La crise, les lendemains qui déchantent, l’envolée des taux d’emprunt, autant de risques répétés à longueur d’édito. A rebours de ce discours ambiant, sans que personne ne l’ai réellement anticipé, la France a rejoint ainsi le club fermé des pays européens qui bénéficient de rendements négatifs, avec l’Allemagne, les Pays-Bas, la Finlande, l’Autriche ou la Suisse.
C’est une première dans notre histoire nationale, le fait est donc rare et à souligner. La France a ainsi emprunté lundi 9 juillet près de 6 milliards d’euros à court terme à des taux négatifs, 3,917 milliards d’euros à un taux de – 0,005 % pour des titres de dette à échéance le 11 octobre et 1,993 milliard d’euros à un taux de – 0,006 % pour des placements à échéance le 27 décembre.
Emprunter à un taux négatif cela signifie que les prêteurs acceptent de payer pour nous prêter de l’argent, pour acheter notre dette. Dans la mesure où les rendements évoluent à l’inverse des cours, cette faiblesse des taux signifie que jamais le prix des obligations n’a été aussi élevé : la demande donc bat des records.
Quelle est la raison de cet état de grâce ? Principalement une comparaison internationale à notre avantage. Et pour cause : contrairement à plusieurs pays d’Europe du sud, la France n’est pas en récession – même si la croissance est très faible. De même, par rapport à d’autres pays “refuges” comme la Suisse ou l’Autriche, le volume de dette française est beaucoup plus important, et offre donc une dette plus liquide, aux investisseurs.
C’est ce contexte qui explique en grande partie l’intérêt pour la dette française. Si c’est bien sûr une excellente nouvelle pour nos finances publiques, cela ne constitue en aucun cas un blanc seing qui serait donné à la politique du nouveau gouvernement. Il est en effet encore trop tôt pour juger sur pièces et en actes des premières annonces.
En revanche, cette situation illustre également le fossé, toujours plus grand, qui apparaît au sein de la zone euro. Des pays empruntent à taux négatifs et d’autres, à l’autre bout du spectre, empruntent à plus de 7 %. Et pourtant, tous ont la même monnaie, la même politique monétaire et sont soumis aux mêmes exigences budgétaires. Cette situation pourra t-elle durer longtemps ?