Le 21 février de cette année, l’armée Turque a militairement agressé les Kurdes sous protectorat irakien. Cette situation choque l’opinion mondiale et avec raison. Le Parti communiste français a déjà dénoncé cette agression lâche et immonde de la part de l’état bourgeois turque. Le parti communiste du Québec en fait de même. Pourtant cette agression en territoire étranger n’est que le prolongement de la politique de génocide de l’état turque à l’endroit de la nation kurde.
Dénoncer l’attaque barbare de la Turquie est nécessaire, c’est l’ABC de l’internationalisme. Mais il semble que plusieurs personnes dénonçant cette attaque se préoccupent beaucoup plus de la violation du territoire irakien que du sort des kurdes eux même. Ce à quoi la Turquie s’attaque est la PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan). C’est le parti qui actuellement, mène avec le plus de courage et de détermination la lutte de libération nationale kurde. Ce parti qui a appelé aux armes les kurdes de Turquie en 1984, est la pire épine dans le pied d’Ankara. Les kurdes vouent à ce parti un grand respect, car c’est le PKK qui a donné une portée internationale à la lutte de libération nationale kurde. Menant une guerre de guérilla courageuse, le PKK est fiché comme organisation terroriste par les États-Unis, l’Union Européenne et le Canada. Le PKK n’est pourtant pas une organisation terroriste. C’est une armée de lutte de libération nationale, qui combat pour un Kurdistan indépendant et socialiste. Ce parti est l’arme la plus redoutable de la nation kurde contre le génocide qu’elle subit depuis des décennies.
Une politique de génocide
Les kurdes forment la nation sans état indépendant, ayant la plus forte population monde. Les Kurdes seraient approximativement entre 25 et 30 millions. Il est difficile d’avoir des statistiques plus précises sur leur nombre, car le Kurdistan est actuellement découpé géographiquement entre la Turquie, la Syrie, l’Irak, l’Iran et l’Arménie. La politique de génocide que pratiquent ces états, fait en sorte qu’ils ne forcent pas la note sur les recensements de la population kurde. La majorité de ce territoire appartient à l’état turque, dont l’existence est entre autre basée sur la négation de la nation kurde. Excepté en Irak, où après l’invasion états-unienne, les kurdes ont obtenu une autonomie très relative. Les kurdes sont partout discriminés et considérés comme des citoyens de seconde classe. Ils ne réussissent que très rarement à obtenir des emplois intéressants. Leurs médias sont aussi interdits, les divers états qui occupent leur territoire refusent également d’ouvrir des écoles de langue kurde. Nous sommes encore face à une politique d’oppression nationale qui ne diffère en rien de celle que pratique la Fédération de Russie contre les tchétchènes.
Les kurdes d’Irak avaient enfin gagné une paix relative après la chute de Saddam. Ils n’avaient pourtant pas eu la vie facile. Après la première guerre du Golfe, Saddam Hussein s’était vengé contre les kurdes en appliquant une politique de massacre, avec le feu vert de Washington. Les kurdes sont les mieux placés pour ne pas regretter le tyran de Bagdad. Avant l’implantation d’une force multinationale de maintient de la paix dans le Kurdistan irakien en 1992, Saddam a fait régner la terreur quotidiennement auprès des populations kurdes, durant son terrible règne. Les miliciens de Saddam avaient le feu vert du régime pour kidnapper au hasard des jeunes filles kurdes qu’ils abattaient, après les avoir violé collectivement durant plusieurs jours. Toute personne identifiée comme nationaliste kurde était abattue sommairement. Suite aux massacres de 1991, des camps de réfugiés furent construits pour les populations kurdes. Ceux qui étaient contrôlés par l’armée turque, furent pillés par cette dernière. L’intervention de l’armée états-unienne, fût malheureusement nécessaire pour arrêter cette politique de banditisme, appliqué par l’armé turque qui était sensée secourir les kurdes.
L’Acharnement Turc et la détermination du PKK
La Turquie menaçait depuis plus d’un an d’entrer au Kurdistan irakien pour en déloger le PKK. Ce dernier n’a jamais cessé de mener la lutte armée au Kurdistan turc. Les guérilleros se réfugiaient au Kurdistan irakien après ses attaques contre les soldats turcs. Cette guérilla insaisissable, jurait qu’elle n’arrêterait jamais la lutte tant et aussi longtemps que le Kurdistan n’aurait pas son propre état indépendant. L’état bourgeois turc, refusant d’accepter la perte d’un territoire aussi immense, ne pu se faire à l’idée de respecter le droit des nations à disposer d’elle même. L’armée turque décida donc d’en finir avec le PKK.
