La flexisécurité : Les organisations patronales comme certains politiques en raffolent oubliant d'expliquer aux salariés qu'il s'agit surtout de remplacer le droit du licenciement par ... un hypothétique droit au reclassement !
Flexisécurité, c'est quoi et comment ça fonctionne ?
Oui, vous savez, ce modèle créé par les Danois qui privilégie une grande flexibilité du marché du travail.
Schématiquement, nous dit Nadia Antonin : « (...) elle repose sur une libéralisation des licenciements tout en garantissant aux salariés, grâce à des prestations de chômage d’un niveau élevé et à l’accès à des formations destinées à préserver leur employabilité, une sécurité matérielle tout au long de leur vie professionnelle. Ce modèle facilite les mobilités requises par des mutations permanentes de la structure productive et correspond à la représentation du fonctionnement idéal du marché du travail sous la figure de la « destruction créatrice » chère à Schumpeter : il importe de laisser disparaître les emplois non rentables et de permettre aux salariés de retrouver au plus vite un autre emploi (...) »
Oui, mais en période économique faste ! Car en cas de crise économique la mise en place d'un tel modèle peut vite devenir un cauchemar pour les salariés et un ... excellent moyen pour dégraisser les effectifs en toute sérénité et à moindre coût !
Contrairement à ce que certains pourraient croire, elle existe en France depuis 2008. Quelles en sont les principales mesures ?
Le point fort aura été la rupture conventionnelle. Ce à quoi il faut ajouter l'allongement de la période d'essai jusqu'à quatre mois pour les cadres et à titre expérimental, un nouveau type de contrat de mission de 18 à 36 mois réservée aux cadres et ingénieurs. Xavier Bertrand ayant claironné à l'époque que « Le dialogue social a retrouvé une vitalité dans notre pays »
Or, comme l'expliquait l'Express en 2008 : « (...) La flexibilité revendiquée par les employeurs est censée rendre le marché du travail plus dynamique, autrement dit générer plus de créations d’emplois. Elle passe notamment par une « sécurisation » des ruptures de contrats, le camp patronal souhaitant ... limiter les contentieux devant les Prud’homme (...) »
Les observateurs les moins avisés auront surtout remarqué qu'en fait, le point fort, c'est à dire la rupture conventionnelle aura été la source de plus de 850 000 chômeurs dont 20% de plus seniors depuis sa création et qu'on attend toujours les aspects positifs sur l'emploi de l'allongement de période d'essai et du contrat de mission.
C'est donc fortes de ses résultats que les organisations d'employeurs souhaitent aller encore plus loin. Sauf que comme le fait remarquer Jean-Louis Malys, secrétaire national de la CFDT : « Une protection de haut niveau, ça se finance…». Et dans la mesure où les organisations patronales excluent de participer au financement au nom de la compétitivité, on voit bien à quoi aboutirait la rupture conventionnelle collective proposée par le Medef, et dont Slovar vous parlait, le 4 juillet.
Vous avouerez qu'on est bien loin du modèle Danois, comme le démontrait Gérard Filoche sur son blog : « (...) si les entreprises ont la liberté de licencier (quasiment sans préavis et sans indemnités), les salariés qui ont perdu leur emploi peuvent bénéficier pendant quatre ans d’une allocation (plafonnée) égale à 90 % de leur salaire (...) » Et où on compte un agent de Pôle Emploi pour neuf chômeurs !
Alors, la flexisécurité façon Medef : Une trappe à chômage plus perverse que les autres ?
Sans nul doute, car utiliser la notion de flexisécurité pour rendre encore plus facile les licenciements reviendrait simplement à surcharger un peu plus les conseillers de Pôle Emploi qui gèrent au quotidien de 200 à 500 dossiers. Et continuer de plomber les comptes de l'UNEDIC, sans apporter la moindre solution aux nouveaux chômeurs, le tout bien entendu sans créer le moindre emploi !
Michel Abhervé résume bien ce que devrait être, théoriquement, la négociation sur la flexisécurité : « Les règles du jeu sont inventées par les acteurs qui s’en servent et les respectent. Nous sommes dans la primauté d’un dialogue social, fondé sur la confiance entre partenaires sociaux recherchant, réellement, un compromis, dans une logique gagnant gagnant où chacun des partenaires tire un réel avantage de l’accord conclu (...) » Ajoutant : « (...) Chacun peut mesurer que nous en sommes assez loin en France »
C'est le moins qu'on puisse dire !
Crédit et copyright image Faujour