Préserver une éducation libre et ouverte est un impératif pour la France. Depuis Condorcet, l’éducation a été une des politiques façonnant la nation française. Aujourd’hui, l’éducation à la française doit pouvoir s’épanouir grâce aux nouvelles technologies et nouvelles pédagogies, sans craindre pour ses valeurs.
Cependant, l’évolution du numérique et les nouveaux possibles qu’il ouvre pour les pratiques éducatives posent le problème du choix du système d’exploitation, des applications et du matériel. Le choix pour l’administration se joue entre des systèmes ouverts, sous Linux par exemple, avec des logiciels libres et des licences Creative Commons et des écosystèmes fermés comme celui d’Apple. Pourtant, Apple et le ministère de l’Education nationale ont signé un accord-cadre en 2004, ce qui positionnerait Apple dans une position de force. Or, depuis 2004, les technologies et les produits d’Apple verrouillent les consommateurs dans un système fermé.
Choisir Apple pour équiper nos écoles présente deux risques majeurs. Le premier est la fuite de nos données, maîtrisées par une firme privée américaine. Si Apple utilise les notes de tous les élèves français, cela représenterait pour lui une force de recrutement énorme et une capacité d’attraction des étudiants aux Etats-Unis. Le second risque est le formatage de notre éducation et de notre pédagogie en iConnaissance : dépendant du système développé par Apple, nous n’apprendrions que par son canal.
Plus largement, la volonté d’Apple de contrôler l’économie de la connaissance – et donc de l’éducation – s’inscrit dans un soft power américain, aux côtés de Google et d’Amazon.
S’instruire, s’informer et se cultiver par leurs biais va à l’encontre de l’exception culturelle française. Celle-ci avait déjà favorisé la mise en place de quotas dans l’audiovisuel et le cinéma, est-ce que restreindre l’entrée de ces trois géants est une solution ? Si tel est le cas, la nomination de Sylvie Hubac à la tête du cabinet du président François Hollande est une bonne nouvelle – ses réflexions avaient en effet alimenté la loi de 1994 sur les quotas.
Avant de mettre en place une politique de lobbying en faveur des quotas, il faut mettre en avant les failles d’Apple et démontrer le danger qu’il représente pour notre éducation.
Nous avons défini douze failles, exploitables séparément ou de façon combinée. Parmi elles, nous mettons en valeur la fermeture du système d’Apple, qui amènerait à une standardisation de la connaissance, elle-même devenue un outil de consommation. Avec Apple, le savoir deviendrait payant. Plus loin, le format Apple appauvrirait la connaissance, l’esprit critique et la curiosité de notre école : la iConnaissance prendrait le relais. Enfin, en choisissant Apple pour notre éducation, nous donnons non seulement nos données à un acteur étranger, mais nous négligeons en plus les projets existants sur notre propre territoire.
Suivre les personnes et acteurs interviewés dans le cadre de cette étude est capital : encourager la création d’une fédération des professionnels de l’Education et de la Formation numérique aux côtés de Cap Digital, promouvoir les tablettes françaises fabriquées en France comme Qooq sont des actions capitales pour proposer une alternative au système Apple.
Des solutions alternatives, dans un système ouvert et libre, à l’image des valeurs de notre éducation.