Une version appliquée des "Bonnes" de Genet...

Non, l'été à Paris, il n'y a pas que Georges Beller et Henri Guybet à l'affiche... 

Sur le plateau du Lucernaire, deux jeunes comédiennes, Marie Fortuit et Violaine Phavorin, incarnent avec fougue et conviction les célèbres domestiques de Jean Genet. Aux côtés de l'excellente Odile Mallet, qui est Madame, elles nous offrent, sous la direction de Serge Gaborieau et Armel Veilhan, une représentation assez juste de ce drame qui manque toutefois parfois de profondeur, de complexité, et pourrait davantage prendre son temps. 

Tout le monde connaît l'histoire de ces soeurs, Claire et Solange, qui projettent de tuer leur maîtresse, après avoir fait emprisonner son amant. Au cours d'un jeu de rôle  exutoire où, tour à tour,  chacune incarne Madame, s'échappant quelques instants de son rang et faisant subir à l'autre, non sans un certain sadisme, toutes sortes d'humiliations, elles mettent au point le scénario qui leur permettra d'éliminer celle qu'elles jugent responsable de leur condition et de leurs souffrances.

La mise en scène est rigoureuse et a raison de mettre en avant certains apects plutôt drôles de la pièce. Le trio, surprenant de jeunesse d'une part et de fantaisie de l'autre, fonctionne indéniablement, porte avec efficacité ce conte cruel, même si l'on eut apprécié que les comédiennes approfondissent l'exploration de la noirceur des âmes de leurs personnages, ainsi que des rapports qu'ils entretiennent . De ce côté-là, nous restons un peu en surface. C'est dommage car l'ensemble aurait sans doute gagné en intensité.
Reste un spectacle de belle facture, intelligent, plutôt prenant, s'appuyant sur un monument de la littérature théâtrale, que vous pourrez découvrir ou rédécouvrir, puisqu'il s'agit là d'une reprise, jusqu'au 1er septembre.
N'hésitez pas.

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Photo : Julien CAUVIN