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Chili : la tentation Bachelet

Publié le 09 juillet 2012 par Anthony Quindroit @chilietcarnets
Bachelet et Piñera photo Globovision FlickR

Et si, en 2014, Michelle Bachelet remettait l’écharpe de président du Chili qu’elle a transmis à Sebastián Piñera ? A gauche, le nom de l’ancienne présidente revient avec insistance dans la préparation à la présidentielle de 2013 (photo archives 2010 Globovision via FlickR)

“Gouverner c’est prévoir”. Tenter de gagner des élections, c’est anticiper. Au Chili, la campagne pour l’élection présidentielle ne commencera qu’en 2013. Mais déjà la Concertación de partidos por la democracia (centre gauche) tente de se mettre en ordre de bataille pour reconquérir le pouvoir.
Quand Sebastián Piñera (Coalición por el cambio – droite) sort vainqueur de l’élection présidentielle au Chili en 2010, il met fin à vingt-ans de règne sans partage de la Concertación. De la chute de Pinochet au retour en grâce d’une droite décomplexée incarnée par le golden-boy Piñera, quatre présidents uniquement issus de la Concertación ont pris leur quartier au palais de la Moneda : Patricio Aylwin, Eduardo Frei, Ricardo Lagos et Michelle Bachelet. Pour les Chiliens, notamment les jeunes, c’est trop. Le retour de Frei comme candidat, après un mandat (1994 – 2000) compliqué, est vécu comme un signe d’immobilisme et d’incapacité à se renouveler par de nombreux Chiliens.
Le retour de bâton est douloureux. Comment reprendre pied alors que la défaite n’avait pas été anticipée et que l’essentiel des critiques formulées à l’encontre du nouveau chef de l’Etat s’appuyait plus sur son passé trouble de pinochetiste que sur son programme ? Certes, rapidement, l’opposition a eu du grain à moudre. Plombées d’entrée de jeu par le séisme dévastateur de février 2010, les ambitions économiques de Piñera ont été sacrifiées sur l’autel de la reconstruction. Reconstruction qui n’a d’ailleurs pas été menée d’une main de maître, certains Chiliens vivant encore dans des conditions précaires depuis le tremblement de terre et le tsunami du 27 février 2010. Le mouvement étudiant de 2011 – et qui a repris à la rentrée de mars 2012 – a également marqué une rupture douloureuse entre le président au sourire ultra-bright et les Chiliens. Intransigeance face à des manifestations populaires, cafouillages gouvernementaux… L’habillage social de certaines mesures n’a pas permis de sauver les meubles et Sebastián Piñera se retrouve avec à peine plus de 20% d’opinions favorables.
Et la Concertación de rêver à un retour aux affaires en 2013. Pour porter l’étendard, un nom revient souvent. Celui de Michelle Bachelet. Il faut dire qu’avec plus de 80% d’opinions favorables, l’ex-présidente, désormais directrice exécutive de l’ONU-Femmes, semble programmée pour l’emporter. Pour un peu, on en oublierait presque que durant son mandat aussi, des manifestations étudiantes ont secoué le Chili (Chili et carnets en parlait dans cette interview de Rodrigo Torres).
Sauf que le retour de Michelle Bachelet dans la course à la présidentielle marque à nouveau la difficulté pour la Concertación à faire émerger de nouveaux leaders. Surtout, la candidate potentielle ne s’est pas encore prononcée quant à son éventuelle candidature. L’ancien président et candidat déçu en 2010, Eduardo Frei tempère les ardeurs de sa famille politique dans la presse cette semaine :

  • “N’oublions pas que ce qui intéresse les habitants c’est, si nous retournons aux affaires en 2014 [le 2e tour de la présidentielle est en janvier 2014, NDLR] - avec Michelle Bachelet ou un autre candidat -, ce que nous avons à leur proposer.”
    Eduardo Frei, battu en 2010, sait qu'il ne suffira pas d'un nom pour gagner (photo Anthony Quindroit)

    Eduardo Frei, battu en 2010, sait qu’il ne suffira pas d’un nom pour gagner (photo Anthony Quindroit)

Pour gagner, la Concertación a maintenant besoin de convaincre. La force de l’habitude ne la porte plus. L’échiquier politique s’est étoffé, créant des espaces pour de nouveaux visages, comme celui de Marco Enríquez-Ominami (alias MEO, le troisième homme de la présidentielle de 2010, que Chili et carnets a rencontré ) Les élections municipales en octobre 2012 donneront une première idée de la tendance pour la présidentielle.


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