La bande-annonce ci-dessus est en VO non sous-titrée, hélas. Mais on peut se débrouiller pour voir la série Girls avec des sous-titres, et ça vaut vraiment le coup.
Cette toute nouvelle série américaine et son charme original reposent presque tout entiers sur les jeunes épaules de Lena Dunham, scénariste de Girls et actrice principale. Elle a à peine 25 ans et on la compare déjà à Woody Allen. Elle parle de ce qu’elle connaît : la vie estudiantine à New-York quand on est dans les premières années de la vingtaine. Je me suis demandée si je n’étais pas trop vieille pour un tel programme, redoutant un Friends seulement plus cru, ou une resucée de Sex And The City, eh bien non.
Le moins qu’on puisse dire c’est que ce n’est pas une bluette. Lena Dunham a une maturité étonnante pour ses vingt-cinq ans et un humour déjanté bien à elle ; et le regard qu’elle pose sur cet âge des possibles est complètement désabusé. Vies sexuelles et/ou amoureuses bancales voire carrément déprimantes, monde du travail précaire et confirmant ses pires clichés, difficulté à réussir à être soi, quand tout est encore inachevé mais déjà bien dessiné… Le tout est filmé crument, sans fioritures, laissant les scènes s’embourber si nécessaire pour mieux rendre l’absurdité d’une situation. Les dialogues fusent sans que la vanne soit attendue à chaque coin, la platitude fait partie du quotidien semble nous dire la réalisatrice. Et c’est ce faux rythme qui surprend et enthousiasme.
Sans parler d’Hannah, la protagoniste jouée par Lena Dunham (qui a décidément tous les talents). Elle prête sa silhouette boulotte à son personnage qui se rêve écrivain tandis qu’elle s’enlise dans une relation amoureuse plutôt foireuse et tombe sur des petits boulots aussi nuls que pénibles. Il faut la voir, paupières mi-closes, endurer tout cela, tour à tour blasée et volontaire ; dans ses tenues improbables, elle se traîne courageusement à travers une existence qui montre déjà pas mal de noirceur et de déceptions. Hannah a des kilos en trop et un visage banal. Bref, ce n’est pas une jolie fille pimpante qui est l’héroïne, c’est déjà notable en soi, mais Lena Dunham incarne à la fois la fille lambda et en même temps se garde bien de ressembler à qui que ce soit. C’est sans doute cela être juste.