Le Sahara, mère de la forêt amazonienne

Publié le 12 juillet 2012 par Jmlire

" La forêt amazonienne est un paradoxe qui a longtemps déconcerté les biologistes. C'est la plus luxuriante des forêts du monde et, pourtant, elle s'est développée sur l'un des sols les plus pauvres : la latérite rouge. Il a fallu attendre les années 1990 et le développement de l'observation par satellite pour que son secret soit enfin percé. Si les plantes arrivent à s'y développer malgré la pauvreté et l'infertilité des sols, c'est grâce aux millions de tonnes de poussières minérales qui s'y déposent chaque année, apportant les indispensables nutriments que sont le phosphore, le potassium, le calcium et le magnésium. Le plus incroyable, c'est que toutes ces poussières proviennent du Sahara : elles sont soulevées lors des tempêtes de sable qui y font régulièrement rage - une seule tempête pouvant apporter près de 500 000 tonnes de poussières au coeur de l'Amazonie ! Depuis 2010, on sait même d'où proviennent, très exactement, la plupart de ces poussières qui nourrissent la plus grande forêt du monde. Des chercheurs israéliens sont en effet parvenus à identifier les régions sources de poussières et à estimer l'intensité du soulèvement à partir d'images satellite. Résultat : près de 50% des nutriments nécessaires au bon développement des arbres et autres plantes tropicales proviennent de la dépression du Bodélé, située près du lac Tchad, indique Ilan Koren, chercheur à l'Institut Weizmann, en Israel. De fait, la dépression du Bodélé faisait autrefois partie du lac Tchad et sa minéralogie particulière facilite le soulèvement des poussières. D'après les scientifiques, elle est active tout au long de l'année et surtout l'hiver, période au cours de laquelle 700 000 tonnes de poussières environ peuvent y être produites chaque jour. Ainsi, la plus grande forêt du monde doit l'abondance de sa végétation aux poussières d'une toute petite région désertique et désolée du fin fond du Sahara, qui représente à peine 0,5% de sa surface.

Science et Vie n°1134, mars 2012 : extrait de l'article " ces poussières qui gouvernent le monde "


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