(Attention maîtrise du franglais obligatoire)
Un sandwich au poulet, une glace italienne avec deux boules, un chapeau de paille...
(C'est ce que vous vouliez savoir... non???)
Pendant le Nice Jazz Festival, Nice devient la ville qui ne dort jamais, des magasins ouverts le dimanche donc pour les soldes, des milliers de passants dans les rues de la ville ou sur la promenade des anglais, des milliers de baigneurs sur les plages. On a l'impression qu'il y a autant de personnes que de galets sur la plage. C'est presque Calcutta. Sauf qu'ici quasiment tout le monde a un porte-monnaie bien rempli, voire certains un compte en banque bien rempli, une voiture et une garde-robe de luxe. Et puis à Nice, il semble y avoir deux fois plus de personnes âgées que de jeunes même en période touristique (ne vous y trompez pas il y a aussi une clinique de chirurgie esthétique de luxe).
"Clichés" allez-vous me dire! Oui mais clichés confirmés.
A Nice, comme apparemment sur la Côte d'Azur, il y a une « tolérance » pour ceux qui fument un petit joint (entendu dans un reportage et assez confirmé par une locale qui rajoutait que "ça dépendait..."). Le troisième âge se serait-il mis à la Marijuana médicinale?
A Nice, même après minuit (pendant le festival), il y a un club de Jazz qui accueille les stars du festival pour un petit bœuf. Il y a suffisamment de monde dans les rues pour se demander s'il y a assez de lits pour toutes ces personnes en ville (Réponse : non! surtout pour ceux qui n'ont rien dans leur porte-monnaie) …
(Ce n'est toujours pas ce que vous vouliez savoir... Ah bon???)
Ah ... je vous fais marcher!
Nice Jazz Festival
Square Masséna et Théâtre de verdure
Dimanche 8 juillet 19h30
Après une ouverture des portes, disons-le, « bordélique », où un certain nombre de personnes sont entrées sans que leur ticket ne soit vérifié par l'entrée des VIP (Very Impotentes Personnes) et ce avant que les organisateurs se décident à informer la populace qu'il ne pouvait pas entrer par là..., me voilà devant un éternel dilemme : quel scène?
Au contraire de certains festivals, Nice n'a pas choisi de mettre les concerts en quinconce. Deux concerts qui vous intéressent peuvent très bien se dérouler en même temps sur la grande scène (celle nommée Masséna) ou celle du Théâtre de verdure. D'où le dilemme qui n'en est pas un pour moi, j'ai choisi de faire l'impasse sur le New Meeting quartet à 19h30 et sur Eddy Louiss & Richard Galliano quartet à 22h pour me faire une Girl's night en franglais siouplait avec China Moses, Dee Dee Bridgewater et Erykah Badu sur la grande scène et un petit tour pour aller goûter à Ibrahim Maalouf avant de le revoir en live très prochainement pour un vrai concert.
Une programmation très jazz donc avec des femmes mises à l'honneur! Rien d'étonnant à ça! Celles-ci ont le pouvoir de retourner les masses devant elles comme si c'étaient des crêpes.
Crêpe n° 7215 au rapport :
(Grosse Parenthèse : Carton rouge à l'organisation du festival et aux photographes accrédités. Je n'ai pas l'habitude de dire des "méchancetés" mais en tant que spectatrice, je suis assez en colère. L'organisation du festival a eu la mauvaise idée de mettre une estrade au pied de la scène. Estrade évidemment sur laquelle sont montés tous les photographes comme un seul homme réalisant tout-à-fait que pour le temps de trois titres au début du concert ils gâchaient totalement la vue des spectateurs. Voyez ci-dessus ce que ça donnait dimanche. Avez-vous trouvé l'artiste dans ce maelstrom? Et imaginez nos nerfs quand ils nous ont caché Erykah la diva Badu au moment de son entrée.
Tous les photographes professionnels ne sont pas des requins du cliché ; j'ai eu l'occasion de les cotoyer. Ils font leur boulot et plutôt bien pour la plupart mais rien ne les empêchait de se mettre d'accord pour qu'aucun ne monte sur cette estrade et restent dans la fosse comme ils le font d'habitude afin qu'ils laissent les spectateurs profiter du spectacle musical oui mais aussi visuel. Public et photographes se respectant ainsi les uns les autres.
Au lieu de ça, ils sont arrivés, triomphalement les bras en l'air, au début du concert d'Erykah et une partie du public les a hués.)
China Moses
C'est la deuxième fois que j'assiste à un concert de China Moses et presque rien n'a changé.
Set un peu plus court pour cause de festival, un nouveau saxo et des nouveaux morceaux, tous les autres musiciens restent les mêmes : un excellent contre-bassiste, un exceptionnel batteur et Raphael Lemmonier au piano ; la petite robe noire, le verre de vin rouge, le sourire et la bonne humeur communicative sont toujours là fidèles au poste.
