Le 11 juillet, Action contre la Faim rend public son rapport « L’aide à la nutrition» qui dresse un état des lieux de l’Aide publique au développement (APD) consacrée à la lutte contre la sous- nutrition. L’étude analyse la quantité mais aussi la transparence, la qualité et l’efficacité des financements en nutrition. Le bilan est sévère : L’aide publique au développement n’apporte que 0,6% des 11,8 milliards de dollars nécessaires chaque année pour prévenir et traiter la sous-nutrition.
Photo: © ACF- Tine Frank.
La France a des progrès à faire dans ce domaine, et ce, en dépit d’engagements formels en faveur de la nutrition. Au nouveau gouvernement et à son ministre délégué au Développement, Pascal Canfin, de prouver que la France saura tenir ses engagements !
Le bilan flou de l’Aide française au développement
La France est l’un des premiers bailleurs de fonds de l’aide publique au développement: 9,3 milliards de dollars en moyenne par an entre 2005 et 2009.
Pourtant, en matière de nutrition, le flou domine :
- pas d’objectifs chiffrés
- un manque de rigueur et de précision importante des données permettant la traçabilité de l’aide
Le financement de la nutrition reste donc obscur. Pourtant, la France s’est dotée d’une « stratégie nutrition » en 2010, un outil pertinent pour combattre ce fléau. Reste à se donner les moyens de la mettre en œuvre !
Le rapport « L’aide à la nutrition - Les financements permettant de renforcer la lutte contre la malnutrition peuvent-ils être évalués avec précision ?» est basé sur l’étude de la base de données de l’OCDE de 2005 à 2009. Cette base répertorie l’APD des Etats membres du Comité d’aide au développement de l’OCDE, des agences multilatérales et de certains bailleurs privés.
Au niveau mondial, une efficacité limitée
Entre 2005 et 2009, le montant de l’aide à la nutrition s’est élevé à 438 millions de dollars US par an en moyenne. Ces investissements sont-ils suffisants ? Bien orientés ? Efficaces ? Transparents ?
Une couverture universelle du traitement de la sous nutrition permettrait de faire chuter d’un quart la mortalité infantile, de réduire d’un tiers le retard de croissance et de faire reculer les maladies.
Le bilan du rapport montre que l’aide publique au développement dans ce domaine est :
- Insuffisante : seuls 0,6% des besoins de financement pour les interventions de nutrition prioritaires ont été couverts par l’APD chaque année. De plus, 11% des APD promises n’ont en réalité pas été déboursées.
- Courtermiste : les programmes en nutrition financés par l’APD ont essentiellement été menés en réponse aux crises et beaucoup trop rarement dans une optique de développement.
- Morcelée : Seuls 2% des financements de la nutrition vont à des programmes comprenant l’intégralité des interventions qui, combinées, permettent une prévention et un traitement optimaux de la sous-nutrition. Ceci peut être corrigé par une meilleure coordination entre bailleurs, de façon à ce que tous les secteurs clés de la nutrition soient financés.
- Mal orientée : L’aide à la nutrition n’est pas toujours dirigée vers les pays où la sous-nutrition est la plus importante ni vers les populations les plus vulnérables.
- Opaque: Une véritable traçabilité des flux d’APD est impossible compte tenu des lacunes dans le « reporting » des bailleurs. Si l’impératif de transparence n’est pas respecté, comment évaluer de manière efficace les avancements de l’aide à la nutrition ?
Les leaders mondiaux commencent à reconnaître que le fait de consacrer des fonds à la nutrition fait partie des investissements les plus rentables pour améliorer la santé maternelle et infantile, mais aussi stimuler le développement dans les pays pauvres. Une couverture universelle du traitement de la sous nutrition permettrait de faire chuter d’un quart la mortalité infantile, de réduire d’un tiers le retard de croissance et de faire reculer les maladies.
« L'aide à la nutrition : où en est-on ? »
A l’occasion de la sortie de son rapport « L’aide à la nutrition », Action contre la Faim vous convie à une Conférence débat
animée par des spécialistes d’ACF, de l’ONU, de l’OCDE
et du Ministère des Affaires étrangères et Européennes
Mercredi 11 juillet, à 17h, à ACF 4 rue Niepce, Paris.
http://www.actioncontrelafaim.org/fr/content/l-aide-la-nutrition-ou-en-est