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LE PRINCE ÉCORCHÉ de Mark Lawrence

Par Phooka @Phooka_Book

L'empire brisé

Tome 1


LE PRINCE ÉCORCHÉ  de Mark LawrenceÉditions Bragelonne382 pages21 euros
Présentation de l'éditeur:
A treize ans il est le chef d'une bande de hors-la-loi sanguinaires. Il a décidé qu'à quinze ans, il serait roi. L'heure est venue pour le prince Jorg Ancrath de regagner le château qu'il avait quitté sans un regard en arrière, et de s'emparer de ce qui lui revient de droit. Depuis le jour où il fut contraint d'assister au massacre de sa mère et de son frère, il avance porté par sa fureur. Il n'a plus rien à perdre. Mais, de retour à la cour de son père, c'est la traîtrise qui l'accueille. La traîtrise et la magie noire. Or le jeune Jorg ne craint ni les vivants ni les morts. Animé d'une volonté farouche, il va affronter des ennemis dont il n'imagine même pas les pouvoirs. Car tous ceux qui ont pris l'épée doivent périr par l'épée.

L'avis de Phooka:
J'ai toujours été enthousiasmée par les coups de cœur de Stéphane Marsan mis en avant par Bragelonne pour promouvoir un roman (je suis bien consciente que c'est de la promo hein, ne soyons pas naïfs, mais en général c'est justifié). . J'avais adoré Farlander ou les chants de la terre. Donc lorsque Le prince écorché a été mis en avant, je n'avais qu'une hâte:  le découvrir.Ce fût chose faite grâce au partenariat offert par Livraddict. Un grand merci à eux et aux éditions Bragelonne.
Le prince écorché, c'est le récit  "autobiographique" de Jorg, 13 ans, chef d'une bande de malfrats on ne peut plus violents et sanguinaires, ses frères de route.  Pillages et tueries sont leurs compagnons de route et Jorg est sans doute le pire de tous, n'hésitant pas à tuer quiconque se met en travers de son chemin, y compris ses propres compères. Mais Jorg n'est pas "juste" un bandit ultra violent, il est aussi le fils du roi d'Ancrath. Il est bien décidé à regagner un jour son château pour prendre le pouvoir. Ceci étant, les rois ne manquent pas dans ce monde car chaque cité à son propre seigneur/roi qui passe son temps à guerroyer les uns contre les autres et/ou à créer des alliances qui durent ... ce qu'elles durent.
Le père de Jorg est un monarque puissant et sans scrupules, au point de faire alliance avec celui qui a massacré la mère de Jorg et son frère ainé. Jorg avait 10 ans, il a tout vu et il a pris la fuite pour devenir ce hors-la-loi, membre d'une fraternité dont il deviendra le chef. Sa position bien établie il décide de "rentrer chez lui".
J'ai un sentiment mitigé sur cette lecture. Je ne m'y suis pas ennuyée, mais je n'ai pas non plus réussi à vraiment "entrer dedans". Jorg fait parfois figure de sale gamin auquel on aurait envie de coller des baffes pour son comportement (sauf que au lieu de mettre des pétards dans les boîtes aux lettres, il égorge femme et enfants ... ). Il a bien sûr des circonstances atténuantes, mais malgré tout son attitude finit parfois par agacer.
La trame du récit est finalement relativement classique malgré ce qui est annoncé. Un prince spolié de ses droits par un père tyrannique, qui s'enfuit, se fait une renommée, devient un "guerrier', revient se venger et fait face à son père. A ceci s'ajoute de la sorcellerie, franchement rien d'extraordinaire. Mais ceci n'est pas un défaut, car les trames de fantasy classiques me plaisent plutôt.Ce qui est plus surprenant et là je comprends l'engouement de Stéphane Marsan, c'est le traitement de l'histoire elle-même. De l'ultra-violence au service de la Fantasy, ce n'est pas si commun. Même s'il est vrai que par exemple, renégat de Gemmell, raconte de bout en bout une bataille hyper violente avec moult morts et membres coupés, Lawrence va plus loin encore en rendant le personnage principal amoral et sans pitié. Sachant en plus qu'il s'agit d'un enfant, l'ensemble est assez original.
Ce qui est aussi et surtout la force de ce roman, c'est l'écriture de l'auteur qui n'épargne rien au lecteur et j'ai apprécié cette ironie morbide qui fait mouche à tous les coups.
Voilà par exemple comment Jorg nous "annonce" la mort de l'un de ses "frères" de route. C'est là que le style de l'auteur fait vraiment mouche !
Je comptai mille marches, et étant donné que c'était mon ennui qui me motivait, j'avais manqué les dix premières minutes de l'ascension. Mes jambes se transformaient en gelée, j'avais l'impression que mon armure était en plomb de trois centimètres d'épaisseur, et je  devenais trop maladroit pour placer mes pieds correctement sur les marches. Frère Gains persuada Gorgoth de faire une halte en tombant dans le gouffre et en vagissant pendant dix bonnes secondes avant que le sol invisible le persuade de se taire.
 Tout le récit est à la première personne, puisque c'est Jorg lui même qui raconte ses "exploits". C'est sa propre vision des évènements que nous suivons donc. Et c'est sans doute là que se trouve le bémol de ce récit. Bien que bourré de moments pendant lesquels la violence explose, il y a une sorte de lenteur dans l'action qui fait que le lecteur ne reste pas captif du récit comme il devrait l'être. La construction un peu hachée y est sans doute pour quelque chose. L'alternance des passages de Jorg de 13 ans et de Jorg à 10 ans est parfois lourde, sans compter les successions de chapitres dans lesquels certains des plus proches compagnons de route de Jorg meurent. (J'ai bien cru qu'ils allaient tous y passer à raison de un chapitre par "frères"). Sans compter que parfois on peut se demander si un gamin de 10 ans serait vraiment capable de faire ce que Jorg fait, mais bon au Moyen-âge les mômes étaient bien plus mûrs c'est vrai (de toute façon on ne s’arrêtera pas à un problème de crédibilité sinon autant ne plus lire de fantasy)
Au final, cela donne un roman un peu décousu, un héros qui ne m'a pas transcendée, mais par contre une écriture très originale et un style qui ne manque pas de panache. Un auteur à suivre assurément, en espérant juste qu'il arrive à rendre ses héros, non pas plus sympathiques (après tout pourquoi pas avoir un "affreux" comme personnage principal), mais en tout cas plus attirant. Une lecture que je ne regrette pas, même si elle ne fera pas partie de mes coups de cœur de ce mois.

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