Je me suis sans doute éraflé la joue. Elle me brûle. Ma mâchoire me fait mal. J'ai renversé un vase en tombant, je me souviens l'avoir entendu exploser sur le sol et je me demande si je ne me suis pas blessée avec un morceau de verre, je ne sais pas. Le soleil brille encore dehors. Il fait bon. Je reprends doucement mon souffle. Je sens que je vais avoir une terrible migraine, dans quelques minutes.On parle aussi beaucoup de Florian Zeller (La jouissance), mais c'est peut-être surtout parce qu'il vient de changer d'éditeur - avec la coïncidence supplémentaire du rachat de Flammarion, où il avait publié ses précédents romans, par Gallimard.En fait, c'est sur l'office du 6 septembre que je place mes plus grandes espérances. Il y aura là les nouveaux romans de Fabienne Jacob (L'averse), très remarquée pour ses précédents, d'Alain Blottière (Rêveurs), à qui ses lecteurs sont fidèles pour de bonnes raisons littéraires, et surtout de Pierre Jourde (Le maréchal absolu), pour rappeler que l'auteur de La littérature sans estomac n'est pas seulement un commentateur sévère des écrivains contemporains mais qu'il est aussi un amoureux d'une langue pratiquée avec enthousiasme et appétit. De l'estomac, il en faudra pour les 740 pages d'un livre qui commence en fanfare:
Allons, parle, Manfred-Célestin, vieille pacotille, dis quelque chose, n'importe quoi, tu es plus disert d'habitude. Qu'est-ce qui t'arrive? Ah ça, pourtant, d'habitude, on peut dire que tu m'en racontes! Tu la trembles sans t'arrêter, ta plainte sempiternelle. Robinet à bout de course, mais qui s'obstine à crachoter jour et nuit son filet brunâtre, au prix de force convulsions. Tu es mon secrétaire particulier, à ce qu'il paraît. Ça, pour ce qui est de sécréter, tu sécrètes. Tu sécrètes particulièrement. C'est même ta principale activité dans l'existence.J'en oublie, à coup sûr. Je n'oublie cependant pas de noter que Gallimard est moins frileux que nombre de ses confrères sur le terrain des premiers romans. Alors qu'il en paraît moins que l'an dernier dans cette rentrée, à Aurélien Bellanger se joignent, sous la traditionnelle couverture blanche filetée de rouge, Clélia Anfray (Le coursier de Valenciennes) et Maria Pourchet (Avancer). Et un encore chez Verticales, une maison appartenant à Gallimard: Branta bernicla, de Pascal Guillet. Et un autre à L'Arpenteur: Le couvre-feu d'octobre, de Lancelot Hamelin.Il y aura aussi un nouveau roman de Joy Sorman (Comme une bête) et, à L'Arbalète, le deuxième roman de Gaëlle Bantegnie (Voyage à Bayonne). Puisque j'avais beaucoup aimé son premier (France 80), je lirai celui-ci avec un a priori favorable.