Comme prévu, la rencontre de l'Eurogroupe a été chargée pour l'Espagne, avec de nombreux sujets majeurs sur la table. En voici un résumé, avec ce qui a été décidé, et ce qui ne l'a pas été.
Par Open Europe.
Comme prévu, la rencontre de l'Eurogroupe a été chargée pour l'Espagne, avec de nombreux sujets majeurs sur la table. En voici un résumé, avec ce qui a été décidé, et ce qui ne l'a pas été.
- Les ministres des Finances de l'Eurozone ont conclu un "accord politique" sur le sauvetage des banques espagnoles. Le montant final du plan de sauvetage doit encore être confirmé, même si le ministre des Finances hollandais Jan Kees de Jager a suggéré que le gouvernement espagnol puisse avoir recours à la totalité des 100 milliards garantis par l'Eurogroupe (même si, comme nous l'avions déjà dit, ce montant pourrait être lui-même insuffisant);
- Pour l'instant, il a été décidé que l'Espagne recevrait une première tranche de 30 milliards € d'ici à la fin juillet. Le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker a déclaré à la presse que cet argent serait gardé comme "une cagnotte en cas d'urgence";
- L'argent bénéficiera au fonds espagnol en charge de la recapitalisation des banques (le FROB) et sera donc comptabilisé comme de la dette publique supplémentaire. Dès que la zone euro aura son régulateur bancaire unique (pas plus tard que 2013 selon le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble et le membre du conseil de la BCE Jörg Asmussen), les banques espagnoles pourront recevoir des fonds directement du fonds de sauvetage de la zone euro et la dette disparaîtra de la dette publique espagnole;
- Les prêts auront une maturité allant jusqu'à 15 ans, avec une moyenne de 12 ans et demi. Le ministre espagnol des Finances, Luis de Guindos a suggéré que le taux d'intérêt "puisse être encore plus bas" que les 3-4% qui circulaient dans les médias espagnols ces dernières semaines;
- Les conditions attachées à ce plan de sauvetage ne sont pas encore claires puisque le mémorandum d'entente (Memorandum of Understanding) ne sera signé que le 20 juillet, après le vote des parlements allemands, néerlandais et finlandais en particulier. Toutefois, les médias espagnols ont écrit que ces conditions incluront quasi certainement des obligations de ratios de fonds propres plus élevées et la création d'une bad bank pour les actifs pourris du secteur bancaire espagnol.
- Les ministres des Finances de l'Eurozone ont aussi convenu d'accorder une année supplémentaire à l'Espagne pour ramener son déficit sous les 3% du PIB. Les nouveaux objectifs sont de 6,3% du PIB en 2012 (contre 5,3% précédemment), 4,5% pour 2013 (à la place de 3%) et 2,8% en 2014. En échange, l'Espagne devrait respecter à la lettre les recommandations faites par la Commission européenne il y a quelques mois, en particulier la hausse de la TVA et un contrôle plus strict des dépenses des régions (ce dernier élément étant plus facile à dire qu'à faire comme nous l'avons déjà écrit);
- Malgré les dénégations répétées du gouvernement espagnol, los hombres de negro (les hommes en noir) de la Commission européenne feront le voyage vers Madrid tous les trois mois pour mesurer les progrès réalisés;
- Sur un autre plan, l'Espagne est sortie comme la grande perdante de la redistribution des postes au sommet de l'Eurozone. Pas si surprenant au vu de l'aide massive que l'Espagne venait demander. Le luxembourgeois Yves Mersch a été nommé pour remplacer l'espagnol José Manuel González-Páramo au conseil de la BCE, faisant de l'Espagne le seul grand pays de la zone euro absent de ce conseil de six personnes. Madrid a aussi échoué dans sa tentative de faire nommer son candidat Belén Romana García comme président du MES, le Mécanisme Européen de Stabilité, ce nouveau fonds de sauvetage permanent. Le poste revient à l'actuel président du FESF, l'allemand Klaus Regling.
Une fois le mémorandum d'entente finalisé et rendu public, il sera possible de faire une analyse plus détaillée de l'accord. Pour le moment, une fois de plus, les marchés ne semblent pas convaincus par l'accord. Les taux d'intérêts à 10 ans pour l'Espagne restaient aux environs de 6,9% hier matin, très près des 7% largement vus comme insoutenables.
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Article original - Traduction Quentin Michon/Contrepoints
Notre dossier Crise de l'Euro