Le poème de la semaine

Par Claude_amstutz
Je peux rarement voir quelqu'un sans le battre.
D'autres préfèrent le monologue intérieur.
Moi non.
J'aime mieux battre.
Il y a des gens
qui s'assoient en face de moi au restaurant
et ne disent rien,
ils restent un certain temps,
car ils ont décidé de manger.
En voici un.
Je te l'agrippe, toc.
Je te le ragrippe, toc.
Je le pends au portemanteau.
Je le décroche.
Je le repends.
Je le décroche.
Je le mets sur la table, je le tasse et l'étouffe.
Je le salis, je l'inonde.
Il revit.
Je le rince, je l'étire
(je commence à m'énerver, il faut en finir),
je le masse, je le serre, je le résume
et l'introduis dans mon verre,
et jette ostensiblement le contenu par terre,
et dis au garçon: Mettez-moi donc un verre plus propre...
 
Mais je me sens mal,
je règle promptement l'addition et je m'en vais
 
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle