C'est vrai qu'en tournant la dernière page de ce livre, on se dit instinctivement qu'on vient de lire un témoignage bouleversant sur la destinée des Kumaris, ces petites filles enlevées à leur famille dès leur plus jeune âge afin d'incarner la déesse, sauf qu'à l'adolescence celles-ci étaient abandonnées, livrées à elles-mêmes, sans éducation, ni expérience de la vraie vie. Une pure déchéance, donc.
Et puis on réalise que c'est aussi l'histoire d'une adolescente de 16 ans, Marie, qui a grandi seule avec sa mère, sans jamais connaître ses racines. De ce manque de famille est venu un besoin de s'accrocher à des rêves, à une culture népalaise dont Marie était si fière, si curieuse et si étrangère aussi... Cela a toujours constitué une bataille entre la fille et la mère, puisque celle-ci est fâchée avec sa famille et qu'elle a rejeté ses souches, interdisant ainsi à sa propre fille de tomber dans un rêve éveillé.
Mais Marie est tenace, sauf qu'en découvrant l'histoire de sa grand-mère, ce sera comme un électrochoc, surtout qu'elle avait tant fantasmé sur ses origines. Cette lecture est riche en multiples bouleversements et autres révélations que Annelise Heurtier nous offre. Voilà sans conteste un roman prenant, poétique et sensible, autour d'une héroïne très attachante. J'ai adoré.
Le carnet rouge, par Annelise Heurtier
Casterman, 2011 - illustration & graphisme : Djhor