Terreur à l’opéra (Opera – 1987)
Le problème avec le giallo, c’est que ca tourne vite un petit peu en rond. Et que lorsqu’il y en a eu déjà quelques uns, ca devient difficile de se démarquer des autres. D’autant plus que pour ce Terreur à l’opéra, sa sortie vient bien après une floppée de films similaires, piratés par l’industrie italienne qui copie jusqu’à plus soif un genre qui rapporte. Evidemment le retour d’Argento aux commandes est de bonne augure, mais même pour le maître, ca va être difficile de faire renaître le genre de ses cendres. Et pourtant, il y arrive tant bien que mal. L’opéra est propice pour dégager une certaine atmosphère, même si parfois le petit Dario s’amuse à le filmer un peu n’importe comment; deux minutes de moquette rouge et des pieds qui marchent dessus, on se demande un peu où il veut en venir. Pas trop grave, car pour vraiment se démarquer des autres, il invente un meurtre particulièrement vicieux et qui identifie à lui seul le film pour de nombreux cinéphiles.
Et oui, la fameuse scène ou l’héroïne est obligée d’assister au meurtre de son amant, attachée, ligotée et incapable de fermer les yeux. Une scène épouvantable, insurmontable pour un « oeilophobe » comme moi. C’est vraiment une partie du corps que je n’aime pas voir en gros plan, mais ces petites aiguilles, là, c’est trop, je crois que c’est la torture suprême à mes yeux (c’est le cas de le dire!). Argento le sait, il insiste, nous martyrise à coups de plans démoniaques. Dieu merci je n’ai pas vu ça au cinéma, ca devait être encore pire (traduction: quel dommage que je n’avais que 10 ans à cette époque, nom de &@#^%!). Autre morceau de bravoure, une attaque de corbeaux qui permet de découvrir qui est le véritable assassin. C’est magnifiquement filmé et c’est une manière de désigner le coupable qui est assez originale et intense. Ces scènes à elles seules permettent au film de se distinguer, le reste étant de facture assez voire trop classique. Mais le giallo n’est toujours pas mort, merci Dario
Verdict: 7/10
Le sang des innocents (2001 – Non ho sonno)
Voilà le seul
Argento que j’ai pu voir au cinéma, en 2001 justement, lors d’une soirée fantastique qui se terminait aux aurores. Premier film au programme,
Avalon. La claque. Le dernier,
Versus, bien fun, mais un peu lassant à la longue (surtout à 5h du matin). Entre les deux, un film dont je ne me souviens plus, ma mémoire me fait défaut. Mais juste après
Avalon, la bobine du
Sang des innocents se met en route. Le dernier film d’
Argento étant assez moyen (il évite l’adjectif mauvais grâce à la présence de sa fille), on pouvait craindre le pire. Mais voilà que soudainement, le maestro se réveille et nous balance dans la gueule une intro de 20 minutes (!) furieuse et tendue, où il retrouve toutes ses possibilités comme par enchantement. Une prostituée tombe sur le mauvais client (le tueur du film), parvient à le calmer sans se douter qu’elle a affaire à un meurtrier et ramène une preuve par inadvertance pour finalement prendre la fuite en train. Là, elle découvre qui est réellement son client, d’abord en consultant les preuves et ensuite dans une poursuite entre les wagons bien crispante!
Un meurtre bien gore, on pense que c’est fini, mais non, une amie qui attendait à la gare s’ajoutera au tableau de chasse. Pffiou, on reprend son souffle, on va enfin faire connaissance avec les personnages principaux. 20 minutes où on se dit, «
Dario is back! Ca va péter!!! ». Malheureusement,
Dario n’a plus 20 ans, et comme une course à pied mal gérée, il pique un sprint monstrueux au début, mais finalement, il doit s’arrêter, les deux mains sur les genoux et le souffle haletant. Oh, il s’en sort encore bien, joue avec son public (quelques clins d’oeil à ses anciens films) et ses codes (les « règles » du giallo sont respectées à la lettre). Il joue également avec le fameux mythe du nain tueur (A quand une épisode de Joséphine ange gardien tourné par
Argento?), pour mieux manipuler son audience, et brouiller les pistes. Mais à force de trop en faire, le scénario en perd toute crédibilité, et l’explication finale laissera une impression de c’est-un-peu-gros-mais-on-s’en-fout. Et même si le vieux policier qui reprend de service est joué par une guest star de luxe (
Max Von Sydow), il n’en reste pas moins que l’enquête policière manque clairement de rythme, et voir un vieillard exposer ses théories à son fidèle perroquet n’arrange pas les choses.
Un retour en demi-teinte donc, mais difficile de parler de véritable déception (sauf pour ceux qui s’attendent à ce qu’Argento nous pondent des Frissons de l’Angoisse à tour de bras…)
Verdict 6/10
Soundwave
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