Le Medef a décidé de faire comprendre aux salariés français que le choix électoral qu'ils ont fait à la présidentielle et aux législatives n'était pas le sien. Il compte bien sur la conférence sociale pour exiger l'application unilatérale de ses demandes.
Prenant la parole en marge de la conférence sociale Laurence Parisot a déclaré que : « (...) François Hollande devrait faire comprendre aux ouvriers que certaines usines et certains emplois disparaîtront à jamais, comme l'avait fait Barack Obama lors de son soutien à l'industrie automobile en 2008-2009 (...) la patronne du Medef affirme qu'il faut que « tout le monde comprenne que si on veut que ces entreprises soient à nouveau performantes et puissantes et leaders au niveau mondial, dans cinq ou dix ans, il faut accepter des ajustements, il faut accepter des restructurations »
Et dans la mesure où François Hollande n'aurait pas compris le message, Laurence Parisot promet une hécatombe d'emplois à la rentrée : « (...) En cause ? La période estivale durant laquelle « les trésoreries des entreprises sont toujours mises à mal, les carnets de commandes n'étant pas suffisamment garnis (...) »
Résumons-nous : Si les salariés français acceptaient sans rien dire
Qu'on ferme toutes les usines jugées plus assez rentables, Qu'on dégraisse les effectifs à la première baisse de chiffre d'affaires, De consentir au plafonnement des dommages et intérêts qui leur sont accordés par les tribunaux en cas de faute de l'entreprise et qui seraient : « Un frein majeur à l'embauche » Voire de travailler ... bénévolement pendant les mois d'été au lieu de partir en congés ... Selon le Medef, la compétitivité de la France et de ses entreprises seraient assurées !
Madame Parisot oubliant bien entendu de parler de partage des richesses produites, celui-ci étant réservé aux actionnaires. Pour ce qui concerne les salariés, la question du partage ne se pose pas puisque pour maintenir un haut niveau de revenus pour les actionnaires, il faudra, face à la concurrence, encore plus de plus de compétitivité, donc de flexibilité et de licenciements !
Oui dira madame Parisot mais c'est pour maintenir l'emploi ! De combien de personnes et pour combien de temps ? Le Medef dans sa frénésie de compétitivité refuse d'y répondre. Tout comme il refuse de prendre le moindre engagement en contrepartie des sacrifices faits par les salariés.
Ce qui signifie que si après avoir accepté tant de sacrifices, les salariés constatent, à terme, que les commandes reprennent et que la santé de l'entreprise est bonne, il y a fort à parier qu'on leur expliquera qu'il est impossible d'augmenter à nouveaux leurs salaires mais qu'il est toujours nécessaire d'effectuer des ajustements d'effectif ...
Le modèle de Laurence Parisot est simple : Obtenir des salariés de mieux en mieux formés, payés au plus près du salaire minimum (tant qu'il existe), licenciables sans aucun recours, mais capables de produire des biens et services affichant la meilleure marge. Le tout étant quand même de trouver des clients !
Car si l'ambition patronale est de tirer la production vers le haut de gamme, la très grande majorité de la population ainsi précarisée, sera de plus en plus contrainte d'acheter toujours plus de produits ou services low cost issus de pays à moindre coût salarial.
Par contre, ce n'est pas demain que les entreprises françaises, faute d'avoir consacré assez d'argent à la recherche et l'innovation, iront tailler des croupières aux pays créateurs de produits industriels technologiques solidement installés sur les marchés à l'export.
Mais celà n'inquiète pas le Medef qui, s'il obtenait la flexibilité la plus totale et l'absolue liberté de licencier, n'hésiterait pas une fois de plus à tendre sa sébile en direction du gouvernement pour obtenir de nouvelles aides sans pour autant s'engager à réindustrialer le pays.
Le seul problème sera de savoir s'il restera en France assez de contribuables salariés pour payer une nouvelle addition !
Crédit et copyright photo Sud-Ouest