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[Critique] PIÉGÉE

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : Haywire

Note:

★
★
★
☆
☆

Origine : Irlande/États-Unis
Réalisateur : Steven Soderbergh
Distribution : Gina Carano, Michael Fassbender, Michael Douglas, Ewan McGregor, Antonio Banderas, Channing Tatum, Bill Paxton, Mathieu Kassovitz, Michael Angarano, Eddie J. Fernandez, Aaron Cohen, Anthony Brandon Wong, Natascha Berg, Maximino Arciniega…
Genre : Action/Thriller
Date de sortie : 11 juillet 2012

Le Pitch :
Agent spécial super balèze, Mallory Kane est trahie par ses employeurs à la suite d’une mission à haut risque. Désormais pourchassée par ses anciens collègues, Mallory n’aura de cesse de se venger et pourquoi pas, au passage, de se blanchir…

La Critique :
Depuis qu’il a évoqué le désir de se retirer pour se consacrer à la peinture et à la photo, Soderbergh tourne comme un forcené, en abordant de préférence une multitude de genres. C’est donc après Contagion et avant son trip sur les stripteaseurs, Magic Mike, avec Channing Tatum, que le réalisateur offre sa relecture perso du film d’agent secret. Le résultat encourage une certaine perplexité.

Voulant offrir un point de vue féminin, Soderbergh a confié le rôle principal à Gina Carano, une championne d’arts-martiaux mixtes, qui joue ici dans son deuxième long-métrage de fiction. Un premier rôle principal pour une athlète qui, sans éblouir par ses performances d’actrice, fait néanmoins preuve d’un grand charisme et d’une bel présence. Il faut dire que Soderbergh semble s’être amouraché de la belle combattante, tel un Tarantino avec une Uma Thurman. Son objectif lui est quasi-exclusivement dédiée. L’agent secret qui se fait piéger c’est elle et tous les autres acteurs ne sont là que pour la mettre en valeur.

L’histoire de Piégée est basique. Basique de chez basique. Elle suit peu ou proue la même trajectoire que celle d’un Jason Bourne. Pour l’originalité on repassera. Surtout si on prend en compte la relative passivité du cinéaste, quand il s’agit d’exploiter efficacement son pitch. C’est ainsi, après un début prometteur et fracassant qui voit Channing Tatum et Gina Carano se bastonner dans un bar de campagne, que Piégée s’enfonce dans un étrange marasme, trahissant une absence de point de vue gênante. En bref, le principal défaut du dernier Soderbergh est sans aucun doute son manque de personnalité.
Le réalisateur est bien derrière la caméra, mais semble peu concerné quand il s’agit d’asseoir son intrigue. Quand il filme son actrice principale en train de pulvériser les tronches des bad guys, Soderbergh suit par contre la chose avec la maestria dont il sait faire preuve. Du coup, les séquences où Gina Carano se bat, sont toutes super pertinentes et efficaces. Certaines d’entre elles étant carrément bluffantes. Brutale, la championne avoine sévère Michael Fassbender, Channing Tatum, Ewan McGregor et d’autres types, avec une conviction tout à fait respectable. Entre ces scènes-là, c’est le pilotage automatique qui prime.
Le long-métrage est traversé de plages musicales où les plans s’enchainent dans une indifférence polie. Puis vient une bagarre, qui à son tour laisse la place à une autre plage de calme un peu ennuyeuse.

Dommage quand on voit le casting. On le sait, Soderbergh possède un carnet d’adresses gros comme un annuaire. Ici, il convie à sa table le gratin du cinéma international. Il y a de l’espagnol (Banderas), de l’américain (Douglas, Tatum, Paxton), de l’écossais (McGregor), de l’irlandais (Fassbender) et du français (Mathieu Kassovitz). Des seconds rôles de luxe pour un film impersonnel et passif qui n’arrive que très rarement à exploiter le talent de ces derniers sur la longueur. Bon, bien sûr, on ne va pas faire la fine bouche en ce qui concerne Michael Fassbender, toujours très classe, ou encore Channing Tatum et Ewan McGregor. Pour autant, ces derniers sont vernis, car ils figurent dans les meilleures séquences du film. Michael Douglas fait de la figuration, Antonio Banderas cabotine sympathiquement, Bill Paxton est un peu aux fraises et Kassovitz joue au français de passage avec la conviction d’un type qui va déposer un chèque à la banque.
Gina Carano a le champs libre pour briller. C’est elle qui porte le film sur ses épaules et elle le fait bien. Malgré le scénario non seulement téléphoné, mais aussi bourré de clichés et malgré un réalisateur qui ne semble s’intéresser qu’aux entrechats de sa star féminine.
Pas de quoi sauter au plafond donc. Sans être totalement un film d’action, Piégée s’apparente plutôt à un thriller basique, nerveux par intermittence et trop porté sur les effets de style. En soi, Piégée sonne un peu comme un film d’action du genre de L’Effaceur, qui se donnerait des airs de trip indépendant pour cinéphiles friands de cinéma d’auteur.
Reste la révélation Gina Carano, effectivement impressionnante et principale bonne raison de payer pour voir le film.

Les trois étoiles de la note lui sont presque toutes dédiées.

@ Gilles Rolland

[Critique] PIÉGÉE

Crédits Photos : Relativity Media


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