Ce n’est pourtant pas aussi facile que cela peut en avoir l’air. Les rebelles ne sont que 4000, mais connaissent parfaitement leur territoire. Se rendre dans le nord de l’Irak est une tâche difficile, le ravitaillement des troupes est pire encore. Les hélicoptères ne sont pas une solution vraisemblable. La géographie du Kurdistan ressemble à celle de l’Afghanistan, où les Moudjhaïdhins surnommaient les hélicoptères russes, ‘tombeaux volants’, dû au nombre impressionnant d’appareils qu’ils abattaient, grâce aux « stingers » états-uniens fournis par la maison blanche. Le PKK, telle une armée fantôme, disparait dans la nature que pour réapparaître aussitôt que les Turcs baissent la garde. La population Kurde est en aucun cas disposée à collaborer avec l’assaillant. Même au contraire, l’attaque turque ne fait que pousser encore plus de kurdes à la lutte armée. Le PKK a appelé l’ensemble des kurdes de Turquie et d’Irak à la lutte armée, en spécifiant de ne pas s’en prendre aux populations civiles. Nous sommes en droit de douter que l’armée turque se soit donné des directives semblables à propos des civils kurdes, à l’instar des armées impérialistes états-uniennes. Le succès de ce type de campagne militaire, ne peut être garanti qu’en terrorisant la population et il est peu probable que l’armée turque se prive d’utiliser cette stratégie.
À l’heure actuelle, les deux camps se contredisent sur le nombre de morts et de blessés. L’armée turque prétend avoir tué 230 guérilleros et n’avoir perdu que 27 hommes. Du côté du PKK, on déclare avoir éliminé 108 soldats turques et que seulement 5 de leurs camarades auraient perdu la vie. Il y a peu de chance que l’un, ou l’autre bilan soit représentatif de la réalité. Le PKK se doit en tant que guérilla de sembler indestructible. De son côté, l’armée turque ne veut pas perdre la face comme l’a fait Israël au Liban en 2006. Les journaux de Turquie, eux, rapportent que lors des heurts survenus mardi, un commandant du PKK, Kadir Celik, alias ‘Ape Hüseyin ‘ a été tué. Celui-ci était considéré comme l’homme ayant donné l’ordre aux rebelles d’attaquer en octobre dernier, un poste de gendarmerie turque près de la frontière irakienne, tuant 12 soldats turques. C’est cet évènement, qui sert actuellement de prétexte pour la campagne militaire que mène actuellement l’armée turque. Le PKK a démenti ces informations sur l’agence kurde Firat News. Il ne serait pas surprenant que cette histoire soit de même nature que les décès multiples de Fidel Castro et Che Guevarra durant la lutte contre le dictateur Cubain Fulgencio Batista.
La seule solution: un état indépendant kurde
Peu importe ce qu’en pensera l’armée turque, la question kurde ne peut que se régler que par la création d’un état indépendant kurde. Malheureusement, beaucoup d’organisations de gauche dans le monde s’y opposent. C’est toujours le même problème en ce qui attrait de la question nationale. Pour certaines de ces organisations, on dirait que seuls les palestiniens ont le droit à un état indépendant. La nécessité d’un état indépendant palestinien, n’est pas à remettre en question, mais les palestiniens ne forment pas plus un peuple élu de dieu que les israéliens. Les luttes de libération nationales kurdes, tchétchènes, kosovars, québécoises et toutes les autres, sont toutes aussi valables que la lutte de libération nationale palestinienne et méritent tout autant notre appui.
Le génocide kurde ne pourra s’arrêter que si les kurdes finissent par enfin avoir un état indépendant, couvrant les Kurdistan turc, irakien, syrien, iranien et arménien, tout comme le revendique le PKK. Le droit des nations à disposer d’elles même, s’applique à tout le monde et les Kurdes ont depuis longtemps prouvé à la terre entière qu’ils souhaitaient avoir cet état indépendant. Il est donc de notre devoir de les soutenir dans cette lutte héroïque.
Rital-Soviet
Vidéos: http://www.youtube.com/watch?feature=related&v=1Sqm30lRoBQ