Depuis la signature du second accord qui le lie à la Cedeao, accord qui lui consacre le statut d’ancien chef d’Etat et qui confie la gestion de la Transition à Dioncounda Traoré, le capitaine Sanogo ne cesse de peser sur l’échiquier politique en actes et par esprit.
Quelques jours seulement avant la fin de la période intérimaire, les manifestants hostiles à la désignation de Dioncounda Traoré par la Cedeao comme président de la transition ont pris d’assaut le palais de Koulouba jusqu'à atteindre à l’intégrité physique de son occupant. Le Capitaine Sanogo a, dans un communiqué condamné cet acte d’agression et appelé les Maliens à se conformer à l’accord et à respecter les institutions de transition. Une position qui ne semble ne pas convaincre les détracteurs de l’homme au béret, convaincus que ce dernier tirerait en douce les ficelles, misant sur le scénario de pourrissement lui permettant de reprendre la main. Qui plus est, la Coordination des organisations patriotiques du Mali, (Copam, proputsch), demande à l’actuel titulaire officiel du poste, Dioncounda Traoré, de céder sa place.
En réunion quasi-permanente depuis le 21 mai, les membres de la Coordination des organisations patriotiques du Mali, (Copam), soutiens du capitaine Sanogo, ont décidé d’investir l’auteur du coup d’État du 22 mars comme président de la transition. Il remplacerait ainsi Dioncounda Traoré, encore titulaire de ce poste et en convalescence parisienne à l’heure où nous mettions sous presse.Selon le scénario dessiné par ses partisans, Amadou Sanogo aurait pour mission le recouvrement de l'intégrité du territoire malien avec l'ensemble de l'armée, alors que le pays est coupé en deux suite au coup d’État du 22 mars, orchestré par le même Sanogo. Celui-ci serait ensuite chargé d'organiser, avec une administration neutre et impartiale, des élections transparentes et crédibles, selon le texte. L’évocation de sa nomination par ses partisans, à laquelle il n’avait pas encore réagi quand s’écrivaient ces lignes, fragilise un peu plus encore une transition sous tension depuis l’agression de Dioncounda Traoré, lundi 21 mai dans son bureau à Bamako, par des partisans du coup d'État du 22 mars, opposés à son maintien au pouvoir.Nous avons contacté l’entourage du capitaine à Kati QG de l’ex junte dirigé par Sanogo qui visiblement ne fait pas de commentaires, mais nous assure simplement que le capitaine Sanogo n’est plus un obstacle et n’est ni de près ni de loin artisan de ces manoeuvres. Selon cette source proche du capitaine Sanogo qui a requis l’anonymat, elle estime que le peuple Malien est libre de manifester et de faire savoir son avis sur l’avenir du Mali …Qu’a cela ne tienne, il sied de constater que la situation d’imbroglio politique qui prévaut actuellement au Mali complique plus que jamais la tâche du gouvernement du Premier ministre Cheick Modibo Kéita et de la Cédeao que les partisans de Sanogo accusent d’avoir imposé au Mali une transition politique .Si cette voie Sanogo persiste, l’on craint que l’issue de la crise ne soit extraconstitutionnelle. Le maintien du président Dioncounda qui bénéficie de la légitimité parce qu’ élu président de l’Assemblée et investi par la Constitution comme président par intérim suite au constat de vacance du pouvoir, permet de sauver les apparences. La Constitution malienne qui n’avait pas prévu une telle situation inédite (et qui proscrit naturellement le putsch), impose le maintien du président Dioncounda. A noter que le MNLA ne conteste pas la légitimité de l’ancien président de l’assemblée nationale, estimant qu’il serait en mesure de conduire les discussions avec le mouvement séparatiste qui occupe une des villes du nord Mali.Pour la grande majorité des Maliens, Dioncouda est un produit du régime déchu et fait partie de toute cette classe politique corrompue et moribonde qu’elle rejette. C’est dans cette optique que cette frange soutient le capitaine Sanogo dont une partie des organisations pro putsch ont décidé vendredi d’investir Sanogo comme président et s’engage à organiser la cérémonie de son investiture dans les jours avenirs. C’est sans nulle doute dans ce contexte que le Premier Ministre Cheick Modibo Diarra a entamé une tournée en Afrique de l’Ouest en vue certainement de juguler cette nouvelle crise qui pointe à l’horizon dont Sanogo resterait le mystère malien.RODRIGUE FÉNELON MASSALA, BAMAKO