Quand Charlie Watts est au chômage technique pour cause d’inactivité des Rolling Stones, ce qui devient souvent le cas ces dernières années, il s’adonne au jazz, sa musique de prédilection, celle avec laquelle il a commencé sa carrière musicale.
Dans son autobiographie Life, Keith Richards s’exprime ainsi au sujet de son ami Charlie : « Le style de chaque batteur est déterminé par ce décalage infime entre le charleston et la caisse claire. Charlie traîne sur la caisse claire et est parfaitement en place sur le charleston. Cette façon de faire durer la mesure un peu plus longtemps, et ce que nous faisons par-dessus ça, c’est l’un des secrets du son des Stones. C’est essentiellement un batteur de jazz… »
Et donc, Charlie Watts enregistre des disques de jazz et sillonne les petits clubs pour y jouer sa musique favorite, entouré de quelques amis triés sur le volet. Ben Waters au piano et chant, Dave Green à la contrebasse et Axel Zwingenberger au piano. Un quartette plein d’énergie avec un Ben Waters fougueux sur son clavier, adepte du boogie woogie.
Mais attention, pas de malentendu, si Charlie Watts batteur du « Greatest Group On Earth » tient les drums dans ce groupe de jazz, il n’en est pas le leader. Le patron c’est Ben Waters, notre Charlie est bien trop discret par nature pour la ramener et attirer les feux des projecteurs. Lui son truc, c’est d’être assis peinard derrière ses fûts, balais en main, et d’assurer le swing durant le set.
Alors si Charlie peut par sa célébrité, attirer les oreilles curieuses vers ce domaine immense qu’est le jazz, ce sera toujours ça de bien. Si le terme « jazz » est court, il recouvre de nombreux courants musicaux qui valent qu’on s’y intéresse. Et pour cela, rien de tel pour s’y initier que de débuter avec ce petit disque fort sympathique.
Cette petite bande (au nom un peu long : The ABC&D of Boogie Woogie) était à Paris durant une semaine en septembre 2010, au Duc des Lombards le fameux club de jazz de la capitale. Les concerts ont été enregistrés et il en résulte ce CD qui restitue à la perfection l’ambiance feutrée du club. Quatorze titres alternant le jazz et le blues, pour le plus grand bonheur des spectateurs hier, des auditeurs aujourd’hui. Moitié reprises, moitié compositions propres, aucun favoritisme donc. Des titres bien connus comme Route 66 et Down The Road A Piece permettent à ceux qui ne sont pas des familiers du jazz de ne pas perdre pied, et il en est de même quand Ben Waters rompt ce que certains pourraient appeler la monotonie des instrumentaux, par un accompagnement au chant.
Un disque extrêmement agréable à écouter, pour transformer votre salon en club de jazz durant une heure, pour une somme ridicule. Et comme aucun blabla ne sera plus convaincant qu’un exemple concret, voici de larges extraits du concert filmé à Paris.