De nombreux Français pensent que la Hadopi surveille les sites de stockage ou de streaming. Le système de la réponse graduée, bien qu’en place depuis deux ans, est, lui, mal compris par les internautes.
« Selon vous, quelles pratiques sont surveillées par la Hadopi ? »
Non, la Hadopi ne surveille ni les sites de streaming ni les sites de stockage en ligne, et encore moins les échanges de clés USB. Évident? Pas tant que cela, à en croire les conclusions d’une enquête réalisée par l’université de Rennes et publiée par Le Monde.fr. Sur les 2000 internautes français sondés en mai par le groupement M@RSOUIN, la majorité a une perception erronée des missions et des pouvoirs de la haute autorité.
Ainsi, si 75% des sondés savent que les réseaux peer-to-peer sont surveillés, ils sont 68% à penser qu’il en est de même pour les sites de stockage de type FileServe, FileSonic ou feu Megaupload. Pour 38% des sondés, les sites de streaming sont également scrutés par la haute autorité, tandis que 12% pensent que la Hadopi contrôle les échanges physiques de clés USB ou de disques durs. 15% des personnes interrogées se disent également incapables de nommer les technologies surveillées par la Hadopi.
Si les internautes français se méprennent sur le champ d’action réel de la Hadopi, ils sont également nombreux à ne pas comprendre le système de la réponse graduée. Au lieu de sanctionner immédiatement l’internaute pris en train de télécharger illégalement une œuvre surveillée, la haute autorité va d’abord lui envoyer un e-mail d’avertissement (1 million de personnes concernées à ce jour), puis une lettre recommandée s’il se fait de nouveau attraper (99.000 personnes entre octobre 2010 et juin 2012). Ce n’est qu’à la troisième infraction constatée que le dossier est censé arriver entre les mains de la justice (314 dossiers à ce jour). Or, seuls 42% des sondés savent que la sanction arrive après trois infractions constatées. Ils sont 25% à la placer à la seconde, 6% à la première, tandis que pour 4% de l’échantillon, il est possible d’aller jusqu’à quatre infractions.
« Selon vous, quand la sanction intervient-elle? »
«Ces résultats traduisent une forte ignorance des internautes sur les pratiques surveillées et la réponse graduée», commente le groupement M@RSOUIN. Ce dernier note que si 58% des sondés déclarent connaître le fonctionnement de l’Hadopi, ils ne sont dans les faits que 7% à avoir bien répondu aux questions. Sans trop de surprise, ce sont les jeunes et les internautes dont l’entourage télécharge beaucoup qui sont les mieux informés sur le sujet.
Le téléchargement légal est minoritaire et peine à s’imposer
Les personnes sondées pensent également que la Hadopi a 36% de chances de les détecter s’ils téléchargent illégalement. Ce pourcentage monte à 38% chez les internautes qui connaissent mal le dispositif, pour tomber à 20% chez ceux qui le comprennent bien. Mais si les sondés pensent qu’ils ont de grandes chances de se faire prendre, cela ne les incite pas pour autant à se tourner vers l’offre légale.
La proportion des personnes achetant légalement sur Internet des œuvres reste stable (autour de 35%) même si la personne pense que les réseaux sont fortement surveillés par la Hadopi, ou qu’elle a elle-même reçu un avertissement de la haute autorité.
La réception d’un e-mail ou d’une lettre recommandée semble favoriser les pratiques alternatives de téléchargement, comme les sites de stockage (42%, contre 22% chez les personnes n’ayant jamais été averties). «Mais il faut rester prudent car faute de connaître les pratiques avant avertissement, il est impossible de déterminer si les individus avertis consomment autant ou moins d’œuvres illégalement après avertissement», tempèrent les auteurs de l’étude.