«Je pense qu’il y a des Ivoiriens qui croient en moi et j’ai encore une partition à jouer en Côte d’Ivoire.»
C’est l’aveu lâché par Charles Blé Goudé, depuis son mystérieux lieu d’exil en conclusion d’une interview à Jeune Afrique.
Dans un courrier adressé à Charles Konan Banny, le président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR), le leader des Jeunes patriotes (partisans deLaurent Gbagbo) confirme cette ambition.
Dans cette lettre en date du 10 juillet 2012 et rendue publique par Abidjan.net, celui qui se définit comme«opposant en exil forcé», se déclare plein de bonnes dispositions:
«Je n’hésite pas à vous tendre la main, afin de jouer ma partition et vous accompagner dans votre difficile mission de réconcilier les Ivoiriens. Je le fais dans l’intérêt supérieur de notre pays, comme je l’ai fait par le passé.»
Cependant, Charles Blé Goudé dénonce ce qu'il considère comme une manœuvre du pouvoir en place de faire ralentir le processus de réconciliation. Il l'accuse, par exemple, de persécuter ses disciples du Congrès panafricain des jeunes patriotes (COJEP), mouvement qu’il a créé pour soutenir l’ancien président.
«Sur la base de dénonciations calomnieuses et mensongères, nos camarades sont traqués et enlevés, de jour comme de nuit, puis conduits vers des destinations inconnues, où ils subissent les pires sévices et autres traitements inhumains.»
Autant d’éléments, estime-t-il, qui freinent une véritable rédemption après la crise postélectorale pendant laquelle les Ivoiriens se sont entredéchirés.
Charles Blé Goudé ajoute, dans sa lettre:
«Lentement, mais sûrement, le régime est en train de créer les conditions d’une implosion sociale et politique. Son entêtement à traquer, emprisonner et à vouloir en finir avec tous les pro-Gbagbo en étant les principaux ingrédients.»
Celui qui continue de garder la tête des Jeunes patriotes de Laurent Gbagbo se déclare prêt à rencontrer Konan Banny, le président de la Commission vérité et réconciliation.
Fin juin 2012, dans un entretien avec l’AFP, celui que l’on surnomme le «général de la rue» avait affirmé être «prêt» à clamer son innocence devant la Cour pénale internationale (CPI), en cas d’accusations d’incitation à la violence durant la crise meurtrière de 2010-2011.
«Je ne me reproche rien, avait-il déclaré, sûr de lui, (…) Je ne suis pas un partisan des armes, je n'ai jamais entretenu une seule milice. Si pour avoir organisé des marches de protestation, la CPI veut bien m'inviter, je n'ai aucun problème à comparaître devant la CPI.»
Lu sur Abidjan.net, Jeune Afrique, AFP