Vendredi 6 juillet 2012
Propos du père François
C’est dans ma Bretagne pluvieuse, assis au coin de mon feu de cheminée, que j’ai appris que Bartolone était parvenu à enfiler les vêtements, manifestement trop grands pour lui, de Président de l’Assemblée Nationale.
On aura décidément tout vu et je commence à me faire une idée précise du niveau moyen de nos représentants, d’autant que les prédécesseurs de Barto n’étaient pas, eux non plus des lumières (je veux parler de Bernard Accoyer et de Jean-Louis Debré).
Bartolone aura eu, avec l’élimination de Ségolène Royal, autant de pot que Hollande avec celle de Strauss-Kahn.
En somme, ils sont tous deux des élus par défaut, avec cette différence que Hollande est tout de même d’une autre stature que l’autre et qu’il n’a pas cette allure d’apparatchik qui trahit les origines de notre nouveau député. 1)
Il a eu une chance extraordinaire, Bartolone, car le poste ne lui était absolument pas destiné puisque le nouveau pouvoir en place le réservait à Marylise Le Branchu (une bretonne des Côtes-d’Armor, femme de valeur, elle !) qui n’en a pas voulu, expliquant que, pour elle, il était beaucoup plus important de « faire » (en étant ministre) que de « paraître » en prenant le « perchoir » qui, comme son nom l’indique, est un poste essentiellement honorifique, bling-bling pour tout dire, où, si l’on est comblé d’honneurs et d’avantages divers 2), on est sans prise directe sur le pouvoir réel.
Le nouveau président a aussitôt déclaré que « devant tout à la République, il allait désormais s’appliquer à tout lui rendre », en commençant, sans doute, par
faire rembourser à sa femme, le salaire qu’il lui faisait verser par le Conseil Général du 93 par simple fait du prince (à ce propos, je demande à mes amis, mieux placés que moi, de suivre la trajectoire de Mme Barto et de m’informer si elle reçoit une nouvelle affectation indue.) 3)
L’occasion est bonne, en tout cas, pour revenir sur le personnage de Bartolone.
Il y avait, en effet trois candidats (le 4ème, ami de Philippe , ne « comptant que pour du beurre ») : Bartolone, Jean Glavany et… Elizabeth Guigou, contre laquelle les deux premiers firent aussitôt front commun, l’attaquant avec violence (au lieu de développer leur propre programme). 4)
Bartolone déclarait que Guigou « est toujours candidate à tout » (on appréciera l’attaque, venant de quelqu’un dont c’est précisément le portrait, et qui, nouveau Jack Lang, a fait de la communication le pivot de sa carrière, multipliant les interventions, les photos *, et se déclarant toujours prêt à prendre la parole sur tous les sujets, même sur ceux qu’il ne connaît pas), cependant que Glavany, avec une intelligence stupéfiante, ajoutait que « ce qui compte, c’est l’adéquation d’un homme pour un poste, et que cela ne se mesure pas à la longueur des cheveux ou de la jupe ». 5)
La voilà la vraie parité des socialistes, et leur féminisme.
Je n’épiloguerai pas, préférant renvoyer Glavany à sa courte honte et à sa vulgaire bêtise. 6)
Je préfère rechercher les vraies raisons de la méchanceté des deux lascars.
Être en concurrence et se bagarrer comme au moment des primaires socialistes par exemple, même si certains ont déjà dérapé, cela se comprend.
Mais là, on sent bien qu’il y a autre chose.
Voici mon hypothèse.
Il y a d’un côté une femme belle, intelligente, d’origine manifestement bourgeoise, et dont « les bonnes fées se sont penchées sur le berceau ».
Elle n'a pas eu à « en baver », a fait l’ENA, et s’est retrouvée tout naturellement aux côtés de « tonton » qui a assuré sa promotion. 7)
De l’autre, il y a d’abord Barto, le petit Barto, d’origine modeste, qui n’a pas fait d’études brillantes, mais qui, tout petit, a appris qu’il fallait se bagarrer sans faire de cadeau si on voulait arriver.
Pour ce faire, il s’est mis dans la roue de Fabius, dont il a été, pendant de longues années l’homme à tout faire, le chaouch, celui qui prend les coups, qu’on envoie au casse-pipes et qui avale les couleuvres.
