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Di Grégorio, la brebis galeuse

Publié le 11 juillet 2012 par Jeanpaulbrouchon

Comme Virenque, Rémy Di Grégorio est fin et élancé. Un grimpeur avec un tempérament d’attaquant, qui a mené de longues échappées, et révélé sous le maillot de la Française des Jeux par un succès d’étape au Tour de l’Avenir 2006. Un « espoir » du cyclisme français, disait-on, pensait-on. Beaucoup le comparaient déjà à son illustre prédécesseur sans qu’il n’en ait le dixième du palmarès, loin s’en faut. Mais ils n’avaient pas tout à fait tort car, sans avoir été déclaré positif, comme Virenque, le jeune Provençal se retrouve en garde à vue pour être impliqué dans un trafic de produits dopants en compagnie de deux complices, un « naturopathe » et un « transporteur-fournisseur » ! La belle équipe, comme à l’époque de Festina
Il est à craindre désormais que l’asension vers les sommets de Di Gregorio (26 ans le 31 juillet prochain) ne se transforme en descente aux enfers. Son interpellation par la gendarmerie à l’hôtel de l’équipe Cofidis, à Bourg-en-Bresse, a réveillé les souvenirs de 1998. Tarascon-sur-Ariège, Chambéry. Les vieux démons de retour et le sport cycliste en ébullition en plein Tour de France.  
Doit-on être stupide à ce point pour penser aujourd’hui qu’on peut échapper, comme jadis, aux contrôles mis en place par l’UCI et toutes les instances chargées de la lutte anti-dopage : le système Adams de localisation, les contrôles inopinés (matin ou soir) à domicile ou en course dans les hôtels des équipes, les prélévements sanguins annuels, les prélèvements après l’arrivée, le suivi longitudinal, le passeport biologique, etc.

Il aura toutefois fallu que la gendarmerie s’en mêle pour qu’une nouvelle affaire éclate au grand jour. Et certains ne manqueront pas de se gargariser de ce nouveau constat qui n’avantage pas la fédération internationale, limitée dans ses démarches et surtout empêtrée dans ses règlements de plus en plus nombreux et compliqués. L’UCI devra-t-elle encore se doter de moyens de police pour parvenir à faire tomber les tricheurs ? Et pendant ce temps-là, le football, l’athlétisme, la natation, le rugby, ah, ah, ah…Un sale coup pour le cyclisme qui peine à retrouver sa crédibilité auprès du public. Mais aussi un sale coup pour Cofidis et son patron, François Migraine, qui vient déjà de se séparer de son manager Eric Boyer au profit d’Yvon Sanquer. L’enquête dira s’il s’agit d’un cas isolé, comme l’affirme le nouveau responsable, ou s’il y a des ramifications à l’interne et si la French Connection est de retour ?
Issu du Vélo-club "La Pomme Marseille", Di Gregorio est professionnel depuis 2005. On l’a vu très à l’aise sur les pentes du Mont Ventoux lors du Critérium du Dauphiné 2006. L’année suivante, il y fut sacré meilleur grimpeur, avant de devoir quitter son premier Tour suite à une fracture du coude (4ème étape). En 2008, seul et détaché au  sommet du Tourmalet, il ne sera repris par les favoris qu’au début de la montée vers Hautacam. Transféré chez Astana en 2011, il obtint un succès d’étape sur Paris-Nice avant de rejoindre début 2012 la formation Cofidis pour laquelle il a terminé troisième du Tour des Asturies après avoir gagné une étape.
Il y a plus d’un an que Di Gregorio était sur écoute, surveillé de près par les gendarmes de la cellule chargée de traquer les trafics de produits illicites dans l’hexagone. Un travail de fourmi et de longue haleine. Mais pour la bonne cause et si important pour éliminer les brebis galeuses du vélo.

Bertrand Duboux


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