Vu d’en haut

Publié le 12 juillet 2012 par Gentlemanw

Ferveur du matin, après une rame quasi vide, où je pouvais lire mon nouveau FEMME MAJUSCULE, je dois soudainement me lever devant une invasion de touristes, de travailleurs, d’anonymes envahisseurs. Fini les escarpins à brides vernis rouge aperçues ce matin, avec un vernis orangé impeccable sur les orteils, des chevilles bronzées, un chainette en fil tissé sur l’une d’elles.

Je prends de la hauteur, debout contre la banquette, près de la porte,je plie mon magazine, je ne peux que vous regardez. Accrochées à vos barres verticales sans volonté de pole dance, ou parfois ancrées par de lourdes valises, je suis vos vagues dans les virages de notre serpent souterrain. Le métro inondé de lumières arrose vos épaules, un bleu de leds au milieu des points d’accrochages. Vous avez toutes misé sur ce soleil d’été, le bronzage parle de vos vacances, commencées ou finies, de vos pauses déjeuners pour rattraper les dernières semaines. Un festival de bretelles, de féminité !


Ici une fine double bretelle de satin blanc, marquant à merveille le caramel du creux de l’épaule, un souvenir de la piscine de la mer, avec cette robe bleue qui était peut-être paréo. Je ne vois pas plus bas, a-t-elle adopté sa légèreté pour le bureau, avec un jean slim et des sandales ?

Là une bretelle plus mutine, fluo entre jaune vif et orange surprenant, la jeune femme dévoile ses bras intégralement avec ce tee-shirt à emmanchures américaines. Imprimé d’une tête de people faisant la moue, elle imite à la perfection avec sa bouche rose. Visage de jeune femme, les cheveux blonds retenus par un habile nœud de cuir rose.

Une autre robe, un gilet gris, deux personnes plus âgées, plus frileuses peut-être, elles sont hors jeu. Je suis le terrain ouvert à moi, à ma vue, une jeune femme vient de retirer sa veste sur une robe stricte, droite, impeccable dans un bleu marine qui ferait facilement office d’uniforme d’hôtesse. Son maquillage, sa coiffure courte, tout est irréprochable, comme le grain de la peau de ses épaules. Et cette bretelle noire, large, aperçue sous le tissu, avec un froufrou de dentelle. Elle porte une poitrine véritable, lourde de volupté, un bonnet qui saute plutôt à la cinquième lettre de notre alphabet. Elle a un regard perdu dans le noir des tunnels.

Ici encore une forêt de cous, de têtes, de chevelures longues ou courtes, de chignons lisses et de cheveux ingnorants la brosse, je papillonne dans cette canopée. Là encore une bretelle blanche, si fine, si relâchée, comme si aucun poids ne l’emmenait vers le bas, aucune pesanteur, un tee-shirt plat, un casque vissé sur la tête, un, non deux piercings dans le nez. Un coton sobre, un accessoire de l’inutile peut-être. Elle est ailleurs.

Juste à ma droite, une quadra souriante, avec son sac sur une épaule, sa veste posé dessus, elle lit ses messages, tapote d’une main sur son blackberry. Elle sourit, elle se renfrogne suivant ses lectures. Son chemisier en satin ivoire s’ouvre à mes yeux, un bouton oublié, mutin ce matin peut-être ? Je ne vois pas les bretelles, mais juste un coin de dentelle, un modèle si chic, si beau de chez Lise Charmel. La coquetterie l’enveloppe comme mon regard.

Ma station approche, je me glisse dans cette marée humaine, saute une valise comme une ultime haie, laissant deux femmes s’embrasser en toute beauté, leurs robes s’embrassant aussi, leurs bretelles dans le même mouvement de leurs épaules. Deux bronzages complices.


Je sors sur ce quai, et là je regarde le mur, une grande publicité pour de la Lingerie.

Nylonement