Je suis un poltron - Johann Guyot

Par Belzaran


Titre : Je suis un poltron
Scénariste : Johann Guyot
Dessinateur : Johann Guyot
Parution : Juillet 2011


« Je suis un poltron » est un récit autobiographique de Johann Guyot. Il y relate combien il est peureux à travers différents exemples de son enfance. Le tout commence à la maternelle et se termine… aujourd’hui ? L’ouvrage est publié aux éditions Croc en Jambe au format A5 et fait une quarantaine de pages.

Le livre démarre sur une constatation : Guyot est peureux et ne réagit jamais aux agressions, même verbales. Essayant de comprendre pourquoi il est ainsi, il interroge sa mère qui lui dit simplement : « Tout petit, tu étais déjà comme ça ! ». On s’embarque alors dans une série de flashbacks destinés à relater et expliquer comment les traumatismes de son enfance ont façonné l’auteur.

Cet ouvrage est donc à classer dans les autobiographies enfantines. Le tout est constitué d’anecdotes, classées chronologiquement par années. A chaque début d’histoire, une illustration (souvent très réussie) présente la terreur du moment, couplé à l’année correspondant aux tourments du petit Guyot. Il est étonnant de voir combien l’auteur a été persécuté aussi bien à 4 ans qu’à 14 ans. Sa petite taille semble avoir été un attrait pour les brutes en tout genre…  Histoire de dédramatiser, l’ouvrage fait la part belle à l’humour et à l’autodérision (l’auteur dit même avoir découvert l’autodérision en arrivant au collège…).

Devant la quantité d’autobiographies en bande-dessinées aujourd’hui, « je suis un poltron » se distingue par un choix thématique original. Résultat, il y a un vrai liant entre les anecdotes, évitant l’aspect décousu de certains ouvrages du même type. Sans être forcément poltron, beaucoup de lecteurs se retrouveront dans l’histoire de Guyot (ce serait-ce que lorsqu’il parle de sa timidité maladive avec les filles…).

Au niveau du dessin, j’avoue avoir été particulièrement conquis par le trait de Johann Guyot. Le tout est très relâché, dynamique et surtout expressif. Le petit Guyot devient un monument d’expression bien qu’il parle peu ! Il y a un petit côté « Le petit Nicolas » (dessiné par Sempé) dans le trait par moment. Le noir et blanc de l’ensemble est rehaussé de teintes rouges, utilisées systématiquement à bon escient.

Cependant, il serait dommage de s’arrêter à la simplicité du dessin. Ce dernier se révèle bien plus riche qu’il ne peut en avoir l’air au premier abord. Les trouvailles graphiques sont nombreuses et témoignent d’une grande maîtrise des codes de la bande-dessinée.

Au final, « Je suis un poltron » est un ouvrage qui se lit avec plaisir. Le dessin est réussi et met parfaitement en valeur des anecdotes traitées avec beaucoup d’autodérision. A réserver à ceux qui aiment se rappeler leur enfance pas toujours si rose que ça.

par Belzaran

Note : 14/20