Le TMA-1 studio peu studieux, Aie Aie Aie !

Publié le 09 juillet 2012 par Tupperwav @TupperWav

AIAIAI, la marque danoise, avait fait buzzer en son temps avec le sortie du TMA-1. Premier essai dans le monde très concurrentiel des casques fermés nomades, le TMA-1 s’était permis d’apporter une petite dose de sang neuf avec un design d’une sobriété exemplaire et d’une efficacité optimale, sans pour autant massacrer la partie audio (malgré une signature assez sombre rappelant le mat de sa finition).

Le Studio devait apporter une dimension audio encore plus aboutie tout en respectant la recette qui avait fait le petit succès du TMA-1.

L’essai sera-t-il transformé ?

Réponse avec ce test, rendu possible par la gentillesse de David de chez audiophonics.fr que je remercie comme d’habitude.

On démarre en douceur et volupté avec un…

…Unboxing !

 Avec un emballage au caractère classieux assumé, le TMA-1 Studio sait assurément donner envie de le chausser. Tout en nuances de noir et de textures, il est indéniable que la boîte est une réussite parfaite d’un point de vue esthétique.

Cette brave boite du TMA-1 Studio de profil, avec ma plante verte parlante synthétique Drusilla, et le Stax Omega 2 sagement sur son support.

Peu ou prou la même photo, mais avec un autre profil de Drusilla.

 

L’intérieur de la boite est au moins aussi soigné que son aspect extérieur. Élégance et sobriété se répondent en un dialogue exquis. Je suis conquis.

Sous les pavés la plage ; sous le casque les earpads velours et le câble.

Si la plante verte et jaune (orangé) synthétique peut dans une certaine mesure rivaliser en esthétique avec le TMA-1 Studio, elle est assez rapidement distancée en termes de performance audio à proprement parler.

Le Test

Protocole…

  • Baladeurs :
    • Colorfly CK4
    • Hisound audio Studio
    • Colorfly C3
  • Fichiers audio utilisés
    • FLAC
  • Installation sédentaire
    • Audio GD NFB 20.2 (DAC/AMP/PREAMP)
    • Audio GD Reference 9
    • Audio GD Digital Interface
    • Foobar 2000 Asio drivers
  • Casques étalons
    • Focal Spirit One (fermé nomade)
    • ATH Es10 (fermé nomade)
    • Beyer DT880 (ouvert sédentaire)

Le casque :

Pas de surprise, le TMA-1 Studio reprend le look du petit frère en arborant simplement des earpads plus imposants. Vous pourrez ainsi l’équiper au choix de pads en cuir protéiné, ou en mousse synthétique compactée polyuréthane, selon votre convenance. En ce qui me concerne, j’ai finalement préféré les pads d’origine en mousse.

Coté poids, le TMA-1 Studio boxe catégorie plume et se révèle par exemple plus léger que la star du moment, le Focal Spirit One. En revanche il ne permet pas d’orienter les drivers dans un même plan, ce qui pourra se révéler moins pratique lors des transports.

Coté confort de port, deux remarques :

  • Les drivers sont positionnés assez près du pavillons de l’oreille, et certains auditeurs pourront éprouver un inconfort en touchant le driver. Les habitués de la marque Grado sauront précisément de quoi je parle…
  •  Le bandeau repose sur la tête via une mousse relativement dure qui finit par se faire sentir lors des utilisations prolongées. A tel point que j’ai eu du mal à supporter le casque plus d’une heure. Les considérations de confort sont toutefois bien subjectives et dépendent de la morphologie de chacun.

Coté finition, il faut reconnaitre que le travail de la firme danoise est de belle facture. Les plastiques sont d’une agréable texture veloutée, et d’un toucher mat du plus bel effet. De plus, les raccords entre les différentes parties du casques sont parfaits. Pas de points de fragilité en apparence, même si le TMA-1 avait pu générer quelques déceptions quant à la robustesse du dispositif permettant de régler la hauteur des drivers.

Coté câble, on pourra remarquer que les « tortillons » sont davantage destinés à une utilisation sédentaire qu’à une utilisation nomade.

Bref, le TMA-1 est probablement le casque le plus réussi, pour les amateurs de design tout en lignes pures et en sobriété. Il assurera une solide différenciation avec la meute des « beats like » de la concurrence.

Le studio de côté

Les performances audio :

Comme dirait notre ami Moustiq, « Le design c’est bien, mais… pas suffisant« .

Signature et résolution

  • La théorie

Le TMA-1 nous avait habitué à une signature plutôt sombre. C’est donc sans surprise que j’ai découvert la signature de la version studio a peu près identique, comme en témoigne (partiellement) la courbe de réponse du casque disponible sur le site officiel :

Côté analyse on remarque clairement :

  • une solide bosse dans le bas de spectre, plus particulièrement au niveau du bas médium,
  • une chute relative sur le haut médium @4 kHz,
  • et une pointe sur le démarrage des aigus @8 kHz.

La théorie prévoit donc une signature chaleureuse, avec des médiums et haut médium voilés (voix, guitares, piano), mais des scintillement toutefois assez présents (cymbales notamment).

Remarquons également que les earpads mousses permettent un meilleur rendement sur tout le spectre, et déplacent légèrement le focus spectral vers le haut médium avec une différence de +14 db @ 4 khz et +8db @8 kHz par rapport au cuir, ce qui devrait être parfaitement audible. En théorie toujours, les mousses devraient sonner moins voilées que les earpads cuirs.

  • La pratique

Une fois ces considérations quelque peu philosophiques exposées, chaussons le casque et testons. Somme nous en accord avec la théorie ?

