Comme Virenque, Rémy Di Grégorio est fin et élancé. Un grimpeur avec un tempérament d’attaquant, qui a mené de longues échappées, et révélé sous le maillot de la Française des Jeux par un succès d’étape au Tour de l’Avenir 2006. Un « espoir » du cyclisme français, disait-on, pensait-on. Beaucoup le comparaient déjà à son illustre prédécesseur sans qu’il n’en ait le dixième du palmarès, loin s’en faut. Mais ils n’avaient pas tout à fait tort car, sans avoir été déclaré positif, comme Virenque, le jeune Provençal se retrouve en garde à vue pour être impliqué dans un trafic de produits dopants en compagnie de deux complices, un « naturopathe » et un « transporteur-fournisseur » ! La belle équipe, comme à l’époque de Festina…
Il est à craindre désormais que l’asension vers les sommets de Di Gregorio (26 ans le 31 juillet prochain) ne se transforme en descente aux enfers. Son interpellation par la gendarmerie à l’hôtel de l’équipe Cofidis, à Bourg-en-Bresse, a réveillé les souvenirs de 1998. Tarascon-sur-Ariège, Chambéry. Les vieux démons de retour et le sport cycliste en ébullition en plein Tour de France.
Doit-on être stupide à ce point pour penser aujourd’hui qu’on peut échapper, comme jadis, aux contrôles mis en place par l’UCI et toutes les instances chargées de la lutte anti-dopage : le système Adams de localisation, les contrôles inopinés (matin ou soir) à domicile ou en course dans les hôtels des équipes, les prélévements sanguins annuels, les prélèvements après l’arrivée, le suivi longitudinal, le passeport biologique, etc.
Issu du Vélo-club "La Pomme Marseille", Di Gregorio est professionnel depuis 2005. On l’a vu très à l’aise sur les pentes du Mont Ventoux lors du Critérium du Dauphiné 2006. L’année suivante, il y fut sacré meilleur grimpeur, avant de devoir quitter son premier Tour suite à une fracture du coude (4ème étape). En 2008, seul et détaché au sommet du Tourmalet, il ne sera repris par les favoris qu’au début de la montée vers Hautacam. Transféré chez Astana en 2011, il obtint un succès d’étape sur Paris-Nice avant de rejoindre début 2012 la formation Cofidis pour laquelle il a terminé troisième du Tour des Asturies après avoir gagné une étape.
Il y a plus d’un an que Di Gregorio était sur écoute, surveillé de près par les gendarmes de la cellule chargée de traquer les trafics de produits illicites dans l’hexagone. Un travail de fourmi et de longue haleine. Mais pour la bonne cause et si important pour éliminer les brebis galeuses du vélo.
Bertrand Duboux