RIP Ernest Borgnine, un acteur consciencieux

Tout le monde connaissait sa tronche de bouledogue sans forcément pouvoir y coller un nom. L’homme qui vient de décéder à l’âge respectable de 95 ans était un des seconds rôles les plus familiers du cinéma (et de la télé) américains depuis soixante ans, un « character actor » qui eu aussi parfois le premier rôle.
Né Ermes Effron Borgnino, d’origine italienne, le patibulaire Borgnine a tout fait : westerns, polars, peplums, aventures, mafia films, séries B, séries A, téléfilms, séries… Il fut l’un des Douze salopards (Robert Aldrich, 1967), membre honoraire de La Horde sauvage (Sam Peckinpah, 1969), ou guerrier navigateur chez Les Vikings (Richard Fleisher, 1958).
Pas franchement galbé pour faire les jeunes premiers, Borgnine jouait impeccablement les bad boys, les durs à cuire, les ignobles, les qui font peur. C’était sa spécialité, son emploi de référence. Mais il pouvait tout faire. Un fermier amish agressé par des bandits dans Les Inconnus dans la ville (Richard Fleisher, 1955), un boucher célibataire dans la comédie romantique Marty (Delbert Mann, 1955) pour laquelle il a décroché l’oscar du meilleur acteur, ou encore un retraité en croisière dans le film-catastrophe L’Aventure du Poséidon (Ronald Neame, 1972).
Il disait « peu importe qu’un rôle fasse dix minutes ou deux heures, et peu importe que mon nom soit en haut ou en bas de l’affiche. En fait, je préfère qu’il soit en bas parce que si le film est mauvais, ce n’est pas sur moi que tomberont les reproches ».
La filmo de ce grand sage est aussi longue que celle de John Ford, il tournait encore en 2012 et jouait le mermaidman dans la série tv Bob l’éponge. Il n’était pas une star, mais un acteur qui a consciencieusement, régulièrement et bien fait son job durant soixante ans. A la revoyure, earnest Ernest.
Younes.B