C’est vrai, quand on prononce ce mot, on en vient immédiatement à penser à l’ouvrage de Charles Dodgsonet aux innombrables adaptations et détournements dont il a été l’objet. Mais sachez, messieurs-dames, que le Pays Merveilleux n’est pas la propriété privée d’Alice. Le merveilleux est, par essence, éminemment subjectif, et celui de Kirsty Mitchell commence pourtant avec une histoire tragique.
En effet, cette photographe britannique, originaire du Kent, a entamé le projet Wonderland il y a trois ans, à la suite de… la mort de sa mère. Rien de très gai, donc, car l’objectif était avant tout d’oublier le monde réel, que Kirsty trouvait soudain un peu trop dur. Il lui fallait se réfugier dans quelque de plus féérique, en hommage aux contes que sa mère lui lisait à la lueur d’une lampe de chevet avant d’aller dormir.
A la fois échappatoire et hommage à l’univers dans lequel baignait sa mère, véritable passionnée de littérature, la série Wonderland crie tantôt à l’espoir, tantôt à la mélancolie, et alterne avec brio couleurs vives et monochromes froids. De la princesse des champs de lavandes à la reine déchue en noir et blanc, Kirsty nous faitvoyager dans ce qui a fait son enfance, et qui a ressurgi à la mort de sa mère… Nul doute que cet hommage est profondément sincère, empreint d’émotion(s) et de vérité.
La série Wonderland, qui occupe la vie de l’artiste depuis trois ans déjà, est un pied-de-nez à la morosité d’un décès et à ce qui fait la tristesse dans ces moments difficiles. Ce rebond tant personnel qu’artistique a même été salué au jubilé de la Reine du Royaume-Uni Elisabeth II, puisque Kirsty Mitchell a été exposée dans une installation géante à Regent Street. Excusez du peu.