La maison Talitres est porteuse de multiples magnifiques projets indés, c’est notamment “eux” Ewert and The Two Dragons, Emily Jane White, The Walkmen et autres National, j’abrège car clairement leur catalogue est très riche, et c’est donc aujourd’hui deux de leurs artistes que nous souhaitions vous présenter.
Tout d’abord une petite bichette britannique, Rozi Plain. Comment vous décrire la musique de cette jeune femme ? Peut-être comme ça: allongez-vous sur une barque, sur un lac aux rives verdoyantes, avec des grands arbres, des saules pleureurs, du vent tout doux dans les feuilles, un de ces lacs dont les fonds sont envahis de grandes algues qui viennent affleurer à la surface de l’eau… Donc vous êtes allongés, ça sent bon l’herbe coupée, le soleil joue dans les feuilles, et votre main traine tranquillement à la surface de l’eau, surprise de temps en temps par le chatouillis des grandes algues… Et bien la BO parfaite de cet instant, ce serait Rozi Plain et son nouvel album, Joined Sometimes Unjoined. La voix est douce, un peu mutine parfois mais pas trop sucrée, la guitare électrique est utilisée en mode berceuse, l’univers est folk, un peu perché sans être totalement barré ! Le rythme est souvent très doux mais souriant, jamais nostalgique ou sombre. La guitare de la demoiselle est la deuxième lead-voice de cet album, et les accompagnants choeurs, cuivres ou ukulélé collaborent à ce sentiment de bien être. Devendra Banhart avait élu son premier album Inside Over Here dans ses albums préférés de l’année et il l’emmena en tournée pour assurer sa première partie. On comprend pourquoi, et en attendant de pouvoir effectivement déguster ses chansons en live, allez louer une barque et fermez les yeux…
Ensuite direction les Etats Unis avec Will Stratton et le délicieux Post Empire. Dès la première écoute, les fans de folk, de mélodies complexes et de songwritting élégant vont tomber amoureux, irréversiblement… Les instruments sont nombreux, parfois le piano nous rapproche de la musique d’un Sufjan Stevens avec qui il a d’ailleurs colaboré, d’autre fois la guitare électrique vient tyranniser les violons, se mélangeant à un début de morceau pourtant calme jusque là. On ne peut s’empêcher de penser à Nick Drake dans la beauté des arrangements et les superpositions de strates musicales. Il parait idiot d’ajouter que la voix de Will est magnifique, pourtant il est difficile de ne pas le souligner tant elle est séduisante. L’univers de Rozi Plain était plutôt joyeux, ici la larme n’est jamais loin, non pas parce que sa folk est dark mais la sensation qui se dégage de ses morceaux est toujours en demi-teinte, même lorsque la guitare s’emballe, on imagine un Will plus sérieux qu’hilare. C’est vraiment le coup de coeur, sachant que comme moi, vous allez pouvoir rattraper le retard et vous gaver, Post Empire étant son 4e album ! Retrouvez-le ici http://willstratton.bandcamp.com/ où je vous recommande surtout “Tell me, Where do I begin”.