Le 28 juin, deuxième partie de soirée à la Femis, Ecole Nationale des Métiers de l’Image et du Son.
Emma Benestan présentait Toucher l’horizon (TFE montage), un film dont les premières images font penser à un documentaire. Belles images d’une cité, immeubles, ciel, nuages, et un jeune, de dos, qui marche tandis qu’une voix off dit, si je me souviens bien : « Avant, quand j’étais petit, tout me semblait grand. Et puis j’ai grandi… ». Grands, en effet les immeubles, mais la caméra redescend et montre un jeune (le même ?) appuyé sur un arbre et subissant les gentilles moqueries d’un autre à propos de son vêtement. Peu à peu la question de l’identité va affleurer puis prendre plus de place : le père qui repart en Algérie, l’enfant qui refuse d’y aller, l’amour qui envahit l’écran et nous entraîne dans la semi obscurité d’un aquarium à requins où s’échange le premier baiser… Il m’a semblé un peu dommage d’entendre, à la fin, comme un message moralisateur : « Il ne faut pas mentir ».
Alexandre Donot, avec Il n’y a pas de nom plus beau (TFE montage), évoque le théâtre amateur du côté de Saint Etienne. Son rapport avec le théâtre de la décentralisation et Jean Dasté, rapport fait de respect mutuel et d’intérêt réciproque. Un théâtre (le TGV, Théâtre de la Grille Verte) installé dans des locaux dès l’origine menacés d’une autre affectation et que le grand-père du réalisateur, cheminot, a fait vivre pendant des dizaines d’années. Les images des spectateurs, les anciennes en noir et blanc, les actuelles en couleurs, se superposent avec bonheur : ce sont les mêmes visages, concentrés, réjouis, réunis, une belle assemblée de théâtre à travers les ans. Emouvant et juste.
Le court métrage de Lara Hirzel, Demeure (TFE décor), qu’elle présente comme un film expérimental, est, au départ, presque totalement blanc, comme si l’écran était vide, comme une maison vide : un fauteuil couvert d’un tissu blanc, un lustre qui se balance, des tentures blanches. Puis, peu à peu, des taches noires sur les tentures, des coulées d’encre noire, accompagnées d’un bruit de pluie, d’eau qui crépite, éclabousse. Le spectateur peut à son tour projeter sur cet écran son propre imaginaire : celui-ci verra se dessiner une forêt, cette autre devinera un deuil. Le fauteuil blanc et le lustre resteront imprimés dans ma pensée à la fin du film, avec cette phrase de Novarina qui me revient : « Il est très beau qu'en français demeure soit aussi un impératif. »