China Moses & Raphaël Lemonnier - Move over (Janis Joplin cover) live @NiceJazzFestival
China Moses & Raphaël Lemonnier vont sortir un nouvel album vers la fin de l'année : Crazy Blues. Là où le précédent explorait uniquement le registre de Dinah Washington, celui-ci va se concentrer sur plusieurs chanteuses de Blues méconnues. Quasiment tous les titres qu'elle interprète à Nice sont issus de leur prochain album : Crazy blues, une excellente Work song, le très swingant The butcher, the mailman and me (avant quoi China nous explique que ce titre évoque des préférences sexuelles : ici l'interprète préfère le faire à trois!) On ne s'ennuit jamais dans un concert de China!
Elle continue avec une chanson écrite par Quincy Jones en hommage à Dinah Washington : I'm crying et termine en beauty avec une reprise de Janis Joplin Move over après avoir annoncé en français (depuis le début) qu'elle ne comprenait pas pourquoi on classait la musique et pourquoi on différenciait notamment Jazz et Blues...
Puis elle laisse très fièrement la scène à sa moman (comme elle dit).
Dee Dee Bridgewater
Elle "ouvre le festival", dont elle est la marraine, en français, chante en anglais et à un moment nous fait même un petit monologue en anglais comme s'il était dit par un français parlant anglais comme une vache espagnole... (Vous suivez? ;-p)
Dee Dee Bridgewater reprend avec brio des standards du Jazz et s'amuse follement. Elle ne semble jamais à court d'énergie ; ce qui nous fait nous demander mais quel âge a-t-elle? En tout cas, la musique semble sa cure de jouvence.
Des reprises de chanteuses et de musiciens blues et jazz qu'elle fait pétiller et swinguer avec sa "Joie de vivre" (insert accent américain), un petit grain de folie... et enfin deux belles surprises : un duo avec sa fille (on s'y attendait) et Save your love for me titre popularisé de Nancy Wilson et repopularisé par José James (avec le sûrement le même arrangeur que pour Dee Dee) : du bonheur!
Dee Dee Bridgewater & China Moses - I have the blues (B.B.King cover avec des paroles quelque peu... mmm... arrangées!) live @NiceJazzFestival
Ibrahim Maalouf
Quand j'arrive au théâtre de verdure, je ne vois pas Ibrahim Maalouf sur scène. En fait il a quasiment disparu de la scène pour que les projecteurs soient braqués sur ses musiciens pendant leur solo. Humble le gars.
Son jazz est moderne, son interprétation habitée, ses solos prenants...
Il interprète un morceau avec une très grosse partie en solo trompette où à l'aide de celle-ci et de mélodies soit langoureuses, soit plus rythmées et swingantes, il essaye de charmer et d'obliger les musiciens à jouer avec lui ; le jeu étant double.
Je suis arrivée au bon moment, au meilleur moment, puisqu'il s'installe sur son tabouret au centre de la scène et nous raconte la création de Beyrut (son titre). Il veut éviter les longueurs et nous explique brièvement qu'il marchait dans Beyrouth pour la première fois depuis la guerre (il y est né), composant avec un casque sur les oreilles mais la musique éteinte. Il observait la ville détruite et composait dans sa tête quant tout à coup Led Zeppelin explose dans ses oreilles, son "walkman" se déclenchant inopinément d'où la partie finale du morceau.
Son interprétation lui vaut une standing-ovation amplement méritée! (Voir un extrait de la performance de dimanche ici : http://www.nicejazzfestival.fr/Le-festival-en-video/Nice-Jazz-Festival-8-juillet-2012-Theatre-de-Verdure
Ibrahim Maalouf - Beyrut live @FestivalJazzdes5continents
Erykah Badu
Le retard s'étant accumulé et Erykah nous faisait un peu patienter à l'aide d'un DJ/producteur/homme aux platines magiques, la diva entre en scène 45 minutes après l'horaire prévu. En trench, comme la dernière fois à Nice, elle sort un petit numérique pour (faire semblant de) shooter et de se moquer des photographes.
Tout y passe les classiques de la Diva : On & on, un Apple tree dynamité, The healer ...et des titres plus récents que je reconnais moins.
Elle laisse tomber le trench pour laisser voir un tee-shirt "I am an immigrant" écrit à l'envers, mais le groove et le beat sont toujours bien là. Erykah Badu semble beaucoup s'amuser sur scène. Après un petit "Bonjour" en français au début du concert, elle s'exprime tout le long du concert en anglais, mais le public, nombreux, reste très réactif.
Désolée la vidéo dont je dispose a vraiment un son affreux qui sature au moindre beat!
Voir sur le site du festival pour un petit extrait d'Erykah Badu (son intro) derrière un extrait du concert de China : http://www.nicejazzfestival.fr/Le-festival-en-video/Nice-Jazz-Festival-8-juillet-2012-Scene-Massena
Elle prend un long moment vers la fin du set pour présenter les musiciens qui l'accompagnent et leur laisser à chacun le temps de s'exprimer le temps d'un petit solo.
Très généreuse avec le public elle tient à nous exprimer son amour mais est forcée par le staff du festival de finir son concert légèrement en queue de poisson car après minuit, le carrosse se transforme en citrouille, le square Masséna en dépotoir désert (les verres en consignes, pensez-y! Ça fera un peu moins de déchets et de gâchis!) et le troisième âge (y compris votre serviteur) va au lit!