Ce n’est que lorsqu’il a compris que Fabius ne serait jamais le numéro un (et non à la suite de je ne sais quelles divergences idéologiques…) qu’il s’est séparé de lui et a décidé de voler de ses propres ailes 8), en fonçant, sans faire de cadeaux à personne ni s’attarder sur les grands principes (entre mille autres choses, souvenez-vous de la façon dont il a viré Guigou de notre circonscription avec la complicité de la maire Valls ; revoyez-le, toujours en compagnie de la maire, rallumant les bougies du chandelier à neuf branches lors de Hannouka, devant la communauté juive tout émue, cette même communauté dont le responsable appelait, quelques mois plus tard, à voter pour lui aux législatives). 9)
Sur Glavany, je serai moins prolixe, ne le connaissant pas bien.
Je sais seulement qu’il est lui aussi d’origine modeste, qu’il n’a pas fait l’ENA et qu’il en a bavé des ronds de chapeau pour arriver. 10)
Il était en effet (comme Anne Lauvergeon ; voyez où ça mène…) chef de cabinet de Mitterrand, le « chaouch », lui aussi, celui qui est chargé des besognes médiocres (je le revois, lors de l’inauguration d’un terminal à Roissy, cependant que nous expliquions le déroulement de la cérémonie, continuant à s’enquérir de la proximité des chiottes 11), ce qui nous confirma dans la certitude que le Président avait de très sérieux problèmes de prostate…)
De tels services se paient ; voyez Lauvergeon ; voyez Glavany.
Ils expliquent aussi la terrible rancœur de ceux qui ont été ainsi contraints de s’humilier, contre ceux qui n’ont pas eu à le faire.
La bagarre du perchoir, c’est la bagarre des énarques contre les primaires, celle des bourgeois contre les prolos.
Ça vous aurait presque des allures de 1789 si l’on ne nageait pas dans une telle médiocrité.
Pauvre Elizabeth, j’espère que tu auras ta revanche ; après tout, Hollande est de ton clan et te réservera peut-être un lot de consolation.
En tout cas, contre les réseaux de Bartolone, tu ne pouvais pas grand-chose 12), d’autant que l’Élysée, une fois Ségolène éliminée, ne voulait surtout pas se laisser entraîner dans un combat douteux.
Des gens qui « sont nés avec une cuiller d’argent dans la bouche » nous en avons aussi à Romainville, dans notre conseil municipal.
Cherchez bien, vous trouverez vite à qui je pense…et demandez-vous ce que l’avenir leur (lui) réserve.
En attendant, si j’étais Bartolone, et si je lisais les Propos du Père François (ce dont je doute fort, un Président de l’Assemblée Nationale ayant d’autres chats à fouetter), je lui chanterais le poème de Corneille, aménagé et mis en musique par Brassens, et qui dit : « Je t’emmerde en attendant ».
Ainsi va le monde ; ainsi va la vie.
Salut à tous
François Le Cornec
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Commentaires deMaurice (avec l'approbation de François)
1) es-tu sûr que Hollande soit d'une autre stature que Bartolone ? Au moins pour le second, il a assumé des fonctions ministérielles.
2)surtout d'avantages divers comme tu les appelles, et en 1er, les indemnités et avantages ! Peu doivent le faire pour le bien des citoyens.
3)peut-être qu'un secrétariat quelconque l'attend ?
4)à regarder l'activité de Bartolone et Élisabeth Guigou lors de la dernière mandature, il n'y a pas photo dans l'activité de chacun, comme quoi les compétences ne s'inventent pas !
5)et ensuite, ils osent venir donner des leçons de bonnes conduites ou de civilités ?
6)a-t-il autre chose pour rattraper tout ça ce brave homme ?
7)faire l'ENA n'est pas gage de compétences !
8)il a changé de cheval en cour ? Est-il sûr d'avoir choisi le bon cette fois, qu'il ne se fi pas aux apparences
9)et tout ça dans la salle des fêtes de la mairie, mairie qui est le symbole de la France, état laïque !
10)tu cherches à nous tirer des larmes ? Il a été comme beaucoup, point.
11)peut-être craignait-il un attentat ?
12)il paraît que Bartolone a appelé presque tous les députés PS toute la nuit pour faire valoir ses compétences ! Il aurait dû mettre autant d'entrain pour sauver Panotel !