polémique sur la construction d'un second porte-avions

Publié le 29 mai 2007 par Jeune Prof De Droite

Je voudrais évoquer aujourd’hui la polémique entre l’UMP et le PS sur la construction d’un deuxième porte-avions. N. Sarkozy s’est en effet déclaré favorable à sa construction, lors de son discours de Toulon, le 7 février dernier. Depuis, Ségolène Royal s’est au contraire déclarée opposée à sa construction, ajoutant même : « Si la nation est capable de dégager le coût d'un deuxième porte-avions, j'en fais ici le serment, cette marge de manoeuvre supplémentaire, cette valeur-là, n'ira pas à la Défense nationale mais à l'Éducation nationale »

Remarquons tout d’abord combien l’argument de S. Royal est fallacieux : dans un budget, tout est question de choix politiques, et si des crédits existent pour la construction de ce porte-avions, ils ne peuvent exister évidemment qu’au sein du programme d’un candidat qui propose une telle construction. S. Royal n’attribuera donc jamais à l’Education Nationale les crédits nécessaires au financement de ce second porte-avions, tout simplement parce que ces crédits n’existent que dans le programme de son concurrent et pas dans le sien ! Il se cache donc beaucoup de malhonnêteté dans la proposition de S. Royal.

Je suis pour ma part trop peu expert dans les questions de défense pour porter un jugement sur la nécessité réelle ou non d’un tel investissement, mais cela n’interdit pas de réfléchir sur le plan des principes. La nation doit-elle considérer par principe qu’il faut diminuer les crédits de la défense pour réinvestir les économies dégagées dans l’Education ? Evidemment, l’idée paraît généreuse et d’autant plus justifiée qu’actuellement beaucoup d’élèves, par exemple, arrivent en sixième sans savoir ni lire ni écrire. Nul doute que beaucoup de Français soutiendraient une telle politique.

Je crois pourtant nécessaire de mettre en garde les Français sur la logique perverse qui consiste à mettre en balance des domaines qui ne sont pas comparables. Pourquoi, dans ce cas, S. Royal ne propose-t-elle pas de rogner le budget de la culture et redéployer les crédits dans la construction de logements sociaux ? L’éducation doit évidemment être une priorité nationale, personne ne le nie. Mais pour autant, la priorité accordée à l’éducation ne doit pas conduire l’Etat à renoncer à ses autres prérogatives.

La possession d’une armée en état de marche et opérationnelle est d’une nécessité absolue pour la France, si celle-ci veut être entendue dans le monde. L’armée, il faut le rappeler, sert moins à faire la guerre qu’à préserver la paix, et la paix n’a pas de prix. Si la France, ses partenaires européens, les Etats-Unis se mettaient à suivre la logique proposée par S. Royal, l’occident laisserait le monde aux mains de ceux qui un peu partout cherchent la guerre et non la paix. La facture économique, pour ne pas parler de la facture humaine, serait bien plus lourde que ce que coûte l’entretien actuelle de notre armée.

Ajoutons, pour finir, que la construction de ce second porte-avions ne signifie pas obligatoirement pour autant une augmentation du budget de la défense d’un montant équivalent au coût de ce porte-avion : cette construction peut tout simplement correspondre à un choix stratégique au sein du budget même de la défense, et en partie au détriment d’autres programmes militaires. La question concerne donc surtout les militaires (cf. l’article du Figaro)  et la question de l’éducation n’a vraiment rien à faire dans ce débat.

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