Tercets 1 et 2 : par un effet de parallélisme, le début du tercet reproduit en la réduisant la structure du premier quatrain : « Guidé par ton odeur (...) / Je vois (...) ». Par le jeu subtil des correspondances, le port d’attache a changé : l’île décrite conduit naturellement au port. Ce port est la plaque tournante de l’île paradisiaque comme l’indique l’adjectif « charmants » au vers 9. Il comporte une promesse de bonheur à travers la fusion des sensations exacerbées : olfactives et visuelles au vers 12 : « le parfum des verts tamariniers », auditives au vers 14 : « chant des mariniers ». Les synecdoques « voiles » et « mâts » du vers 10 assurent la garantie d’un voyage bienheureux à travers cet espace privilégié où dominent le bercement et l’engourdissement (les assonances nasales et les allitérations en « r » des derniers vers traduisent assez subtilement cette impression de dérive spirituelle).
Le mot « mon âme » est au cœur du dernier vers et ramène le lecteur à cette situation paradoxale d’un voyageur immobile, d’un amant plongé dans l’extase qui a définitivement abandonné, au bord du lit, son amante !
Conclusion : De « ton sein » à « mon âme », ce sonnet comporte bien une évolution. La scène érotique rapportée est aussi le récit d’une expérience poétique qui pourrait rappeler celle rapportée dans « la chevelure » ou dans « les bijoux ». On peut aussi penser au titre évocateur de l’un des poèmes en prose qui redouble « la chevelure » : « un hémisphère dans une chevelure ».