourtant paisible au premier abord. Progressivement, le lecteur fait donc la connaissance de Cador, le Husky, de Dobey, le Doberman, de Terry, le Jack Russel, de Carlton, le Carlin, de Bégueule, le Beagle, du chat Sans-Famille et même du Sage Berger, une sorte de spécialiste de l’ésotérisme dans la communauté canine.

Si l’univers est original, les péripéties de ces animaux confrontés à des forces maléfiques n’ont pas réussi à me convaincre. Les dialogues sont parfaitement adaptés aux protagonistes à quatre pattes, mais les intrigues sont beaucoup trop simplistes. De plus, ces courts récits (un par chapitre) ont un côté répétitif qui rend le tout encore plus soporifique. Ces histoires de sorcières, de zombies et de loups-garous n’ont finalement rien de bien original, si ce n’est une transposition animalière où l’aspect fantastique tombe souvent comme un cheveu dans la soupe. Remplacer une maison hantée par une niche hantée, ça ne me fait franchement pas crier au génie et j’ai également du mal à avaler des histoires où des grenouilles finissent par bouffer des chiens.

Visuellement, par contre, le travail de Jill Thompson est irréprochable. Même si j’ai du mal avec des bulles de texte qui sortent d’un chien qui me fixe la gueule ouverte, je dois reconnaître que le côté rétro de ces aquarelles fonctionne à merveille.