Face aux caméras, François
Fillon et Jean-François Copé, rivaux pour la présidence de l'UMP, évitent le choc frontal. Mais en coulisses, les deux camps sont déjà à couteaux tirés. L'organisation de l'élection du président
du parti - prévue les 18 et 25 novembre - est l'objet d'une véritable bataille en interne. L'ex-Premier ministre soupçonne le secrétaire général de l'UMP d'utiliser les moyens du parti pour faire
campagne et de tout faire pour verrouiller le scrutin.
Dernièrement, des membres de l'équipe Fillon se sont entretenus avec le sénateur Patrice Gélard, président de la Commission d'organisation et de contrôle des opérations électorales (Cocoe) du
parti, pour lui faire part de leurs préoccupations. Déjà, mardi 3 juillet, François Fillon a envoyé un courrier en ce sens au sénateur. Il y a quelques jours, c'est le député de Paris Philippe
Goujon qui a décroché son téléphone pour se plaindre auprès du sénateur Gélard de la nomination de Géraldine Poirault-Gauvin et Jérôme Dubus, deux élus parisiens proches de Copé, en tant que
secrétaires nationaux, ce qui les fait entrer de facto au bureau politique. "Dans une période préélectorale, le secrétaire général devrait observer une certaine neutralité. Le bureau politique
est devenu une association des amis de Copé", s'agace Philippe Goujon. En guise de protestation, l'élu parisien ainsi que 28 de ses collègues ont envoyé un courrier à Jean-François Copé pour lui
demander de revenir sur ces nominations. Une copie de cette lettre - restée sans réponse à ce jour - a été transmise au président de la Cocoe. Autre point abordé par Philippe Goujon : l'envoi de
SMS de joyeux anniversaire à des membres des comités de circonscription. "Est-ce le nouveau plan de séduction de Jean-François Copé ? En attendant, il utilise les fichiers des adhérents UMP", a
expliqué l'élu parisien au sénateur Gélard. Interrogé à ce sujet par les journalistes mercredi, Jean-François Copé a expliqué que ce dispositif avait été mis en place il y a plus d'un an. "Je ne
veux pas le supprimer au motif que certains auraient du mal à convaincre" a-t-il ironisé.
Ambiance électrique
Un autre point de discorde entre les deux équipes porte sur l'organisation même du scrutin interne dans les fédérations. Pour les 18 et 25 novembre - dates auxquelles les quelque 264 000
adhérents UMP éliront leur chef -, l'équipe Fillon réclame "la mise en place d'un bureau de vote par circonscription" et soupçonne le camp adverse de faire blocage. "C'est faux. Nous sommes
favorables à ce qu'il y ait autant de bureaux de vote que possible dans chaque département", rétorque-t-on dans l'état-major du secrétaire général de l'UMP. Forts des bons sondages, les soutiens
de Fillon sont convaincus qu'une large participation jouera en faveur de leur champion.
Mardi soir, en annonçant que certaines modalités de l'élection de novembre avaient été arrêtées, la Cocoe a tenté de désamorcer les critiques du camp de l'ancien Premier ministre contre
Jean-François Copé. "La commission travaille en toute indépendance et reste ouverte à toute suggestion qui émanerait du bureau politique devant lequel elle rend compte régulièrement" a insisté
Patrice Gélard dans un communiqué. Dans le camp Fillon, on balaie cette mise au point d'un revers de main : "La Cocoe est composée de lieutenants de Copé. À ce stade, on ne suspecte personne de
ne pas être fair-play, mais soyons vigilants." "Toutes ces attaques sont des signes de fébrilité, Fillon n'est pas serein", interprète-t-on dans l'état-major de Copé. Ambiance.
Source : Le Point