Carrefour, qui a limité le repli de son chiffre d’affaires au deuxième trimestre grâce à l’Amérique latine, a rassuré le marché jeudi en confortant le consensus des analystes sur son résultat opérationnel annuel.
Carrefour – Photo Reuters
Alors que nombre d’analystes craignaient que leurs prévisions ne soient trop élevées, compte tenu de la très forte dégradation de la consommation en Europe du sud, le groupe a fait savoir, par la voix de son directeur financier, qu’il était « confortable » avec un consensus compris entre 2,03 et 2,09 milliards d’euros pour l’exercice en cours.
A ce niveau, le résultat opérationnel courant 2012 accuserait une baisse comprise entre 5% et 8%, après une chute de 19% en 2011. Le consensus Reuters ressort quant à lui à 2,08 milliards.
« C’est clairement positif, car le marché avait peur d’une révision à la baisse », soulignent les analystes de la banque Espirito Santo, pour qui les ventes trimestrielles sont « faibles mais pas pires qu’attendu ».
Cette indication a été saluée par le marché: le titre Carrefour, qui a perdu 25% de sa valeur depuis le début de l’année, rebondit fortement et s’adjuge 5,5% à 13,92 euros vers 10h30, dans un marché quasiment stable (-0,11%).
Le numéro un européen de la distribution a vu ses ventes reculer de 3,3% en France et décrocher de 7,4% en Espagne et de 4,3% en Italie.
Mais ces baisses ont été partiellement compensées par la progression enregistrée en Amérique latine (+6,9%), tandis que la contre-performance du groupe en Chine s’est poursuivie avec un recul de 3,6%.
Continuation du recul des hypermarchés en France
En France, comme le craignaient les analystes, Carrefour n’est pas parvenu à enrayer la baisse des ventes de ses hypermarchés, l’un des gros points noirs du groupe, qui comptent pour près du quart de son chiffre d’affaires. Leur repli a atteint 5,7% en données comparables hors essence, après un recul de 5,8% au premier trimestre.
Le problème central pour Carrefour, comme pour les autres distributeurs, consiste à protéger les marges alors que les volumes de ventes reculent en Europe et que les baisses de coûts sont limitées.
Mais chez Carrefour, ces difficultés sont amplifiées par un double handicap: sa forte exposition aux marchés d’Europe du Sud (Italie et Espagne), touchés de plein fouet par la crise, ainsi qu’au format d’hypermarché en France, le plus sensible à la dégradation de la consommation, en particulier dans les produits non alimentaires.
L’Europe du Sud et la France pèsent pour près de 60% dans les ventes et le résultat opérationnel du distributeur, qui vient d’annoncer sa sortie de la Grèce au prix d’une charge de 220 millions d’euros.
L’ampleur du chantier de redressement est telle et l’environnement économique si dégradé que les analystes n’attendent aucun redressement rapide des performances du groupe. Son nouveau PDG, Georges Plassat, s’est d’ailleurs donné trois ans pour y parvenir.
Il a d’ores et déjà laissé entendre que, pour retrouver une marge de manoeuvre, pouvoir investir et affronter la concurrence, Carrefour pourrait sortir de certains pays comme la Turquie ou l’Indonésie, mais aussi tailler dans ses coûts.
Les détails du plan stratégique du groupe sont attendus le 30 août, à l’occasion de la publication de ses résultats semestriels.
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