La Cour d'Appel de Paris à rendu son jugement contre la Ville de Paris qui, pour son service Autolib' a contrefait Autoliberté, une marque appartenant a la société Europcar. Contrefaçon et concurrence déloyale selon le loueur qui propose le même service, à quelques nuances près. Cette annulation de la marque Autolib' impose l'interdiction de son utilisation sous un mois à compter de la signification de l'arrêt. Sachant que la décision est exécutoire même s'il y a pourvoi en cassation. Ce qu'entend faire la Mairie socialiste qui « conteste vivement cette décision » et semble rejeter pour le moment les appels du pied de la société Europcar qui est prête à négocier un accord.
De son côté, la société Bolloré, concessionnaire du service Autolib' jusqu'en 2023, à pris notre de la décision de justice et renvoyé la balle dans le camp de la mairie. Dans un communiqué, le groupe Bolloré rappelle que « la marque Autolib' lui avait été concédée par la Ville de Paris ». C’est elle, « par l'intermédiaire du Syndicat Mixte qui a choisi cette marque et en est donc responsable contractuellement ». De fait, elle devra, pardon, les contribuables parisiens devront prendre en charge financièrement tous les changements impliquant la perte de sa marque : le branding des véhicules, des bornes, des badges des abonnés, des outils de communication, etc.
Une paille me direz-vous face aux 100 millions d'euros d'investissement initial (dont 50 millions de subvention de la Ville de Paris) et 100 millions de plus pour l'exploitation annuelle. Sachant que la rentabilité de ces delanoettes est loin d'être garantie : en effet, ce service est plus cher en moyenne qu’un taxi ou une automobile louée chez un loueur professionnel. Pour preuve, cinq mois après son lancement, Autolib’ n’a recruté que 5.200 abonnés annuels, alors que le groupe Bolloré table sur 30.000 avant la fin de l’année et 80.000 à moyen terme. Le peu d’entrain est peut-être dû au profil type de l’abonné qui se limite à un homme (75% des utilisateurs), jeune (entre 18 et 35 ans), ne possédant pas de voiture dans 70% des cas.
Les 3.000 delanoettes et les 6.600 bornes prévues ne seront sans doute jamais rentables malgré les incantations de leurs promoteurs, mais elles ouvrent une réflexion sur les déplacements dans les villes. Sans forcément apporter la bonne réponse : pousser des citadins qui n’ont pas de véhicules à utiliser des automobiles pour se déplacer ne résout en rien les problèmes d’embouteillages, au contraire elles les amplifient. Peut-on au moins espérer que ces delanoettes populariseront l’automobile électrique qui peine à convaincre, l’année dernière en France 4.531 ont trouvé preneur sur 2,2 millions de véhicules neufs vendus. Un démarrage laborieux similaire partout dans le monde, et une solution qui n’est pas encore une réelle alternative au moteur à essence : une étude de Boston Consulting Group constate que le moteur électrique devrait demeurer confidentiel avec à l’horizon 2020, 8% des ventes pour le tout-électrique et 7% pour l’hybride. Il faudra encore beaucoup d’investissements en R&D pour inventer l’automobile qui roule à l’eau, à l’air ou à l’énergie humaine : la voiture à pédales sera-t-elle l’avenir du citadin ? Un Vélib' à quatre roues ?...