La réponse est un « OUI », franc et massif.

Comme prévu, le TMA-1 Studio est un casque qui centre l’attention sur le bas de spectre, en quantité. Loin de la relative neutralité d’un Focal Spirit One, ou d’un ATH ESW9, le casque pousse très bas dans le grave et déborde allègrement sur tout le bas médium. Inutile de préciser qu’il proposera une interprétation bien à lui de vos albums favoris… qui pourra plaire aux amateurs de basses, mais ne manquera pas d’interpeller les autres auditeurs.

Je pensais en effet que la course aux basses commençait à s’essouffler un peu dans le milieu de gamme, avec la sortie par exemple du Mixr côté Beats qui proposait une écoute largement plus neutre que les précédents modèles de la marque. Et bien il n’en est décidément rien, et il semblerait qu’on continue dans les Directions Marketing à dédier des produits aux « bassheads » (qui ne manqueront pas de provoquer l’indifférence assez large des autres publics).

Car malheureusement, si la quantité de basse est bien là (très « là » même), il faudra bien convenir que la qualité de celles-ci est quant à elle discutable. Sans grande finesse ni grande rapidité, et souffrant enfin d’une frontière assez floue avec le bas médium, le TM1-1 a bien du mal à proposer une restitution propre, sitôt que le message se complexifie ou que les tempi augmentent.

Si l’on ajoute à cela une fâcheuse tendance à simplifier les textures du bas du spectre, j’avoue une relative déception au final sur ce registre, qui devait pourtant en théorie être le cheval de bataille du TMA-1.

Côté médium et haut médium, rien de bien folichon non plus ; le casque se situe dans une performance moyenne par rapport au marché, et souffre dans tous les cas d’un milieu de spectre en retrait par rapport aux fondations. Ce qu’il est toutefois possible d’entendre se révèle sans détails, avec un grain simplificateur.

Enfin en haut de spectre, la pointe aperçue sur la courbe de réponse du TMA-1 Studio ne se matérialise que par quelques éclats métalliques de cymbales, qui ne parviennent pas vraiment à dissiper l’impression que ce casque plafonne l’écoute. Les textures développées sont aussi d’un niveau de résolution moyen.


Le câble jack coudé est de bonne facture par rapport à ce que peut offrir la concurrence. On retrouve également un adaptateur « vissable » 3,5 vers 6,35.

Présentation de la scène sonore

J’aimerai beaucoup relever des points positifs pour ce casque, mais décidément, il n’a pas fait l’objet de la même attention pour sa qualité de restitution sonore que pour son design.

Les plans sont trop rapprochés les uns part rapport aux autres, avec une mise en perspective hélas trop faible. Les distances à l’auditeur des diverses composantes du message audio sont ainsi drastiquement moyennées. De plus, la largeur de la scène est resserrée et tend à confiner l’écoute ; certains pourront la trouver « intimiste ».

Point positif quand même, la présentation ne se fait pas excessivement de manière latérale, à défaut de pouvoir créer une sphère sonore de représentation complètement convaincante. On est cependant dans une écoute assez enveloppante qui contribue à une bonne immersion. Le Focal Spirit One par exemple, ne parvient pas à boucler autant la sphère sonore en « haut » et « bas » de la tête de l’auditeur, même si son rayon de présentation est plus important.

Affinités avec les genres musicaux

Le TMA-1 Studio se montre relativement convaincant dans les genres de musique assez énergiques et modernes, comme la transe, la techno, le hip hop. Des genres où la finesse et le naturel des timbres ne sont pas forcément la priorité par rapport à la faculté de restituer l’énergie intrinsèque de la musique. A ce jeu là, le TMA-1 Studio proposera une bonne immersion et une générosité indéniable. Citons aussi la solide impression de puissance dans les basses qu’il restitue. Dans une moindre mesure, et selon les goûts, le métal pourra également passer avec le TMA-1, si encore une fois l’aspect viscéral de la section basse prime sur la lisibilité globale du message et le respect des césures.

Pour tout autre genre, il sera compliqué de préférer le TMA-1 Studio aux prestations offertes par la concurrence, qu’elle soit fermée (Audio Technica ES10 et ESW9, Focal Spirit One, Sennheiser HD-25) ou ouverte (Beyer DT880, AKG K701/702 ou K550), même si l’écoute qu’il propose n’est jamais « désagréable ». Il « passe » toujours mais avec un embonpoint dans les basses, et un voile sur le reste du spectre.

Studio, Focal Spirit One, Beyer DT880 Pro, Stax Omega 2.

Conclusion personnelle

Vous l’aurez compris, le TMA-1 ne me plait pas vraiment, à part sur quelques styles bien déterminés pour lesquels il fait preuve d’une bonne efficacité. Toutefois, je ne peux pas non plus lui reprocher de proposer une écoute fatigante. En attendais-je peut-être trop ?

Pour un casque de ce prix, il faut pourtant admettre que la concurrence est rude aujourd’hui. Le Focal Spirit One, par exemple, me semble supérieur dans nombre de points (niveau de détail, spatialisation, qualité des timbres, confort et isolation). Par ailleurs, pour une utilisation véritablement « studio », de monitoring, le DT 880 Pro de Beyerdynamic vient proposer une performance largement au dessus.

Au final, j’ai donc du mal à trouver un segment de casque ou le TMA-1 Studio fera complètement référence. Cette confrontation avec d’autres casques du marché sera probablement l’occasion pour la marque danoise de réfléchir à accorder davantage de soin à la qualité de la restitution sonore, tout en gardant sa grande force : le design.

En haut le Studio, en bas le Focal Spirit One

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