Paru dans Le Parisien et le Télégramme de Brest le 20 juin.
Emmanuel Derville, à New Delhi
«Le violeur ». Voilà comment la presse indienne qualifie Pascal Mazurier, un diplomate du consulat de France de Bangalore. Ce fonctionnaire de 39 ans n’a pourtant pas été condamné par un tribunal. Sa femme, de nationalité indienne, l’accuse d’avoir abusé de leur fillette de 3 ans. Les faits remontent au 13 juin. L’épouse de Pascal Mazurier, Suja Jones Mazurier, affirme aux policiers avoir trouvé sa fille en pleurs en rentrant chez elle vers 17 heures La jeune femme, qui soupçonne son mari d’abuser son enfant depuis deux ans, se rend dans un hôpital privé le jour même pour faire examiner sa fille. Selon la presse indienne, le rapport médical confirme le viol. Le 15 juin, Suja Jones Mazurier dépose plainte.
Dans les heures qui suivent, l’affaire fait la une des journaux et des chaînes d’information continue. Pascal Mazurier est interpellé une première fois vendredi. Dans un premier temps, la police le libère. « On ne savait pas s’il bénéficiait de l’immunité diplomatique ou pas », se justifie Suneel Kumar, l’adjoint au chef de la police de Bangalore. Suja Jones Mazurier décide alors de porter l’affaire sur le terrain politique. Sur les chaînes de télévision, elle demande au Premier ministre et au ministre des Affaires étrangères de tout faire pour que son mari ne puisse pas quitter le pays. La possibilité que le diplomate soit protégé par son statut révulse l’opinion publique. Cependant, lundi, le Quai d’Orsay publie un communiqué sans ambiguïté : « La convention de Vienne ne garantit pas l’immunité (NDLR : aux diplomates) pour les actes commis en dehors des fonctions consulaires. » Pascal Mazurier a donc été arrêté une seconde fois hier vers 6 heures, (2 h 30, heure de Paris).
La haine à son encontre est telle qu’un passant l’a giflé alors qu’il sortait de l’hôpital hier après avoir subi des examens. Une meute de caméras et de photographes le cernait. « Dans ce genre d’affaire, la famille fait tout pour garder le viol secret, explique Sudipto Mondal, journaliste au quotidien The Hindu, qui ajoute : Cette fois, c’est l’inverse. L’épouse du diplomate a tout déballé. Tout le monde a été surpris par ses révélations, et cette histoire a choqué la population à Bangalore. »
Pascal Mazurier n’a pas eu l’occasion de se défendre. Son avocat reste injoignable. Et la presse indienne l’a déjà condamné, sans tenir compte de la présomption d’innocence. Hier soir, lors d’une audience à huit clos, le juge chargé du dossier a refusé sa libération sous caution. Le Français restera en détention pendant au moins deux semaines.
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